Voilà déjà une dizaine de jours que des bancs de thon rouge sont signalés au large d'Arzew et d'Oran. Malheureusement, seul un bateau rattaché au port de Mostaganem parvient à en capturer. Il s'agit du senneur «Hadja Fatma», un navire de près de 20 mètres, fabriqué dans un atelier espagnol. Disposant d'un filet à bonites, il parvient tout de même à capturer quasi quotidiennement entre 50 et 100 quintaux de thon de différentes tailles. Le poids de ces thons rouges, qui sont très appréciés pour la qualité de leur chair, varie entre 20 et 70 kg. En raison de l'inadaptation du filet à ce genre de pêche, il arrive que la prise des grosses pièces entraîne systématiquement des dégâts dans le filet de 600 mètres de long que les ramendeurs restés à terre s'échinent à rafistoler quotidiennement. Ce qui provoque le courroux d'Ali Beggar, le dynamique patron de pêche qui ne cache pas sa fierté de participer, avec des moyens dérisoires, à capturer une partie infime de cette richesse inespérée. Surtout qu'il est pratiquement le seul à ramener à terre une partie anecdotique de cette manne que l'Algérie est toujours incapable de capturer avec ses propres moyens. Pourtant ramenés dans le cadre de la relance économique engagée par la tutelle, une quinzaine de thoniers, financés en grande partie par le Trésor public, reste dramatiquement à quai, faute de filets à thons et surtout de savoir-faire. Le comble c'est que ces bandes de thon venus de l'Atlantique ne se gênent pas pour s'engraisser des bancs de sardines locales avant d'aller garnir les filets des bateaux espagnols, italiens ou tunisiens. Car l'Algérie n'a pas encore acquis ni les bateaux ni les filets à thon rouge, indispensables à cette activité factuelle.