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«Un espace de liberté qui prend tout son sens»
Georges Morin. président de coup de soleil et du maghreb des livres
Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2011

La Tunisie, invitée d'honneur, il jure, par boutade, ne pas avoir provoqué la révolution du jasmin.
(Bureau de Paris)
-La 17e édition du Maghreb des livres revêt cette année un reflet particulier, en mettant à l'honneur les Lettres tunisiennes ? Heureuse coïncidence ?
C'est effectivement une heureuse coïncidence. Nos amis tunisiens ont rendu sa fierté à tout le Maghreb. Cette mise à l'honneur des Lettres tunisiennes n'est pas due à la conjoncture. Chaque année, depuis 2001, nous mettons à l'honneur l'un des pays du Maghreb. Bien entendu, nous ne pouvons être insensibles à ce qui se passe en Tunisie et nous prévoyons ce samedi un moment particulier en réunissant tous les écrivains et intellectuels qui viennent de Tunisie, ils sont une dizaine, et dans la plus grande salle de conférences de l'Hôtel de Ville de Paris. Ils vont, d'une part, témoigner de la façon dont ils ont vécu la révolution de décembre et janvier et nous dire comment, eux, intellectuels, et là, ils retrouvent tout leur rôle, ils vont être amenés à enraciner les libertés fondamentales que la Tunisie vient de reconquérir.
-Les événements historiques vécus par le peuple tunisien n'ont-ils pas entraîné d'aménagements du programme ?
Non, le Maghreb des livres est une grosse opération pour une petite association comme la nôtre. On la prépare pratiquement un an à l'avance. On avait retenu tous les thèmes, on avait contacté les participants. La seule influence heureuse que la révolution du jasmin a eu sur le Maghreb des Livres, c'est que l'ambassade de France à Tunis nous a offert beaucoup plus de billets d'avion que prévu parce qu'elle a compris à quel point c'était important que le maximum de Tunisiens soient là pour témoigner. Chaque année, les trois ambassades de France, à Rabat, Alger et Tunis nous paient des billets d'avion pour pouvoir faire venir des auteurs.
-Il y aura des moments d'échanges forts entre auteurs maghrébins ?
Le Maghreb des livres est un espace de liberté d'expression. On retrouve des gens de toutes les origines, de toutes les opinions, et, évidemment, la Tunisie sera très présente dans toutes les conversations.
-Vous anticipez ma question, mais, plus précisément, en quoi une manifestation culturelle comme le Maghreb des livres peut aider au débat et à l'ancrage de la culture démocratique au Maghreb ?
Le public du Maghreb des livres est constitué de Français ou de Maghrébins de France qui, vivant dans un pays démocratique, connaissent donc les pratiques démocratiques. Mais ils connaissent aussi les faiblesses de la démocratie, parce que la démocratie, comme on le dit tout le temps, c'est une construction très fragile qu'il faut remettre en chantier tous les jours. Les Maghrébins de France connaissent la grandeur et les limites de la démocratie française. Cette atmosphère qui est propre à Coup de Soleil et au Maghreb des livres où l'on trouve des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, des chrétiens, des juifs, des musulmans, des libres-penseurs, des gens d'opinions politiques très différentes, qui se respectent, s'écoutent, en somme un petit laboratoire – en restant modeste –, où tous ceux qui viennent ressentent la liberté.
Il y a trois ans, dans un espace très restreint de l'Hôtel de Ville, j'ai vu dans la salle, à quelques mètres les uns des autres, Moncef Marzouki, président exilé en France de la Ligue des droits de l'homme interdite en Tunisie, l'ancien Premier ministre M'zali, qui lui aussi était en difficulté avec le pouvoir tunisien, l'ambassadeur de Tunisie, Gisèle Halimi et d'autres intellectuels. C'était assez extraordinaire de voir, dans quelques mètres carrés, la Tunisie dans sa diversité politique, historique… C'est un peu cela aussi le Maghreb des livres, ce que j'appelle le respect mutuel, le fait qu'on puisse être différent, qu'on puisse être d'origine nationale ou religieuse, d'opinions politiques différentes et que l'on puisse se retrouver autour du livre et de la culture.
Le Maghreb des livres et l'association qui le porte, Coup de soleil, se sont voulus passerelle entre les deux rives, et accompagnent des mouvements sociaux…… Qui sont fondamentaux pour les deux rives de la Méditerranée. C'est dans la société civile que se trouvent le plus souvent les facteurs de bonne santé, c'est là-dessus que la démocratie peut s'enraciner le plus facilement et le plus efficacement.
-Est-il possible de quantifier, d'apprécier l'impact du Maghreb des livres depuis sa création ?
En termes de participation de visiteurs, nous n'avons jamais dépassé l'étiage atteint en 2001 (ndlr : le niveau le plus bas, suite aux attentats du 11 septembre), mais on n'en est pas très loin, on est aux alentours de 6000 visiteurs sur les deux jours du salon. C'est à la fois beaucoup et peu ! Beaucoup, parce que 6000 personnes sur deux jours c'est énorme. Mais surtout nous sommes victimes – entre guillemets – des mesures de sécurité qui deviennent de plus en plus draconiennes. On serait dans un endroit plus ouvert, ou avec des mesures de sécurité moins draconiennes, on atteindrait facilement les dix mille personnes. C'est un public extrêmement varié, comptant aussi beaucoup de familles, des grands-mères avec leurs petits-enfants, des gens qui ont un lien de vie, d'amitié ou de curiosité avec le Maghreb, un public de lycéens... D'autre part, tous les livres parus dans l'année sont exposés, mais on ne peut pas inviter tous les auteurs à venir les dédicacer, là aussi pour des raisons de sécurité. On a dû passer de 230 (le maximum) à 126 auteurs, ce qui nous oblige à une sélection qui est très difficile parce que nous voulons accueillir les grands noms, mais aussi être une aide à la promotion des jeunes talents.
-S'il y avait un bilan à tirer de toutes ces années d'activité, diriez-vous que Coup de soleil est bien enracinée dans les objectifs et les desseins à l'origine de sa création ?
J'ai un sentiment très mitigé. Nous sommes la seule association en France qui regroupe tous les Maghrébins de France, quelles que soient leur origine, leur croyance, leur opinion politique. Personne n'a pu faire mieux jusqu'à présent. On a réussi aussi, notamment à travers le Maghreb des livres, mais aussi tout ce qu'on fait à travers la promotion de films, de pièces de théâtre, d'humoristes, etc. à contribuer à redorer l'image du Maghreb.Malheureusement, trop souvent dans les médias français, celle-ci est réduite aux terroristes d'Algérie ou aux voyous de banlieues. Nous rappelons toujours la dette historique de la France vis-à-vis du Maghreb et de l'ensemble des talents que le Maghreb apporte aujourd'hui à la France. Et, contrairement à ce qu'on dit, moi je crois que l'intégration fonctionne. Il y a des préfets, des journalistes, des hommes d'affaires, des ingénieurs…
La France profite une fois de plus du Maghreb et on le montre. Malheureusement, la société française et les sociétés européennes sont en plein désarroi à cause de la crise financière, économique, morale. L'extrême-droite submerge les élections législatives en Belgique, en Hongrie, en Hollande. Le bouc émissaire aujourd'hui est l'Arabe, le Musulman et, là aussi, malheureusement, notre combat est de plus en plus d'actualité. Toutes les valeurs pour lesquelles on se bat – l'ouverture aux autres, la connaissance et l'estime de l'autre, la fraternité – sont battues en brèche et, parfois, au plus haut niveau de l'Etat. Cela nous donne encore plus de responsabilité et nous lance un nouveau défi. Il faut que nous continuions à nous battre.
-Vous êtes Maghrébin, vous connaissez le Maghreb ; comment vous suivez, évaluez ce qui est en train de se vivre dans cette région ?
Contrairement à ce que pensent beaucoup de Français, ou tel que le reflètent les médias, les peuples arabes en général, et maghrébins en particulier, ne sont pas condamnés à être à genoux. Ils savent aussi se lever et dire «Non, ça suffit». C'est très réconfortant pour nous tous en général. Ce qui s'est passé en Tunisie doit donner à réfléchir à tous les dirigeants du Maghreb et les inciter à la sagesse, parce que beaucoup des facteurs qui ont enclenché cette révolution en Tunisie sont présents dans le reste du Maghreb à des degrés différents. Les pays sont différents, leurs régimes sont différents, leurs histoires ne se ressemblent pas, mais tous les ingrédients de malvie, de manque de logement, d'injustice sociale, de corruption sont communs. Ce qui s'est passé en Tunisie peut se passer partout et je n'hésite jamais à comparer avec la France où les gens se replient sur eux-mêmes, ne croient plus en la politique, ne croient plus dans l'économie. Il y a une espèce de décrochage complet des citoyens et un sentiment d'injustice qui sont des facteurs explosifs. En France et en Europe, il y a une poussée d'extrême-droite parce qu'il y a l'exutoire du vote. Dans les pays où le vote est moins transparent, cela peut prendre des formes plus violentes.


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