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Le grand poète de l'indicible
Mathew Gregory Lewis, maître du roman fantastique
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2005

Maître longuement méconnu de la littérature fantastique, Matthew Gregory Lewis (1775-1818) est entré dans la postérité avec son immense roman Le Moine, chef-d'œuvre référentiel pour des générations de lecteurs et d'auteurs, également, fortement influencés par un style, une atmosphère, un talent d'écriture chatoyant.
Lewis a suscité beaucoup d'émules, d'imitateurs, mais aucune copie n'a jamais pu égaler la force éclatante de l'original. Le Moine est un roman démesuré, immergé dans les atavismes judéo-chrétiens dont il prend le contre-pied, car dans son ouvrage jugé iconoclaste - dans le contexte de son époque -, Lewis dessinait avec une effrayante netteté la silhouette du diable, personnage plus qu'allégorique qui agite les passions et les conflits humains. Lewis n'était pas très loin de Goethe. Le romancier avait écrit cette œuvre sulfureuse alors qu'il n'avait pas encore 20 ans. Le Moine souleva tout de suite une levée de boucliers dans les milieux conservateurs, mais aussi et surtout dans les cercles littéraires où Le Moine fut dénoncé comme un roman à ne pas mettre entre toutes les mains. Lewis était alors un jeune homme aisé - il venait d'hériter de la confortable fortune accumulée par son père -, mais pas encore suffisamment mâture pour résister aux terribles pressions de la bonne société. La censure impitoyable se déchaîna contre Lewis qui, pour avoir la paix, accepta de modifier son ouvrage. Mais le roman avait déjà circulé et produit son effet. Ecrivain doué, il avait fait merveille en tant que poète des pulsions obscures,en tant que peintre de l'indicible. Cette veine d'écriture, dont Lewis est d'emblée le champion, est rattachée par des critiques à une inspiration gothique et d'une certaine manière médiévale à cause de l'ancrage historique de son roman. Le jeune écrivain avait été un lecteur assidu et passionné du poète allemand Schiller et son roman en porte l'influence dans cette langue presque parabolique qui décrit les fantasmes de son temps. Le Moine déclinait l'impensable, l'inavouable dans une société qui plaçait la vertu comme garde-fou contre les tentations. En filigrane, et pour contrecarrer cette dévotion consentie, Le Moine laisse transparaître la figure du Malin qui sera reprise de Goethe à Mikhail Boulgakov par une littérature qui a interrogé les certitudes avérées. Le Moine est un chef-d'oeuvre qui trace le sillon du roman polémique et déconcertant, et Lewis était en avance sur son temps et sur la conception académique du roman, à la manière dont Arthur Rimbaud le sera à l'égard de la poésie. C'est en cela qu'il est considéré comme l'auteur, avec Le Moine, d'une seule œuvre, bien qu'il ait beaucoup écrit en fait. Matthew Gregory Lewis est le grand devancier dont pourrait notamment se réclamer Edgar Allan Poe, dans la mesure où son roman échappe à la classification périodique et accède au-delà des âges à une saisissante modernité. Occulté, refoulé, Le Moine s'imposera depuis sa sortie à la fin du XVIIIe siècle pour sa magistrale modernité. On peut évidemment penser à Lewis en lisant Le Nom de la rose d'Umberto Ecco, ou le tumultueux Terra Nostra du grand écrivain mexicain Carlos Fuentes. Matthew Gregory Lewis avait été un homme politiquement progressiste qui n'avait pas craint de dénoncer les méfaits de la colonisation britannique. Le propre père de l'écrivain s'était enrichi dans des conditions pas très honorables dans l'un des territoires sous dépendance anglaise, et cela pèsera dans l'engagement personnel de Lewis pour la liberté. L'écrivain sera emporté par la maladie en 1818. Durant toute sa vie d'homme et d'écrivain, il aura lutté contre les préjugés et il aura la lucidité de s'apercevoir, en fin de parcours, que souvent cette lutte s'était déroulée dans la plus haute des solitudes.

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