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Après la tripartite : Le règne bureaucratique
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Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2011

La dernière tripartite a consacré le rôle stratégique majeur de l'entreprise dans le processus de développement. Beaucoup de bonnes décisions furent prises. Il y a bien des dossiers qui restent à finaliser : comme celui des retraites et de l'article 87 bis. Aux dernières nouvelles, après la fin des travaux, les commissions ont avancé dans le traitement de ces questions. Normalement, le dénouement serait proche. Certes, on peut faire à la tripartite les sempiternels reproches de travailler sans vision stratégique ; on peut souhaiter un relèvement plus substantiel du SNMG et de nombreuses autres avancées. Mais dans l'ensemble, la plupart des observateurs ont estimé que des progrès substantiels ont été enregistrés dans tous les domaines.
Mais pour le moment, ce sont des intentions et la mise en œuvre est bien loin. C'est précisément dans ce domaine que tout va se jouer. Nous avons évoqué, dans de nombreuses chroniques, les dangers d'une administration peu qualifiée, sous-gérée et source de dangereux dysfonctionnements. Bien que les politiciens dénoncent la bureaucratie, le plus souvent ils sous-estiment son fort potentiel destructeur. Ils croient qu'en donnant des directives, en créant de nouvelles structures ou en sacrifiant quelques responsables, ils viendront à bout d'un appareil, doté d'une logique de dysfonctionnements, qui peut battre en brèche les meilleures intentions possibles des leaders politiques.
Le danger bureaucratique
Tout en criant très haut son aversion du système bureaucratique, la classe politique des pays en voie de développement ignore l'ampleur des méfaits désastreux de cette toile d'institutions. L'hyper-bureaucratisation d'un pays enfante la gabegie, la corruption, le chômage, le mal vivre, les suicides et la haine des citoyens envers leur propre Etat. Tout le pays devient otage d'une malédiction qui ronge ses fondements. La structure économique et sociale devient friable. Les bureaucrates eux-mêmes en sont doublement victimes. En premier lieu, d'un système qui les méprise, dévalorise, sous-rémunère, ignore tout effort qu'ils peuvent déployer et fait très peu et très mal pour leur faire prendre conscience de la gravité des torts causés à autrui. Leur seule maigre consolation consiste à déverser toute leur rancœur et leur haine sur les administrés.
En second lieu, ils supportent eux-mêmes les multiples affres administratives qu'ils font subir aux citoyens. Ainsi, un agent de l'administration fiscale qui malmène ses compatriotes se voit lui-même maltraité par l'administration de la santé, de l'éducation et autre. On aura un système où chacun se plaint de tous les autres sans commencer par prendre conscience de son propre rôle. Les décideurs ne savent pas par où commencer pour éradiquer le fléau.Nous évoluons dans un tel schéma. Les réformes économiques évoluent en Algérie à des vitesses lentes et différentes. La réforme agricole avance un peu plus vite que l'amélioration industrielle.
La réforme bancaire évolue trop lentement. Mais la réforme administrative stagne carrément. Dans ce contexte, comment imaginer que les dizaines de propositions qui ont fait consensus au sein de la tripartite puissent s'appliquer effectivement sur le terrain. Mis à part les réductions de taxes ou les augmentations du SNMG, il faut s'attendre à un mur administratif sur lequel se briseront toutes les bonnes intentions des acteurs économiques. Le passage d'une administration bureaucratique à une administration experte n'a même pas commencé. Nous n'avons même pas de stratégie et d'outils opérationnels pour en assurer la réussite. Pourtant ! Les sciences sociales modernes savent comment ériger une administration compétente. Nous avons beaucoup d'expériences de réussite dans ce domaine. On se souvient de l'expérience brésilienne des années quatre-vingt.
Le pays avait créé un ministère de la débureaucratisation. On a fait évoluer les modes de fonctionnement qui étaient basés sur la réalisation des tâches à un processus transparent d'obtention de résultats mesurés. Ainsi, les systèmes de rémunération, de promotion ont été liés à des objectifs mesurables : emplois créés, investissements réalisés, niveau de satisfaction des administrés, nombre de doléances recensées, etc. Après qualification et mise en place d'une nouvelle manière de faire, les résultats ont été plus que satisfaisants. Les administratifs qui inventaient des milliers de subterfuges pour bloquer l'investissement et l'emploi se sont mis à instituer des règles pour canaliser les placements et satisfaire au mieux les exigences des citoyens. Une administration ennemie de l'économie s'est mue en une institution au service de la création d'entreprises, de richesses et d'emplois.
Diagnostics et redressements
Il n'est nullement question ici d'évoquer en profondeur les diagnostics et les schémas de redressement techniques des modes de fonctionnement des administrations. On vous épargne la lecture de dizaines d'indicateurs contenus dans les check listes professionnelles. On le fait dans des cours spécialisés ou lors des séances de consulting. Nous voulons seulement faire ressortir une ou deux idées simples, mais fortes qui révèlent le mal et éclairent sur les moyens de l'éradiquer. Il est utile de rappeler qu'il faut une volonté politique forte et la mobilisation des moyens adéquats pour réussir à redresser la situation. Nous avons beaucoup de bureaux d'études nationaux capables de faire le travail. Il ne faut surtout pas compter sur l'administration pour se réformer elle-même. Nous avons besoin d'allier savoir-faire technique et courage politique. Agir par le biais d'un haut conseil de réforme de l'Etat est le moyen le plus sûr d'échouer. Il est relativement simple de faire un diagnostic administratif. Nous avons deux axes à surveiller : la vérifiabilité et la mesure de l'efficacité.
Supposons que vous entrez dans une administration pour vous informer sur les procédures afin d'obtenir un permis de construire (exemple pris au hasard). Comment savoir si l'administration fonctionne convenablement. En premier lieu, on doit indiquer et par écrit toutes les pièces à fournir et les procédures à suivre. Il ne doit pas y avoir un seul document ou une seule procédure en dehors de ce qui est transmis aux citoyens. Le plus souvent, on vous fournit des indications verbales pour découvrir par la suite qu'elles sont très incomplètes si ce n'est erronées. En second lieu, on doit fournir et par écrit la durée maximale du processus (exemple, l'administration a 1 mois pour répondre).
Lorsque les phases ne sont pas précisées et la durée est indéterminée, l'administration jubile, car nous avons là un moyen de pression pour monnayer ses services et introduire la gangrène de la corruption dans le système. En troisième lieu, nous devons connaître, et par écrit, les voies de recours disponibles : à qui faut-il s'adresser en cas de non-respect des règles écrites par l'administration ? Quatrièmement, si personne ne mesure votre satisfaction (ou colère) au cours et à la fin du processus, il y a une défaillance grave du système. Il faut corriger ceci et rapidement. Cinquièmement, améliorer la règlementation pour faciliter les procès administratifs par les citoyens ou les associations des usagers à l'encontre de ceux qui utilisent les privilèges administratifs pour pénaliser les citoyens ou s'enrichir illicitement. On doit également pénaliser les responsables qui occultent ces principes.
Sixièmement, les promotions et des primes doivent être liées à la satisfaction des administrés (concevoir des instruments et les utiliser). Le principe de transparence requiert que les citoyens et les associations ont le droit d'accès aux pièces administratives pour prouver l'efficacité ou le non-respect des règles. Dans 99%, les informations administratives ne contiennent aucune donnée frappée du sceau de la confidentialité. Il faut en finir avec les registres de doléances ou personne n'écrit et que personne ne lit. Nous devons interroger les citoyens. Toutes les administrations (santé, éducation, fiscalité, douanes, etc.) doivent suivre ces processus. Pour le moment, aucune administration en Algérie ne satisfait à ces principes.
Nous avons évoqué seulement quelques règles simples qui pourraient améliorer les modes de fonctionnement des administrations. Plusieurs autres dispositions existent (normes et standard de fonctionnement, etc.). L'essentiel est de prendre conscience qu'une administration mal gérée détruit le tissu économique et social quel que soit le volume de ressources injectées par les responsables. La tripartite vient de prendre beaucoup de bonnes décisions. L'environnement des affaires va-t-il s'améliorer grandement ? Il y a fort à parier que la plupart des réponses positives vont enfanter des comportements bureaucratiques tout à fait contraires à l'esprit qui a prévalu.
Après ces dizaines d'années de dysfonctionnements, nos décideurs auraient dû comprendre que le mal administratif est si profond qu'aucune stratégie économique ne peut s'exécuter dans notre pays. Mais on continue à croire qu'il suffit d'ordonner pour que tout se passe au mieux et que soudain par enchantement la situation s'améliorera. Mais en bout de course, on redécouvrira que plus on prend de décisions, plus l'administration trônera très haut et filtrera, à sa guise, les 10% de mesures à exécuter et les 90% à bloquer.


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