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Parution. Arcanes éditions : Lettres de province subtiles et féroces
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Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2011

Boubakeur Hamidechi vient, avec la complicité d'Arcanes éditions et du quotidien Le Soir d'Algérie, de mettre en librairie Les lettres de provinces. Il s'agit d'un ouvrage de 431 pages, fruit d'une compilation des chroniques que l'auteur appelle «délit d'écriture pour prétendre à la durée». Mais sous forme de livre, elles vont bel et bien s'inscrire dans le temps et ce ne sera probablement pas pour déplaire aussi bien aux présentes qu'aux futures générations de lecteurs.
Avec sa Lettre de province, aucun, absolument aucun aspect de la vie politique et sociale ne lui échappe. Perché tel un vieil aigle sur son vieux rocher, il scrute sa société, non pas celle de sa ville seulement, mais de tout le pays. Il le dit lui-même en quatrième de couverture de son livre : «(…) cette Lettre de province n'est pas une missive exotique, mais une revisitation à distance des querelles du sérail.» Comme la vue perçante du rapace, sa grande sagacité lui permet d'aller débusquer chaque semaine les sujets les plus importants et, surtout, les plus sensibles, ceux-là mêmes qui affectent, d'une manière ou d'une autre, la vie des Algériens. Peu d'acteurs de la scène algérienne échappent à son trait qui, depuis les hauteurs de Sidi M'cid, frappe comme un éclair de clairvoyance. Lui, c'est Boubakeur Hamidechi, et sa lance n'est autre qu'une modeste chronique conçue comme un lieu de rendez-vous hebdomadaire pour les lecteurs de ce quotidien du matin que n'indique pas son nom : Le Soir d'Algérie.
Oui, il y a plusieurs raisons d'aborder cette page comme un lieu de plaisir avec, d'abord, la saine jouissance que procurent les subtilités de la «Lettre». Avec Hamidechi, la langue française devient un met à déguster avec délectation. Dans cet exercice, à l'instar de son collègue Ahmed Halli, qui sévit avec la même compétence et une non moins douce férocité, dans la même dernière page du Soir, le fameux «Kiosque arabe», peu d'Algériens, y compris les écrivains en vogue ces dernières années, peuvent rivaliser avec son talent. L'écriture, ici, incite à la lecture : la phrase travaillée au ciselet attire, le paragraphe, imagé, enveloppe et entraîne, quant à l'ensemble du texte, il subjugue. Voyons comment il se gausse de ce que ce régime a fait sa Constantine qu'il n'a, d'ailleurs, jamais quittée : «On savait depuis longtemps que cette ville était un goulag où, pour y vivre et prospérer, il fallait non pas du courage et de la vigilance, mais de la rouerie et des coquins pour copains. Mais ce que l'on ignorait, par contre, c'est que l'on peut choisir de mourir volontairement quand toutes les portes se ferment et qu'il ne reste en face de soi que le reproche muet d'une progéniture famélique. Le suicide de ce Ramadhan de toutes les bigoteries témoigne à lui seul du désastre constantinois.» (Chronique du 5 octobre 2005, intitulée «Les bigots, les coquins et le suicidé».
Une lettre éminemment politique
Hamidechi ne donne cependant pas à son écriture uniquement une dimension d'exercice de style. Il ne pratique pas l'art pour l'art. S'il déploie tant d'efforts sur la langue, c'est bien pour donner à comprendre agréablement une idée sérieuse une fois qu'elle a été rendue accessible par son intelligibilité. L'écrit est toujours éminemment politique et ses saillies ciblent sans crainte ni hésitation d'abord et surtout les puissants et ceux qui, dans les organisations dites «de masse», leur servent de faire-valoir et de marchepied. Son ami de jeunesse, Zoubir Souici, a su trouver les mots dans la préface pour qualifier la portée de la «Lettre» : «En redoutable observateur de la scène politique grandeur nature, il traque la médiocrité et les médiocres, l'incompétence et les incompétents et également les menteurs et les courtisans qui sont légion».
A tout seigneur, tout honneur ; le petit homme d'El Mouradia réussit toujours à faire naître les phrases les plus épiques sous une plume trempée dans un encrier à ciguë. Etant le premier responsable du pays, l'épistolier provincial lui fait l'honneur de le cibler plus souvent que les autres : «Un an après sa réélection, Bouteflika était l'objet d'une tapageuse campagne de sanctification. Un véritable culte de la personnalité se mettait en place qui flatte son ego au point qu'il croit lui-même aux éloges qui lui sont adressés.» (Chronique du 09 avril 2005, intitulée «Le quêteur de la postérité»).
Dans «…Breveté impopulaire», une chronique signée le 11 décembre 2004, il brocarde avec la même démarche carnassière l'actuel chef du gouvernement dans les termes suivants : «Ouyahia adore faire de la provocation sur la demande de son parrain. Cultivant l'impopularité comme un atout politique, il préfère les caresses d'en haut à la sympathie de l'opinion.» Le petit cadeau de la semaine, Hamidechi en a pour tout le monde : ministres, responsables d'institutions, d'organisations, ou de partis politiques, bureaucrates nouveaux et anciens terroristes, imams et bigots, etc. La «Lettre» revient chaque semaine depuis l'an 2000. Elle fut d'abord affranchie dans le quotidien Le Matin et, une fois ce dernier disparu, elle fut bienvenue sur les colonnes du Soir d'Algérie à l'écrit épistolaire, j'en suis sûr, avec empressement.
Avant de se stabiliser, à 68 ans, dans ce genre d'écriture, Boubakeur Hamidechi a tâté tous les genres journalistiques en commençant par le bas de l'échelle : le rédacteur de presse. Il a fait partie de plusieurs rédactions du temps où les journalistes devaient guerroyer pour faire publier leurs articles sans qu'ils soient dénaturés par la censure. Il passa ainsi du quotidien constantinois de langue francophone An Nasr, à El Moudjahid, puis à Algérie Press Service, avant d'intégrer l'équipe de ce que fut le prestigieux hebdomadaire sportif El Hadef. On ne devient, en réalité, jamais un véritable journaliste si on ne fait pas de l'enquête et du reportage.
Hamidechi excella en ce genre, et fut un grand reporter. Il réussit dans ce cadre, au début des années 1990, un magnifique reportage «Le pot pourri» sur l'université de Constantine. Le reportage a été publié par le quotidien El Watan où Hamidechi a exercé pendant cinq ans. Ce que l'on peut également retenir à son propos, c'est qu'en 45 ans de métier, et même s'il a été souvent confronté à différents profils, il a su préserver ses principes et surtout une intégrité morale qui n'a jamais été prise en défaut. Son professionnalisme, son courage et son honnêteté lui ont valu deux prix de journalisme. Le prix Benzine en 2006 et en 2011, pour récompenser l'ensemble de sa carrière, la distinction Omar Ouartilane, décernée par le quotidien El Khabar.
Boubekeur Hamidechi, Lettres de province, Arcanes éditions, 2011, 431 pages.


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