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«L'armée des ombres» de Abderrahmane Méziane Chérif (Récit): Partage d'une expérience
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Publié dans El Watan le 19 - 03 - 2011

Quand le cinéaste Ahmed Zir lit un livre, les pages deviennent pour lui des écrans.
Au cinéma, parfois, le film commence par la fin. Mais, magie du flash-back, clé de la mémoire, l'histoire est rétablie dans son ordre chronologique. La sentence brise le silence pesant de l'effroyable salle d'audience, antichambre de la mort. Un instant pour les juges, une éternité pour les inculpés. Le tribunal vous condamne… à la peine capitale. La guillotine à l'aube. La mort danse un instant devant le condamné. Personne ne saura combien était profonde sa souffrance. «Ma hess belajmar ghir li afes alih» (seul celui qui a foulé la braise peut la sentir), dicton adapté à la circonstance. Le verdict est terrible pour Abderrahmane Meziane Chérif. Mais l'enfant, tapi au fond de son être, ne l'a jamais abandonné, la rahma de sa mère, non plus.
Ce moment crucial de son récit, L'armée des ombres…*, m'a perturbé, me laissant pensif. Des hommes et des femmes, qu'il faut plus que respecter, ont souffert ou sont morts pour nous et les générations futures. Ils ont réussi l'impossible, nous unir. Il faut que la haine s'éteigne un jour pour laisser rebondir la vie.Kamel, neveu d'un autre enfant célèbre de la ville d'El Eulma, Messaoud Zeghar, exprime son étonnement : «Comment a-t-il fait pour se rappeler tout ça ?» Je lui cite un autre dicton : «Esseghir chefaï !» L'enfance garde tout en mémoire et, avec l'âge, tout remonte en surface. Dans le livre, l'enfance inexpugnable a triomphé de la guerre, de la souffrance, de la peur et du temps. Après la condamnation, l'attente est pire que la mort. Le film A chaque aube, je meurs avec
James Cagney, qu'il a vu peut-être au cinéma Vog, en est la parfaite illustration. En effet, tout au long du récit, l'enfance est omniprésente avec l'empreinte du cinéma. L'épilogue est un happy-end : libération et mariage du héros.
L'enfance, à bonne école, surtout chez notre instituteur Cheriet Saâd, le cinéma et la misère, sont les thèmes affluents du grand thème de la guerre engagée par des hommes d'El Eulma, ex-Saint-Arnaud, parmi tous les Algériens. Le récit est une leçon d'intelligence (préparation et exécution des attentats), de courage (transport de bombes pas fiables, «la mort sur le dos») et de résistance (la torture subie). L'histoire est relatée comme un film à la Jean-Pierre Melville, réalisateur de chefs-d'œuvre du cinéma français, avant l'influence de Hollywood. C'est que l'auteur, enfant du village, était employé au cinéma Vog d'Ambra, avec mon oncle
Segueni (torturé lui aussi, mais au théâtre !), chauffeur, plus tard, d'une belle Citröen noire comme celle utilisée pour l'attentat rue Vauban.
Les films projetés sur l'unique écran que comptait la bourgade ont certainement construit l'imaginaire et la personnalité de l'auteur. D'où l'élégance des personnages, bien décrits, le suspense bien distillé, avant le coup d'éclat. L'attente, la psychologie des protagonistes au bord de la panique, les questions et cas de conscience, surtout dans la perspective de tuer peut-être des innocents. L'humour, en plein drame, introduit par le «satané paletot jaune», porté par l'un des membres du commando. Une note de gaieté dans une atmosphère grise, comme une couleur vive qui surgit dans un film en noir et blanc. Abderrahmane, en cinéphile averti et bon observateur, a écrit son livre de manière lucide et sereine, se délestant enfin d'un lourd fardeau pour dire la vérité sous l'œil vigilant de son enfance.
C'est le partage d'une expérience magnifique, ô combien douloureuse. J'éprouve un immense sentiment de fierté après la lecture, d'une traite, de ce livre, d'admiration pour son auteur-sujet pour son grand respect des humains, quelle que soit leur origine, ennemis compris. Son combat aux côté de ses frères d'armes avait de la noblesse. Quelques arrêts sur image s'ancrent dans la mémoire : Abderrahmane Méziane Chérif arborant un petit drapeau algérien, offert par Djamila Bouhired, dans la cellule où il attendait la mort. Les youyous, ce cri-chant ancestral, à l'aube, en prison. Le directeur du camp, Français, lui demandant de lui donner le drapeau, en souvenir... Gros plan sur la main de Abderrahmane remettant l'emblème. Un beau dénouement…

«L'armée des ombres ; la guerre d'Algérie» en France de Abderrahmane Méziane Chérif. Préface de Jacques Vergès. Ed. Publisud, Paris, 2010. 234 p.


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