Certains gérants de minibus, relevant du transport public privé urbain, ont décidé dernièrement de passer à l'action en augmentant le prix du titre de transport. Ils annoncent la couleur en placardant en gros caractères la nouvelle tarification noir sur blanc depuis un mois. A l'image de la desserte Basetta-Chevalley où le tarif passe à 15 DA. Le hic où l'infraction réside moins dans l'augmentation que dans la réglementation dès lors que la décision affichée de faire grimper le ticket passe outre la délivrance du quitus du ministère des Transports. Sur l'écriteau, collé derrière la cabine du chauffeur, aucun cachet humide du ministère de tutelle régissant les tarifs n'est apposé, sinon de la seule ONTA (Organisation des transporteurs algériens), qui apporte son soutien sans réserve quant à la majoration du tarif. Et passe pour les tarifs des autres dessertes qui suivront, bien entendu, la courbe ascendante. C'est logique, me diriez-vous ! Le prix du ticket arrêté par l'opérateur doit être indexé sur le coût de la vie ! Vous pouvez aussi me rendre à l'évidence en assénant : pourquoi l'augmentation est valable pour l'Etusa et non pour le secteur privé ? Sauf que nous nous interrogeons sur cette corporation qui anime un secteur gagné, au fil des ans, par la «faoudha». Celle-là même qui juge bon de pondre «sa circulaire», à l'insu du département de tutelle, sans l'aval des syndicats à laquelle elle est affiliée (UGCCA ou SNTT) et, il va sans dire, au mépris de l'usager qui doit débourser sans sourciller… «Ils agissent toujours en dehors de la loi, car ils se sentent forts face à l'Etat qui est démissionnaire !», tempête un usager. Le seul souci des gérants du transport public privé urbain est de ramasser le pactole en fin de journée. Libre à eux de faire les pitres, de s'arrêter là où bon leur semble, de s'offrir un café en cours de route, invitant les passagers de prendre leur mal en patience, charger et décharger en dehors des haltes facultatives, griller des arrêts, appuyer sur le champignon en jouant au chassé-croisé avec le bus rival dans une descente... Passons des autres dangers auxquels ils exposent les passagers. Et gare au passager qui ose faire une quelconque remarque. Là, le chauffeur ou son binôme de receveur, bombe son torse avec une allure qu'il conjugue à l'immoralité. Le duo affiche sa voyouterie, celle de «tâg aâla man tâg» pour coller un tant soit peu à l'expression vernaculaire du citoyen lambda. Eh oui, chacun semble avoir son petit bled dans sa tête. Chacun impose son diktat et son tarif, selon son bon-vouloir. Tout en ramenant au plus bas la qualité du service public, par la grâce d'un laisser-aller criant de la puissance publique.