Le député canadien d'origine franco-algérienne, Tarik Brahmi, a animé une conférence à l'université de Béjaïa pour parler de l'immigration et de l'intégration. Le Canada est un bel exemple de réussite d'intégration des immigrants. C'est en substance l'idée qu'a défendue le député canadien d'origine franco-algérienne, Tarik Brahmi, qui animait, mardi dernier, une conférence à l'université de Béjaïa. Les canadiens sont-ils racistes ? A cette interrogation formulée par une étudiante, le parlementaire québécois a eu cette réponse : «Il y a deux ans, un sondage a été mené dans une province au Canada. A la question ‘‘êtes vous raciste ou non ?'', 55% des sondés ont répondu : ‘‘Oui, je suis raciste.'' Mais en réalité, la société québécoise est beaucoup plus tolérante que ce qu'elle pense être». «La preuve que les Canadiens ne sont pas racistes, c'est que lors des dernières législatives (mai dernier), quatre députés d'origine maghrébine ont été élus», souligne-t-il. L'ascenseur social fonctionne à plein régime. «Je suis élu en raflant 47% des suffrages dans une circonscription (Saint-Jean) où les Algériens se comptent sur les doigts d'une seule main et où les musulmans ne dépassent pas une cinquantaine», affirme-t-il lors de cette conférence ayant pour thème «La politique d'intégration des immigrants au Canada». «Beaucoup d'immigrants réussissent leur intégration au Québec, mais il y a aussi de nombreuses déceptions», nuance, toutefois, ce parlementaire. «Le nouvel immigrant doit repartir du bas de l'échelle pour ensuite remonter. Et il y a beaucoup qui réussissent à remonter à partir du bas de l'échelle», dit-il. «Si j'étais resté en France, je ne serais jamais député», compare-t-il, lui qui est arrivé en 2002 au Québec en provenance de Lyon (France) où il est né il y a 43 ans. En séjour en Algérie, il est revenu à Béjaïa, terre natale de son père (Toudja), pour témoigner devant les étudiants de la réussite de son émigration. Ce député est élu sur la liste du Nouveau parti démocratique (NPD), (opposition de gauche), ce qui est une première dans l'histoire de ce pays connu comme étant un grand pays à forte composante immigrée. Et ce n'est pas un hasard si les Algériens sont de plus en plus nombreux à choisir ce pays pour émigrer. «Officiellement, 50 000 Algériens sont recensés au Canada. Mais, comme beaucoup ne sont pas inscrits, le nombre d'Algériens vivant au canada pourrait atteindre les 150 000 ou même 200 000». «Est-il facile de réussir au Canada ?», s'interrogeait une étudiante. Réponse de M. Brahmi : «Non, ce n'est pas facile. Des délégations diplomatiques parallèles composées d'indépendantistes québécois activant dans quelques pays essayent de vendre une image idéaliste d'un Québec accueillant tout le monde, où tous les arrivants seront facilement insérés dans la société, ce qui est bien entendu loin de la réalité», a-t-il averti. «Beaucoup d'immigrés viennent au Canada avec une idée reçue, selon laquelle, une fois installés, ils auront le même statut social qui était le leur dans leur pays d'origine. C'est faux. Il faut s'attendre à une déqualification systématique avant de gravir les échelons», a-t-il répondu.
