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Un terroriste qui tue par le rire...
Mohamed Fellag. L'humoriste algérien établi en France n'en finit pas de nous surprendre
Publié dans El Watan le 22 - 12 - 2005

« Des chercheurs, on en trouve ! C'est des ‘'trouveurs'' que je cherche. »
Anonyme
Avec son bagout, sa chemise à pois, ses éternelles bretelles et son chapeau melon, on le prendrait volontiers pour un saltimbanque, un clown ou à la limite, un amuseur public dont le seul rôle est d'épater la galerie. En fait, il est plus que cela. Roi du calembour et des mots choisis qui tapent dans le mille, Fellag est sans conteste un poète.
Et pas n'importe lequel. Le poète de la diatribe, un joyeux tribun qui nous fait rire de nos misères et de nos travers avec un langage excessivement excessif, fourmillant d'idées cocasses qui s'entrechoquent et se moque tendrement des convenances et des bonnes manières. Même les situations les plus graves sont traitées avec sarcasme. C'est une thérapie, soutient l'artiste comédien humoriste, auteur qui sait mieux que quiconque que le rire est la politesse du désespoir. Fellag part en guerre contre toutes les formes d'asservissement, et il le clame haut et fort. Il manifeste ouvertement sa solidarité avec les petites gens en « se remettant à l'ouvrage à chaque fois que l'intolérance et l'oppression étalent leur nuisance ». Plus qu'un conteur d'histoires, Fellag témoin de son temps est aussi celui qui prend la peine de dénoncer tous les travers, toutes les dérives, tous les abus. Le monologue désopilant est succulent. « Je pars d'une blessure, d'une révolte née d'un événement politique, d'une réaction psychologique, d'un fait qui me dérange et qui crée chez moi cette envie de le dépasser, de m'en moquer : une histoire du refus des agissements d'un système qui castre le bonheur, ligote et empêche la réalisation de soi ». Cet humoriste caustique, dont les réparties sont pleines de tendresses est né à Azzefoun comme bon nombre d'artistes algérois. De son enfance, de sa famille de sept enfants, qui a dû s'installer à Tizi Ouzou, en pleine guerre de Libération, l'artiste en parle sans détour, précisant que le don qu'il a affiné, il le tient un peu de son père, dont il garde l'image de quelqu'un qui savait faire rire les autres avec un certain talent. L'humour était déjà un trait de famille qui a fini par contaminer notre jeune adolescent, féru, par ailleurs, de lecture et de cinéma. La tentation des planches a toutefois fini par l'emporter. C'est ainsi que l'Ecole nationale d'arts dramatiques et de chorégraphie de Bordj El Kiffan lui tendra les bras, en dépit des réticences de ses proches qui l'exhortaient à poursuivre son cycle d'études classique. Lui, ne l'entendait pas de cette oreille et finit bien par décrocher son diplôme de comédien au bout de quatre longues années d'études. A 22 ans, il débarque à Alger où il rêve de jouer au Théâtre national (TNA) où les anciens se méfient de ce jeunot plein d'ambition décidé à se frayer un long chemin dans ce métier. « Les anciens comédiens, se rappelle-t-il, s'accrochaient à leurs privilèges. J'ai vite compris qu'il faudrait que je tente autre chose si je ne voulais pas finir ma carrière comme figurant. » Après des essais plus ou moins concluants, il débarque au Canada où il perfectionne ses acquis tout en exerçant toutes sortes de petits métiers... Il y restera 7 ans avant de rentrer chez lui où il renoue avec l'humour de la rue qu'il met en scène à travers Cocktail khorotov, SOS Labes, Babor Australia qui le font découvrir au grand public qui apprécie ce genre nouveau d'expression.
Je pars d'une blessure
Même les Tunisiens, chez lesquels il a séjourné au début des années 1990, ont adopté ses one man show... Depuis une décennie, Fellag vit en France où ses œuvres sont revues et corrigées en fonction des publics rencontrés. De fait, la langue de Molière s'est largement substituée au parler algérien. « L'essentiel est de faire passer le message », ne cesse-t-il de répéter. Dans Djurdurassique Bled, son premier spectacle en France, salué par la critique, Fellag passe en revue la société algérienne dans toute sa nudité. Parfois, il est sévère comme par exemple à l'endroit de la télé algérienne pour laquelle il n'est guère indulgent. Alors, il la brocarde à sa manière. « La censure politique, c'est très simple. A chaque fois qu'il y a des événements politiques graves, on nous passe à la télé des documentaires sur les animaux. Et comme il y a beaucoup de problèmes graves Jacques Yves Cousteau est devenu une star nationale. » Puis évoquant les pratiques des dirigeants de l'unique, il stigmatise certains comportements. « La censure qui a fait le plus de ravages, relève-t-il, c'est la censure morale et la principale victime de cette censure, c'est les baisers dans les films. Le censeur est là avec des ciseaux. Fais attention qu'aucun baiser ne passe qui puisse déstabiliser la société algérienne. Fais attention surtout aux films français. Ils nous donnent beaucoup de travail ces Français. Ils vont nous rendre fous. Dans leurs films, ils ne font que manger et s'embrasser. Des fois, tu prends un film français, tu gardes que le générique et tu jettes tout le film... » Dans Babor l'Australie, c'est l'histoire d'une famille, la sienne qui quitte le village natal en Kabylie pour aller s'installer à Alger. « La famille mangeait invariablement des pâtes, du couscous, de la loubia. Mon père nous disait : ne regardez pas la vitrine du boucher, cela va vous donner le cancer de l'envie. » La crise de logement est un des thèmes récurrents de Fellag. « Cette crise, soutient-il, est une des causes de l'intégrisme. Même dans la journée, il n'y a pas de place à la maison pour rester ensemble. Les jeunes vivent dans la rue. Ils attendaient l'Australie, ils ont eu l'intégrisme. Je ris pour ne pas pleurer. Tous mes spectacles viennent d'une peur, d'une angoisse. D'ailleurs, suggère-t-il, mon travail aide les Algériens à aller au bout de cette aspiration, en ce sens que l'humour aide à s'ouvrir, à casser les blocages et à défaire les nœuds mentaux et comportementaux... » « Babor l'Australie, poursuit-t-il, je l'ai conçu comme une sonnette d'alarme. Par ce spectacle, j'ai voulu attirer l'attention des autorités sur cette richesse en déperdition qui peut devenir une bombe à retardement. Tout comme j'ai essayé de comprendre comment ces jeunes arrivent à croire à tous ces rêves. Si ces jeunes y croient toujours, c'est que le mal est très profond. »
La censure qui fait des ravages
A propos du printemps berbère « Ouaïe a vava », hurle un manifestant qui venait de recevoir un coup de matraque. « Ce n'est pas réglementaire, quand je te frappe, tu dois crier en arabe classique », rétorque le policier. Traitant de la misère affective, Fellag ne veut nullement s'ériger en psy. Juste s'il établit un constat pas toujours réjouissant. « La première fois qu'une fille m'a souri, je suis tombé dans le coma trois mois mon cœur dans le plâtre, j'ai mis trois ans pour retrouver la fille au sourire, un an pour concevoir une logistique d'approche, cinq ans pour organiser notre premier rendez-vous. » Parlant des spectacles de Fellag, Idir, le chanteur, estime que l'artiste le renvoie à une Algérie relégitimée. « Fellag est quelqu'un qui donne une image positive de son pays, de nous, de l'art en général. Je lui dis, chapeau l'artiste. Je crois qu'il a trouvé le canal où il s'exprime le mieux. Il avance en plus, parce qu'il y a quelques années personne n'aurait osé dire ce qu'il dit politiquement et émotionnellement. Il casse de plus en plus de tabous. » Il est vrai que Fellag exprime crûment ce que tout le monde pense tout bas. Même s'il donne une image controversée de la société où se mêlent tendresse et douleur, Fellag est loin d'être un pessimiste.
Tendresse et douleur
« Parce que je sui issu d'un pays méditerranéen j'appartiens à une culture faite de douleur, de douceur, de joie et de mélancolie. Un pays de violence extrême et de fantaisie délirante ». Son dernier spectacle Le dernier chameau a obtenu un succès retentissant « parce que je continue à raconter des histoires sincères qui fouillent dans la profondeur de l'être algérien face à ses problèmes de société, face à l'histoire. Les thèmes ont été rarement abordés, de façon aussi crue, aussi sincère. Les gens s'y retrouvent. » Puis de prévenir : « Il faut qu'on arrête de croire que nous sommes nous autres Algériens uniques au monde, que nous sommes les plus grandes victimes de l'humanité, pour nous inscrire dans une humanité plurielle. Très souvent, l'algérianité est montée sur un piedestal, comme si c'était une valeur absolue, intouchable », s'insurge-t-il. Les spectateurs non algériens apprécieront. « Fellag nous donne le bonheur de connaître l'Algérie. Il comble un manque d'information historique sur l'Algérie auprès des Français. » En plus de la scène, Fellag s'est essayé à la littérature. Après Rue des petites daurades, il a écrit un second roman, C'est à Alger. « Pourquoi l'écriture ? Il y a des facettes de mon pays que j'ai envie de raconter sans passer par la farce. L'expression littéraire est une façon d'essayer d'aller derrière le miroir. C'est une dimension complémentaire de la scène. » Comme il le dit lui- même : « Fellag est un terroriste qui tue par le rire. » Mais à l'inverse des autres, ses victimes ressuscitent, et elles sont plus fortes que jamais.
Parcours
Mohamed Fellag est né en 1950 À Azzefoun. Il a obtenu pour Djurdjurassique bled, le grand prix de la critique théâtrale musicale 1997-1998, révélation théâtrale de l'année. Au fil de ses monologues, où l'humour flirte sans cesse avec l'émotion, Fellag revisite avec poésie et un sens aigu de l'autodérision les angoisses, les folies et l'humanité du peuple algérien. A son actif, Cocktail Khorotov, SOS labes et Le dernier chameau. Etabli en France depuis plus d'une décennie, Fellag s'y produit régulièrement toujours avec le même succès, notamment au théâtre des Bouffes du Nord. En plus des spectacles qu'il confectionne, Fellag s'est donné un temps pour écrire deux ouvrages « pour exprimer autrement ses émotions. »


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