La multiplication des rencontres scientifiques et la formation continue des praticiens au niveau des structures hospitalières du sud du pays sont à même de cerner les besoins de la région. A défaut d'un CHU et de structures médicales spécialisées réalisables dans l'immédiat ou opérationnelles à 100%, comme c'est le cas du centre anticancéreux et de la clinique ophtalmologique algéro-cubaine hantée par les fantômes, l'association des médecins de Ouargla (AMO) met le cap sur la formation continue des praticiens de la santé à travers une série de rencontres scientifiques dont les plus remarquées ont été les 3es Journées médico-chirurgicales régionales du sud organisées en collaboration avec le syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique et l'atelier de formation sur la prise en charge des brûlures cutanées animées par l'équipe médicale de l'EHS des brûlés et de chirurgie plastique d'Alger les 30, 31 janvier et 1er février à Ouargla. L'objectif étant de cerner des thématiques en relation avec l'actualité médicale et les besoins de la région, les organisateurs ont opté pour des communications libres ciblant d'une part le traitement du cancer et la place de la radiothérapie, mais aussi des problèmes de santé publique dans la région tels que l'envenimation scorpionique, les brûlures cutanées avec la recrudescence des cas d'immolation de chômeurs et les risques industriels liés à l'activité pétrolière ainsi que l'insuffisance rénale chronique. Outre le traitement de la thrombolyse, l'expérience pilote de l'implant cochléaire menée par le Dr Abazi au sein de l'hôpital de Ouargla a constitué un sujet de débat concernant le traitement de la surdité profonde dans une région affectée par la consanguinité, laissant place par la suite aux risques de contamination en chirurgie dentaires au virus VIH, VHB et VHC. Un intérêt particulier a focalisé l'attention sur le traitement du glaucome et les complications courantes du diabète notamment la rétinopathie diabétique. L'essentiel à retenir est la présence massive des médecins de la région de Ouargla assoiffés de pareils événements scientifiques. La corporation a été représentée par des médecins de santé publique et militaire ainsi que les médecins libéraux de Ouargla nombreux à prendre part aux communications et aux débats. Interrogé en marge des travaux sur les questions d'actualité telles que l'implantation du premier CHU dans le sud du pays ainsi qu'une structure spécialisée dans les grands brûlés dans la zone pétrolière de Hassi Messaoud, le Dr K. Delma, médecin réanimateur à l'hôpital de Ouargla et président du comité scientifique de ces journées a, pour sa part, souligné l'apport de ces rencontres dans la mise à jour des connaissances médicales et l'alimentation d'un débat fructueux autour de la pratique médicale. De l'avis de ce spécialiste, l'axe prioritaire pour la santé dans la wilaya de Ouargla n'est pas tant l'infrastructure que la ressource humaine. Argumentant sont point de vue, le Dr Delma estime que «l'apport des équipe médicales spécialisées des centres de référence nationaux est bien plus précieuse et efficace pour la formation des praticiens et paramédicaux de la région afin d'améliorer la prise en charge des patients et en limiter l'évacuation vers les grands centres du nord du pays.» Notre interlocuteur pense d'ailleurs que toute stratégie d'amélioration de la couverture sanitaire au sud devrait impérativement pallier en premier le déficit chronique en personnel paramédical par la formation massive et ciblée, mais aussi la stabilisation du personnel médical et l'attraction de spécialistes par d'autres moyens que ceux mis en place actuellement. Concernant l'implantation d'un centre spécialisé pour la prise en charge des grands brûlés dans la région pétrolière, il semblerait qu'une vision commune à quelques praticiens tendrait à limiter l'engouement général pour de grandes structures qui resteront peut-être sans encadrement ou moyens en faveur d'un «réalisme» privilégiant l'exploitation de l'existant et le renforcement de la ressource humaine spécialisée. A voir l'état de l'ex-école paramédicale de Ouargla promue en institut supérieur de formation paramédicale, comme l'indique sa nouvelle plaque alors qu'elle plonge dans la décrépitude et le délabrement, à observer la délégation de médecins spécialistes cubains qui semble perdue et non exploitée, on se rend bien compte que le problème de la santé publique dans cette wilaya soit nourri par la fermeture des horizons due justement à une ressource humaine aux réflexes surannés caractérisée par la modestie des aspirations de gestionnaires peu qualifiés ou peu ambitieux alors que la région et sa population aspirent et méritent mieux.
