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Sextus Empiricus, contradicteur de Platon
Un philosophe contre la pensée dominante
Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2006

Rafik, animateur de l'émission « Likulli maqaalin maqaam » de la chaîne culturelle m'a interpellé au sujet d'un philosophe grec qui fut depuis son temps pourfendeur des professeurs, pour avoir écrit le premier livre explicitement dirigé contre les castes de ceux qui prétendent transmettre des savoirs.
Qui était donc Sextus Empiricus ? Sextus Empiricus, philosophe grec du II-IIIe siècle de l'ère chrétienne, vécut peu avant Saint Augustin. Disciple du célèbre philosophe sceptique Pyrrhon pourfendeur de Platon responsable, selon lui, de la culture des certitudes et du dogmatisme, Sextus Empiricus fut le plus brillant de tous les disciples cinq siècles après la disparition de Pyrrhon. Entre le maître et ce tardif disciple, la philosophie sceptique connut trois périodes et deux mutations fondamentales. La première, l'époque pyrrhonienne du IVe siècle av. J.-C., celle de la fondation, est considérée par les historiens de la philosophie comme étant celle du scepticisme antique. L'enseignement y fut essentiellement oral comme celui de Socrate. La seconde période (II-Ie siècle av. J.-C.) dominée par les deux grandes figures du scepticisme (Arcésila et Carneade) intervient avec la première mutation qui voit le scepticisme capté par l'institution de formation, à savoir son académisation. La troisième période, le scepticisme sextusien est une radicale mutation par la réaction contre la récupération institutionnelle académique avec un frontal et prédominant retour au scepticisme critique teinté de provocation sans doute inspirée par des ersatz de philosophie cynique ou plutôt diogénique. Il laissa trois œuvres célèbres que tous les sceptiques auront étudiés : Les esquisses pyrrhoniennes, Contre les dogmatiques et Contre les professeurs. Publiées dès la fin du Moyen-âge, elles furent récemment rééditées aux éditions du Seuil. Dans le premier ouvrage, Sextus Empiricus rappelle la philosophie sceptique de Pyrrhon qu'il tente de caractériser en trois formules résumant parfaitement les enseignements du maître qui n'a pas laissé une seule ligne écrite de son enseignement mais dont beaucoup d'auteurs et de philosophes auront été les obligés à l'instar de François Rabelais et sa mythique abbaye de Thélème, de Michel de Montaigne avec ses essais, de Descartes et de ses méditations dubitatives, de Diderot et de son paradoxe pour ne citer que les plus célèbres. Ainsi selon Sextus Empiricus, la philosophie de Pyrrhon aura consisté en un enseignement qui vise essentiellement la suspension de tout jugement qui éloigne catégoriquement toute inquiétude et qui aboutit nécessairement à l'ataraxie. Pour concrétiser ces trois objectifs, le philosophe sceptique se doit de se poser trois questions : que sont les choses en elles-mêmes, dans quelle disposition doit-on se tenir à leur égard et enfin quel résultat attendre de cette disposition ? Dans le second ouvrage analysant la mutation dans la philosophie du scepticisme, Sextus Empiricus s'attaque à l'institutionnalisation de cette philosophie libertaire dénaturée par les chercheurs de statut, les corrompus de l'institution médiocratique. Il démontre que dogmatisme et médiocrité sont inséparables et se nourrissent réciproquement (à méditer !). La mutation qui s'opère semble alors traduire une réaction de Sextus Empiricus contre le renouveau de la pensée platonicienne qui s'annonce avec le nouveau courant alexandrin de la philosophie éclectique qui tente de concilier la philosophie avec la nouvelle religion, ce que développeront peu après aussi bien Plotin que son disciple Porphyre. Sans être un ouvrage ouvertement antireligieux, Contre les dogmatiques tente de prévenir la fin de la philosophie et l'avènement de la pensée religieuse totalitaire. Le troisième ouvrage, Contre les professeurs, s'attaque ouvertement à l'enseignement dogmatique à travers des exemples précis et des disciplines ciblées jugées par Sextus Empiricus comme les creusets des doctrines liberticides et inhumaines, car elles reposent sur la primauté des règles et des constantes au détriment du vitalisme qui est le propre même du sort humain. Contre les professeurs est un ouvrage qui vise donc non seulement à démonter la mécanique implacable du totalitarisme tel qu'il s'infiltre à travers les disciplines dominantes à l'époque (la grammaire, la rhétorique, la géométrie, l'arithmétique, l'astrologie et la musique) parce que considérées « structurantes » mais aussi à décrier le rôle d'agent de transmission de ces savoirs aliénants qui sont d'autant plus préjudiciables que ces agents (les professeurs) devenant par la routine rentière et la paresse de bonne conscience des dogmatiques font des ravages en figeant des connaissances qui obéissent comme la vie au mouvement inéluctable de l'histoire et de la dynamique des contradictions et des oppositions (tropes fondamentales de la pensée sceptique et qu'on se le dise encore et surtout aujourd'hui où des imbéciles heureux aux titres ronflants, avec leurs statuts usurpés et négociés dans la complicité des escroqueries sont en passe de devenir légion dans un système en profonde crise avec des déperditions ou des gâchis irrécupérables) Rafik a suggéré alors une tentative d'actualisation de la lecture philosophique de Sextus pour savoir si ce dernier n'avait pas préfiguré cette inquiétude des intellectuels souvent partagés entre, d'une part, le besoin de certitude de par les connaissances et les savoirs qu'ils cherchent et qu'ils utilisent dans leurs quêtes multiples et la nécessité, d'autre part, de garder toujours à l'esprit ce souci d'autonomie et d'indépendance de la pensée propre aux philosophes depuis Pyrrhon et Antisthène. Comme il aura cherché à percer le secret de ce déchirement, selon lui, que certains grands écrivains algériens auront vécu dans leur chair comme Kateb Yacine, Malek Haddad et Mouhoub-Jean Amrouche. Certes, il y a un lien entre les écrivains algériens de la première génération et les sceptiques de l'école pyrrhonienne. Ils sont tous victimes de la colonisation qui a tenté de les dépersonnaliser (Sextus était grec au moment de l'hégémonie de l'empire romain). Ils étaient tous adossés à des cultures et à des langues de grande civilisation à cette seule différence que Sextus était adossé à sa culture d'origine prestigieuse malgré le colonialisme romain cependant que les écrivains algériens étaient adossés à la culture et à la langue française universelles et désaliénantes (dixit Mouloud Mammeri et Kateb Yacine) qui étaient en même temps la langue et la culture de la société colonisatrice. En fait, ni Sextus, ni Mammeri, ni Kateb Yacine n'auront été déchirés mais au scepticisme éthique qui les nourrissait faisait pendant une culture de certitude parce qu'il s'agissait d'une culture de combat et d'émancipation.

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