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Tikjda (Bouira) : La lente agonie du tourisme de montagne
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Publié dans El Watan le 19 - 03 - 2011

Le béton continue d'envahir ce décor naturel l Les ordures ménagères, le surpâturage et la pression démographique menacent la fragilité de cette réserve de biosphère.
Perchée à plus de 1400 m d'altitude, Tikjda, une station climatique, située à une vingtaine de kilomètre au nord d'El Asnam (à l'est de la ville de Bouira), perd petit à petit de son éclat. En ce mois de mars, un silence de cathédrale y règne en maître.
La neige couvre encore la partie haute du Djurdjura. Malgré tout, Tikjda, tel que le ferait toute belle femme au monde, tente d'afficher son naturel et tout son charme à même d'émerveiller touristes et badauds. Si ce n'est l'incivisme et autres tares des humains… Malgré tout, les gens s'y rendent. Il y a quelques années, surtout à pareille période mi-hiver- mi-printemps, toute la station se mettait en fête et une atmosphère bon enfant y régnait. Vingt années en arrière, la situation n'était pas si chaotique comme elle l'est aujourd'hui, c'est du moins l'avis de bon nombre d'épris du tourisme local. Que reste-t-il de ce bonheur et de cette joie que partageaient les amoureux de la nature ? Les choses ont changé. Tikjda d'hier n'est plus celle d'aujourd'hui.
En effet, il est difficile de trouver quelqu'un qui pourrait vous parler avec enthousiasme sur ce qu'est devenue la station climatique aujourd'hui, pour peu qu'il se remémore de sa beauté d'avant la décennie noire, lorsque elle était la destination privilégiée de la majorité des Algériens amateurs de l'air frais et de l'eau limpide ruisselant des tréfonds de la montagne.
Nombreux sont ceux qui regrettent l'état actuel de la station de Tikjda, ne reflétant guère celui des années 70 et 80, loin s'en faut ! Arezki Boukamoum, un septuagénaire qui a passé une bonne partie de sa vie au coeur de cette montagne, avoue : «Cette époque-là était la meilleure, en ce sens que les gens qui y venaient faisaient de leur mieux pour aider les autres, sans contrepartie. Que ce soit dans le transport, le secourisme, etc. Chacun faisait ce qu'il pouvait pour rendre service à autrui. C'était le bénévolat dans tous les domaines, y compris pour les moniteurs de ski», raconte Dda Arezki.
Les gens qui avaient l'habitude de s'offrir des virées à Tikjda étaient de vrais touristes, comme ces sportifs en toutes disciplines qui venaient profiter des plaisirs de la montagne ; la marche, le ski et les autres activités. Parler de Tikjda, c'est un long voyage dans un fatras de vieux souvenirs.Notre interlocuteur réussit tout de même à nous livrer quelques unes des traces lui restant en mémoire et remontant à des décennies.
L'air jovial qui s'est dessiné sur son visage s'est vite effacé, ému de par l'état de déliquescence actuelle de cet endroit paradisiaque. Par le passé, la destination de Tikjda était à la portée de toutes les bourses. Aujourd'hui, «tu ne peux pas oser quoi que ce soit sans mettre la main à la poche. Pour te rendre à Tikjda, non seulement il te faut trouver du transport, mais avoir aussi une bourse bien grasse », dira-t-il d'un air ironique.
Sans téléphérique rien n'est féerique
Nous rencontrons un autre accro de Tikjda. Il s'appelle Mouloud Mouhous, un fervent adepte des lieux qui dit n'avoir pas le courage de revoir cette contrée féérique après de longues années d'absence durant lesquelles l'endroit n'a connu que dégradation et déforestation. «Ça me fait mal de voir Tikjda dans un pareil état. Cela fera mal même pour la génération montante», note Mouloud qui connait les moindres recoins de cette montagne, randonneur et guide infatigable qu'il est.
La station n'accueillait pas seulement des touristes en quête du repos et du plaisir ; le sport de montagne y a connu lui aussi son âge d'or. Combien de skieurs algériens formés ici avec peu de moyens, mais qui ont participé dans des compétitions mondiales, se souvient notre interlocuteur.
Au niveau de la piste escarpée d'Akouker, les skieurs descendaient et montaient à longueur de journée, et ce, sans l'aide des remontées mécaniques. Paradoxalement, au moment où les caisses de l'Etat regorgent d'argent, le téléphérique n'arrive pas à fonctionner, ni à Akouker, ni au chalet de Kef. Pourtant, il y a deux années, le ministre de la jeunesse et des sports, Hachemi Djiar, avait promis une prise en charge.
De cette promesse, rien, à ce jour ! «Concernant les sports de montagne, les deux stations respectives de Tikjda et de Tala Guilef peuvent encore servir à beaucoup de choses. Si volonté il y a de réhabiliter ces sites, rien n'est perdu. Il faut seulement avoir cette volonté politique de le faire», estime Mouloud Mouhous. Les sports de montagnes, qui ont fait porter le nom de Tikjda à travers le monde, pourraient bien le refaire aujourd'hui, tant toutes les conditions sont réunies. En d'autres termes, pour que Tikjda retrouve son lustre d'antan, il faut qu'elle recouvre d'abord sa vocation première, à savoir garder son aspect sportif, à l'effet de promouvoir les sports de montagnes, aujourd'hui à l'abandon.
Pour ce faire, notre adepte des sports de montagne pense que «la station de Tikjda peut bien, avec du temps, reconquérir son image d'antan. Pour que ce soit possible, il faut d'abord remettre en marche les remontées mécaniques, machines héritées de l'époque coloniale, pour permettre aux gens intéressés de faire vraiment du ski, tout en ouvrant en parallèle une vraie école de formation en ce sport. Si l'on affecte le chalet de Kef à la fédération algérienne de ski, cela permettrait encore de redorer le blason des sports de montagne dans la région», estime encore notre interlocuteur.
Les paysans au chevet de la nature
Il faut dire que dans le passé, autrement dit durant les années 1970 – 1980, les populations locales contribuaient grandement, de par leur hospitalité et générosité, à la réputation positive de la station de Tikjda, devenue la Mecque des sportifs et autres amoureux de la nature. Les responsables des auberges étaient également solidaires avec les touristes qui y débarquaient, parfois sans le sou.
«Avant, les gens venaient sans aucun sou, mais ils arrivaient à passer des séjours agréables. Tout ça est dû à la convivialité et à l'esprit hospitalier et solidaire, entre les touristes eux-mêmes et avec les populations locales», se rappelle Mouloud.
De son côté, Latef Kaci, un employé du Parc National du Djurdjura (PND), affirme que le rôle que jouait la population locale dans la préservation et la protection de Tikjda était considérable, tant le civisme était de mise. «La population aidait beaucoup le tourisme à Tikjda. Les visiteurs qui s'y rendaient ne rencontraient aucune difficulté. Ils s'y intègrent facilement et ça marchait très bien», relève Kaci Latef. «Je ne peux pas imaginer l'avenir de Tikjda sans le retour des populations locales sur leurs terres, car cela en est en lui-même un gage de sécurité pour tout touriste, étranger ou national soit-il», estime-t-il.
Rendant un grand hommage aux paysans écologistes de la première heure, Kaci Latef n'omet pas d'exprimer ses remerciements et sa gratitude à tous ces hommes et femmes qui ont tout fait pour que le sport de montagne, le tourisme et l'environnement soient conservés et préservés.
Il cite entre autres Aouchiche Abdelmadjid, Mueller Mustapha, Me Guonon, le Pr Bakouri, Asmodi Marcel, M. Kortbi, ainsi d'autres personnalités qui se sont données à fond pour que Tikjda devienne un haut lieu de l'écotourisme algérien. Cependant, entre Tikjda dont parlent ces témoins et celle que l'on voit aujourd'hui, un grand fossé s'est creusé.
D'abord le terrorisme qui a tout balayé sur son passage, tel un tsunami, les incendies, non innocents du tout, puis le «génie» de responsables qui ne cessent de rafistoler des plans de sauvetage… destructeurs, et pour le tourisme et pour l'environnement. «Les mentalités ont changé.
Le souvenir des années d'or de Tikjda s'est totalement effacé. Sinon comment expliquer ce fait qu'on ne respecte plus de nos jours ni la nature, ni le touriste ?», s'est interrogé M. Latef. Le béton envahit sans cesse ce site naturel, jonché en plus de cannettes et bouteilles de bière vides, outre d'autres déchets divers.Le surpâturage et la forte démographie de la population constituent également un véritable problème menaçant la fragilité de cette réserve de biosphère.
Pour nos interlocuteurs, l'espoir de revoir un jour Tikjda reconquérir sa réputation d'antan, s'amenuise de jour en jour. «Il est impossible que Tikjda puisse retrouver son ancienne image de marque avec les mentalités d'aujourd'hui, totalement différentes de celles d'avant.
De plus, ces personnes qui auraient pu bien faire quelque chose pour ce site, ne sont plus là», tranche Kaci, dépité. Arezki Boukamoum pense, lui, que l'argent aura le dernier mot dans peu de temps. «Tikjda commence à devenir une station pour richards. Si tu es riche tu peux te permettre une virée, sinon, contente-toi d'admirer le paysage de loin».
Le centre national des sport et loisirs (CNSLT) a certes ouvert ses portes au grand public, mais cela n'a pas forcément réglé le problème. Serait-il possible un jour aux randonneurs nationaux et étrangers de sillonner ou d'escalader, sans peur au ventre, le majestueux Djurdjura ? Ce serait certainement possible le jour où les autorités concernées daignent envisager des projets de promotion en matière de développement du tourisme au profit de la contrée.


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