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«Les salafistes sont plus populaires»
Gueham Hocine. Islamologue
Publié dans El Watan le 22 - 12 - 2011

Chercheur algérien diplômé de la fac centrale d'Alger et de l'université de Nancy, Gueham Hocine est un islamologue. Il consacre ses recherches sur la mouvance wahhabite. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages en arabe et en français, entre autres Elmadhahir e'chirkia ainda douaate essalafia.
- Les islamistes algériens se voient déjà vainqueurs des prochaines élections législatives. Pourquoi tant d'assurance ?
Boudjerra Soltani déclarait en 2010 que le MSP serait la première force politique en 2012. Ce parti s'est scindé en deux. C'est stratégique. Si Boudjerra échoue, le MSP comptera sur Menasra pour reprendre le flambeau. Je pense que le MSP n'aura pas la majorité à l'APN, même s'il compose avec d'autres partis islamistes. Il n'est pas populaire comme les salafistes, qui travaillent en douceur le terrain social. Mais il faut préciser que ces derniers ont fui l'activité politique. Le salafisme attire aussi plus de gens, puisqu'il est moins élitiste, tandis que les «Ikhwan» reposent plus sur les universitaires. Difficile pour le peuple algérien d'accorder sa confiance à celui qui a participé au pouvoir d'une manière ou d'une autre. C'est le cas du MSP depuis 15 ans. Abdallah Djaballah, lui aussi Frère musulman, est resté dans l'opposition pour des calculs tactiques. Il croit que les Américains et les Français ne craignent plus les islamistes, tout simplement, parce qu'aujourd'hui, le bloc occidental est leur allié, de l'Afghanistan jusqu'au Maroc. Djaballah a perdu, aux yeux de beaucoup d'Algériens, la crédibilité, car à chaque fois, il a été déstabilisé par ses propres lieutenants d'Ennahda et d'El Islah. Les Algériens restent sceptiques concernant son projet. Je pense que l'Algérie restera toujours entre les mains d'une fraction qui se dit nationaliste. En plus, le pays est déjà un Etat islamique. Dire que l'Algérie n'est pas un état musulman, suppose que l'Etat actuel est impie, donc cela justifierait l'insurrection armée. Cette idée est dangereuse. 200 000 personnes sont mortes à cause de ce concept.
- Victoire des partis islamistes en Tunisie, au Maroc et prochainement en Egypte ? Pourquoi l'islamisme tendance Frères musulmans gagne-t-il ?
Il est important de comprendre les conditions qui ont précédé les changements radicaux survenus dans le monde arabe à travers les révoltes nées subitement ou d'une manière synchronisée. Au final, nous assistons à l'arrivée au pouvoir d'un courant porteur d'un seul cachet. En second lieu, il faudrait revenir cinq ans en arrière, en 2006, lorsque la guerre a éclaté entre Israël et le Hezbollah. Ce conflit avait tiré la sonnette d'alarme des Américains pour qu'ils changent leur stratégie dans le monde arabo-musulman. Le Hezbollah a pu résister face à l'entité sioniste, mondialement reconnue pour sa force. La résistance du Hezbollah était perçue comme une défaite par l'état-major de l'armée israélienne et ses alliés. Tout au long de cette guerre qui a duré 33 jours, des manifestations dans le monde arabe et musulman, y compris dans des pays européens, n'ont pas cessé. En constatant une telle sympathie pour le Hezbollah, les Etats-Unis ont eu des craintes et ont supposé, à mon avis, un balancement des jeunes musulmans vers le chiisme politique (je ne parle pas du chiisme dogmatique, qui doit être discuté dans un autre contexte). Les peuples constatent que l'Iran ose dénoncer et menacer Israël sans complexe et d'une manière sérieuse. Les sociétés, de par la nature humaine, se rangent du côté des plus courageux. Ainsi, les Etats-Unis ont opté pour le sacrifice des régimes arabes alliés et dictatoriaux, pour encourager une tendance rivale au chiisme : les Frères musulmans. On a favorisé un discours religieux qui serait apte à collaborer avec l'Administration américaine et accepter au moins leur demi-mal au lieu d'un mal entier opposé à la collaboration. Les relations entre le Conseil de transition libyen (CNT) et les services occidentaux ne sont en fin de compte que la répétition de l'histoire. En réalité, les révoltes dans le Monde arabe ne vont pas créer des Etats islamiques, mais des Etats anti-islamiques. Il faut également noter que les salafistes, plus exactement les wahhabites, créés par les services britanniques, avaient pour objectif la défragmentation de l'Empire ottoman. Le même schéma se reproduit : descendre tous les régimes anti-occidentaux par ce mouvement ikhwani qui se couvre derrière la religion. Je crains que le scénario le plus probable vise à préparer de nouvelles guerres civiles plus accentuées dans le monde arabo-musulman.
- Les élections ont été transparentes et les islamistes ne vont pas gouverner seuls. Ces derniers ont-ils été élus démocratiquement ?
Pour comprendre comment la guerre civile pourrait se produire dans ces pays, il faudrait revenir au cas algérien. L'islamisme wahhabite est porté sur le sang. Pour les wahhabites, la notion du musulman est différente de celle prônée par l'Islam. La société nord-africaine est pacifiste, mais quand on la pousse à la confrontation, elle se voit obligée de se défendre.
Les Frères musulmans d'Egypte ne s'allieront pas avec les salafistes du Hizb Ennour. Paradoxalement, ils noueront des alliances avec des courants laïques. Les deux tendances islamistes majoritaires en Egypte donneront la première étincelle qui allumerait une guerre de paroles dans le Parlement, cela se répercutera dans les mosquées, puis en batailles rangées dans les rues. A ce moment-là, l'armée ne va pas rester les bras croisés. Quant aux autres franges politiques, qui se réclament du courant démocratique, elles vont réagir pour ne pas laisser leur pays plonger dans un sort méconnu. Le mouvement salafiste en Egypte, qui, hier, déclarait que la démocratie est bidaâ (hérésie), participe du jour au lendemain aux élections après s'être constitué en partis politiques. Les dirigeants qui changent rapidement leurs positions par rapport à leurs principes religieux, il faut s'en méfier.


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