«De 638 cas enregistrés en 1993 à 1184 en 2000 on en est passé à 2171 cas de femmes violentées en 2010», a souligné le chef de médecine légale de l'hôpital Youssef Damerdji de Tiaret en marge de la commémoration de la journée mondiale des violences faites aux femmes. Une augmentation de 86% qui illustre, on ne peut mieux, la donne en dépit des levées de boucliers et l'armada de lois censées protéger les femmes contre toutes les formes de violences. La conférencière pour mieux situer la problématique a fait état d'une «violence qui touche même les plus de 50 ans soit une femme sur cinq» et que «2 d'entre les cinq femmes décédées ont été violemment achevées à la hache». La rencontre organisée à l'initiative de l'ODEJ (office des établissements de jeunes) en collaboration avec l'onde locale «Radio-Tiaret», de juristes, d'imams et des représentants (es) du mouvement associatif local, a permis de mieux s'imprégner des réalités à travers des photos chocs mais aussi des témoignages poignants et émouvants dont certains l'ont été en direct. Les auditeurs et auditrices ont pu ainsi mesurer le degré de violences inouï quand une jeune femme à l'antenne rappelle «le cas de cette femme battue puis égorgée en pleine rue à Tissemsilt, wilaya voisine, devant son enfant» et une autre d'enchaîner «avoir été emmenée de force par un responsable dans son véhicule pour en abuser d'elle». D'autres intervenantes se sont remémoré la tragédie qui a frappé une vieille femme et ses deux nièces à Frenda, achevées après avoir été empoisonnées par le fils à propos d'un modique butin. Les trois victimes, comme rapporté dans une de nos précédentes éditions, furent emmurées jusqu'à la découverte des corps putréfiés par des éléments de la police judiciaire. Il n'y a pas si longtemps, une vieille femme, Saadia, qui résidait à Ksar-Chellala, est décédée sur son lit d'hôpital, plusieurs semaines après avoir été agressée et violée par un délinquant sexuel. Son assassin court toujours puisque la personne inculpée et jugée en criminelle a bénéficié de la relaxe. Les parents de la jeune Senoussi, retrouvée gisant dans une mare de sang dans une baignoire à Tiaret, ne connaîtront jamais le coupable de leur enfant. Le tabou est cassé et les langues se délient mais faut- t- il pour autant se suffire de l'énumération de tous les cas pour dire les violences que les femmes subissent. Non, diront celles et ceux qui ont suivi et animé la rencontre. Des propositions ont ainsi été émises dans l'espoir que cette violence cesse, du moins s'atténue. On parle de la «nécessité de mettre en place une structure d'accueil, une intensification de campagnes de sensibilisation, l'ouverture d'une ligne verte, l'implication des gens du culte pour lutter contre le phénomène». Benameur Mourad, universitaire, fait savoir que «60% des violences surviennent en milieu aisé».