Cette saison plus que toutes les autres, la corruption a fait un (grand) bond en avant. Dans le contexte actuel, marqué par une absence totale de volonté de l'éradiquer, elle va poursuivre son avancée sans crainte d'être stoppée. Les préoccupations de ceux qui sont censés la combattre sont ailleurs. La corruption ronge tous les segments du football algérien. Comment en est-on arrivé là ? Vaste programme. Au départ, dans les années 1960-1970 et 1980, cette pratique était inconnue en Algérie. Elle est apparue au milieu des années 1990 après le désengagement des entreprises publiques du football. Est alors arrivée une catégorie de «dirigeants» véreux, sans foi ni loi. Ils ont infesté le monde du ballon rond et instauré leurs «règles maffieuses». C'est à partir de cette époque que le football algérien a été placé sous l'emprise de ces «dirigeants voyous» qui ont jeté les bases de la corruption. Tout le monde a succombé aux «charmes» de ce fléau. Tout s'achetait : les matches, les joueurs, les arbitres, les coaches, les dirigeants. C'était les années de balbutiement de l'instauration de la corruption. A partir des années 2000, le phénomène a pris une autre dimension. Du stade de l'artisanat «tu me donnes un match et je te le rends après», les nouveaux «spécialistes» sont passés à celui d'une industrie bien huilée. La simple triche du départ s'est petit à petit transformée en une gigantesque pieuvre qui est le symbole de la maffia. La corruption, la combine, la triche sont présentes à tous les niveaux et échelons du football. Celui qui prétend le contraire vit sur une autre planète. Même les petites catégories et les jeunes joueurs n'échappent pas à cette dérive. Elles ont fini par devenir une institution dont nul ne peut y échapper dans le monde «merveilleux» du football. La Fédération, à l'instar de toutes les autres composantes du football, est la première responsable de cette situation. Elle n'a pas fait grand-chose pour protéger le ballon rond des prédateurs qui rôdent autour. Sa première faiblesse réside dans son insignifiant arsenal réglementaire dépassé par la situation et les événements. A chaque fois que le débat sur la corruption est sur la table, la Fédération dégage en touche faute de règlement adapté pour lutter contre cet ignoble pratique. Avoir toujours recours au motif usé d'étalement de preuves et d'absence de réaction de la justice n'absout nullement la Fédération de sa responsabilité dans la lutte contre la corruption. Son incapacité à s'engager résolument dans ce combat est manifeste. Mieux encore. Elle est contenue dans ses propres règlements puisqu'elle reconnaît implicitement que la combine et la corruption existent à travers l'article 79 classement des règlements généraux qui départagent entre deux équipes qui terminent à la même place au classement. Le rédacteur a précisé à l'alinéa c de cet article «la meilleure différence de buts obtenue par une équipe sur l'ensemble des matches joués par les équipes en question lors de la phase aller». Dans l'esprit du «législateur» les choses se déroulent normalement durant la première partie de championnat, mais dés le début de la phase retour c'est l'entrée en lice de la combine et de la corruption. Cette face hideuse du football a encore de beaux jours devant elle en Algérie. Elle «dispose» d'une immunité sans limites. Jusqu'à quand ?