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«L'immolation, c'est se sauver de l'incendie social»
Nacéra Sadou. Psychologue clinicienne et consultante à la Société algérienne de recherche psychologique (SARP)
Publié dans El Watan le 18 - 01 - 2011

Nacéra Sadou est psychologue clinicienne et consultante à la Société algérienne de recherche psychologique (SARP). Suite aux dernières immolations qui ont eu lieu dans différentes localités du pays, elle donne son analyse de la situation.
-Des jeunes ont tenté de s'immoler par le feu, ces trois derniers jours. Que peut-on penser de cette méthode de suicide ?
On peut noter que lors des émeutes de ce mois de janvier, il y a eu beaucoup d'incendies qui ont touché des biens matériels. On a remarqué beaucoup d'actes de destruction par le feu. L'immolation est une autodestruction par le feu et on ne peut isoler cet acte, puisqu'il appartient à la singularité du sujet qui le produit et à la place publique qui fait figure de «scène de spectacle». Ces jeunes hommes (puisqu'en l'occurrence il s'agit d'hommes, ces derniers temps) sont pris dans un «donner à voir» de la destruction de leur corps comme objet déchet. Il y a mésestime violente d'eux-mêmes et ils se voient comme une chose détestable et crue. La peau représente l'enveloppe humaine, c'est elle qui est directement en contact avec le monde extérieur et c'est cette enveloppe, entre le dedans et le dehors, qui est attaquée, détruite.
-Quel message doit-on lire dans ces gestes ?
D'une certaine façon, c'est se réapproprier le droit d'apparaître, une façon d'exister, de dire «je suis là». Dans la destruction du lien entre le dedans et le dehors, la peau est vécue comme seul moyen de s'exprimer puisque l'accès à la parole est impossible. Dans un acte de désespoir total, l'irréversible se produit. Il s'agit de se sauver dans l'incendie pour se protéger d'un incendie social devenu intolérable. Socialement parlant, on entend souvent que c'est l'enfer –«djahanama» – au marché, par exemple. Il y a même des blagues qui représentent la vie en Algérie comme une vie en enfer. Ce qui s'est produit est la représentation de l'enfer dans la réalité et l'impossibilité (chez ces jeunes) de la penser et de garder un sens métaphorique, c'est-à-dire symbolique, de l'enfer.
-Le phénomène tunisien est-il reproduit ?
L'acte d'immolation du jeune Tunisien a été glorifié, comme si par ce geste il avait acquis de la valeur, de la considération. Le jeune est idéalisé, puisque il a réussi à déclencher des émeutes, à faire démissionner le Président. Certains doivent s'identifier a lui, à son vécu, à son désespoir. C'est grâce à son geste, interprété comme courageux et tout-puissant, qu'il a pu se donner une existence digne. En même temps, quand on revient à la Tunisie, des études ont démontré que l'acte d'immolation était majoritairement le fait des femmes en milieu rural. En Afghanistan, l'acte d'immolation est aussi féminin, alors qu'on a davantage l'habitude de voir les femmes se suicider par voie médicamenteuse. Cet acte de désespoir est lié à un contexte féminin social.
-Est-on en droit de s'inquiéter, puisque les immolations ne sont pas nouvelles en Algérie mais semblent s'accélérer ?
Ce qu'il y a d'inquiétant c'est qu'on y assiste, on est spectateur du départ vers la mort de ces jeunes dans l'amour et la joie. Je ne peux m'empêcher de citer les morts lors des manifestations de joie face au match contre l'Egypte ; c'était une fête avec la mort et jusqu'à la mort. Il ne faut pas voir la joie comme le bonheur, mais la joie de l'euphorie. Cela me fait penser à L'Etranger d'Albert Camus, dont le personnage, à la fin du roman, lorsqu'il doit être pendu, dit : «j'espère qu'il y aura du monde.» Car c'est perçu comme quelque chose de glorieux. Le harrag perçoit également la mort de cette façon. J'ai vu écrit sur un mur, à Belcourt, où j'ai travaillé, «il vaut mieux que me mangent les poissons que les vers» (écrit en arabe). Pour eux, c'est soit la mort soit la gloire s'ils atteignent les frontières étrangères.
-Faut-il croire qu'il y a un manque de prise en charge adéquate de la part des institutions vers lesquelles ces jeunes se tournent ?
Deux de mes collègues sont assistantes sociales. Elles sont très fatiguées. Elles aimeraient aider les personnes qui se tournent vers elles, mais elles n'en ont pas les moyens. Il est vrai que dans les APC, il n'y a pas de structures de prise en charge telles que les assistantes sociales. Elles agissent souvent dans les associations et ne sont pas toujours connues. Mais il faut savoir que culturellement, c'est vers la famille qu'on se tourne quand il y a un bobo. La famille algérienne porte beaucoup et quand elle ne peut venir en aide, on considère qu'elle n'a pas joué son rôle. Arriver à l'APC pour demander de l'aide, cela veut dire qu'il y a beaucoup de rupture.
-Quelles solutions faut-il envisager ?
Il faut sortir de l'idée que tout est impossible. La personne qui s'immole par le feu considère que tout est fini, que tout est impossible sauf, justement, le contrôle qu'elle peut avoir sur son corps, sur sa peau. Le Cambodge a réussi à se reconstruire après la guerre civile. Un humain peut se reconstruire et une société aussi. Il faut y croire.


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