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Le point du samedi
Le temps politique
Publié dans El Watan le 14 - 01 - 2006


De toutes les ressources indispensables à l'action politique, il en est une de particulièrement précieuse et rare : le temps. Le rapport de la politique au temps est un critère pertinent de distinction entre systèmes démocratique et autoritaire. En effet, tandis que le jeu politique dans un régime constitutionnel démocratique est articulé autour de l'espoir du retour, dans un temps limité, du balancier électoral, l'autoritarisme, lui, se confond dans des simulacres d'élections sans enjeux d'alternance, quand il n'institue pas des présidences à vie ; alors que le premier est un limité dans le temps, le second procède d'un gouvernement illimité. Le totalitarisme pousse cette logique à son achèvement ultime : poussé par une vision utopique, il se pose, à l'instar du Troisième Reich, comme gouvernement éternel. Le temps est donc au fondement de la théorie politique. Les « pères fondateurs » ne s'y sont pas trompés en assignant à cette donne, aujourd'hui stratégique, la statut d'un principe doctrinal. Dans son célèbre « discours » De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes [1815], Benjamin Constant a fortement insisté sur ce point. Prenant le contre-pied de la doctrine jacobine qui, en s'inspirant de la doctrine de la « souveraineté populaire » de Jean-Jacques Rousseau, entendait instituer une « démocratie directe » sur les décombres fumants de l'Ancien Régime, Constant a défendu les vertus du « gouvernement représentatif », archétype libéral du régime pro tempore. Outre l'argument de la densité de la population qui rend impraticable l'idée d'une démocratie directe, le penseur libéral français a introduit celui du temps. Selon l'auteur de Principes de politique, le gouvernement représentatif trouve son fondement anthropologique dans la société moderne, celle dont les individus revendiquent du temps pour leurs intérêts privés. Pour Benjamin Constant, le régime représentatif « n'est pas autre chose qu'une organisation grâce à laquelle une nation se décharge sur quelques individus de ce qu'elle ne souhaite pas faire elle-même ». Dans cette perspective, la représentation politique apparaît « comme une procuration donnée à un certain nombre d'hommes par la masse du peuple qui désire que ses intérêts soient défendus et qui cependant n'a pas le temps de les défendre toujours par elle-même ». Le cours de la démocratie représentative ne semble pas avoir démenti cette perception : la gestion du « budget-temps » demeure, en démocratie, un des principaux critères d'évaluation de la performance tant des gouvernants que des élus. La crise des systèmes démocratiques, perceptible, entre autres, au miroir de la montée de l'abstention électorale, révèle toutefois les limites de la « liberté négative » des Modernes. Partant de ce constat de crise de la « démocratie de marché », les critiques du libéralisme politique parmi les « républicains » contemporains mettent l'accent sur les « libertés positives » sans lesquelles un contrôle continu du gouvernement par les citoyens ne saurait produire ses effets escomptés : obliger les gouvernants à rendre compte de leurs actes de gouvernement durant leurs mandats - temporellement limités. Les théoriciens libéraux rétorquent en invoquant l'excès d'idéalisme de la vision républicaine, invoquant, non sans raison, l'écart entre le citoyen idéal et le citoyen réel. La question nodale est de savoir de combien de temps disposent les citoyens pour s'informer sur la conduite des affaires publiques de la cité ? L'engagement militant, on le sait, est temporellement coûteux : réunions de cellules, distribution de tracts, collage d'affiches, organisation de meetings, collectes de fonds, campagnes de sensibilisation, etc. Attachés à leur « liberté négative », dont celle de ne pas faire de la politique, les citoyens (bourgeois) seraient peu enclins à concéder un tel « budget-temps » à la politique délibérative. Dans son œuvre politique, Hannah Arendt s'est employée à récuser avec force conviction aussi bien le « privatisme civique » des populations dépolitisées que l'enrôlement des partis étatisés, plaidant pour un plus grand investissement des citoyens dans l'espace public. La théorie de la démocratie développée par Jürgen Habermas ambitionne, quant à elle, de s'inscrire à mi-chemin entre libéralisme et républicanisme. Ainsi, pour l'auteur de L'intégration républicaine. Essais de théorie politique (1998), « les droits civiques, en premier lieu les droits de participation et d'expression politique [...] ne garantissent pas l'absence de toute contrainte extérieure, mais la participation à une pratique commune sans l'exercice de laquelle les citoyens ne peuvent pas se transformer en ce qu'ils souhaitent être : des sujets politiquement responsables d'une communauté de sujets libres et égaux ».Tel est bien, en définitive, l'enjeu dernier. L'essentiel du temps consommé par les systèmes autoritaires ne consiste-t-il pas, cependant, à empêcher par tous les moyens l'éclosion d'une telle communauté éthique de citoyens responsables ?

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