Les citoyens algériens sont souvent nettement en avance sur leurs dirigeants. Ils ont un sens des responsabilités très aigu et leur civisme se manifeste chaque fois qu'ils le jugent opportun. Ils viennent de le prouver une nouvelle fois en manifestant contre un programme de destruction de l'environnement décidé par les pouvoirs publics. En effet, en vue de la construction d'un parking de voitures, la wilaya a décidé de détruire la forêt du Bois des Pins à Hydra. Les riverains ont alors manifesté pour s'opposer à ce crime contre la nature, manifestation violemment réprimée par la police. La démonstration de force n'augure rien de bon pour la suite de l'affaire. Alger, tout le monde le sait, manque dramatiquement d'espaces verts. C'est une ville qui se dégrade à vue d'œil. Sa célèbre Casbah est en train de s'effondrer et elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Nos rues, squattées par les trabendistes, ne donnent pas envie de s'y promener tant leur saleté est répugnante. Au point que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a classé notre capitale parmi les villes les plus polluées du monde. Un plan d'aménagement d'Alger a été mis en place durant le mandat de Liamine Zeroual afin de lui redonner la place qui lui revient dans le pourtour méditerranéen. Mais il a été stoppé net au début des années 2000. C'est là où la mélodie du chanteur Meskoud Ya Dzaïr yal el assima prend toute sa dimension, une chanson qui touche toutes les grandes cités algériennes. Mais les Attila qui nous gouvernent n'en ont cure. Une nouvelle : on s'interroge sur les objectifs recherchés par ceux qui ont décidé la destruction de la forêt du Bois des Pins. Pourquoi éliminer un espace de verdure par un hideux parking ? Y a-t-il quelqu'un qui convoite le site pour ses besoins ? Ne faisant plus confiance en ses dirigeants, l'Algérien accueille désormais avec scepticisme et doute toute décision qu'ils peuvent prendre, comme cette histoire de Skikda où une société privée est en train de détruire une forêt dans le seul but de piller son sable. Une partie des autorités locales s'est battue contre cet autre crime contre la nature (la loi algérienne proscrit les destructions d'arbres) mais on finit par se résigner face au pire. Un des puissants des gens du pouvoir a décidé d'imposer sa loi.