L'assassinat du député et journaliste libanais Jebrane Tuéni n'a pas laissé les éditorialistes de la presse arabe indifférents. Hier, l'influent journal qatari Al Raya s'est demandé à qui profite réellement le crime. « Il apparaît que le but de cet attentat est d'envenimer davantage la situation au Liban, notamment après que le rapporteur onusien Mehlis ait demandé à la Syrie plus de collaboration et l'arrestation des cinq haut fonctionnaires interrogés à Vienne », a écrit le directeur de la rédaction. Même son de cloche chez le quotidien saoudien arabophone Al Watan qui considère que le « Liban est aujourd'hui à la croisée des chemins, pris sans doute dans le piège de ceux qui refusent la mise en place d'un tribunal international pour juger les crimes perpétrés contre Rafic Hariri et toutes les autres victimes ». Il a ajouté : « L'assassinat de Hariri et celui de Tuéni ne sont pas les derniers actes d'un feuilleton terroriste et sanglant qui secoue le Liban. D'autres crimes seront commis dans le futur et le pays du Cèdre vivra encore dans la tourmente et l'insécurité. » Et d'enchaîner : « Il faut pousser les réformes plus loin et mettre en place un gouvernement et un parlement homogènes, capables de traduire sur le terrain les aspirations de la majorité des Libanais. » Pour sa part, le quotidien émirati de référence Al Khaleedj a estimé que « les mains sales qui ont commis ce crime cherchent à assassiner tout le Liban et à porter atteinte à son unité et son identité qui lui permirent dans le passé de pousser hors de ses frontières l'ennemi israélien ». Et de préciser : « Il n'y a aucune personne à l'abri d'un tel sort , notamment après la découverte de caches d'armes dans plusieurs quartiers de la capitale et les menaces qui pèsent quotidiennement sur le responsable du Parti progressiste Walid Jumblat. » Le journal koweïtien Al Ray Al Am (L'opinion publique) a repris les propos du même Jumblad qui avait indiqué, avant-hier, que « le message à connotation terroriste envoyé par les Syriens nous est bel et bien parvenu. C'est le même message que celui qui a tué Rafic Hariri, Samir Kassir et intenté à la vie de May Chediak et de Marouan Hamada ». Le quotidien n'a pas manqué de relever les propos tenus par Bechar Assad à la télévision russe dans lesquels il « indiquait que toute sanction contre la Syrie entraînerait la déstabilisation de tout le Moyen-Orient ».
