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une économie domestique ou à domestiquer ?
L'économie algérienne aujourd'hui
Publié dans El Watan le 25 - 06 - 2012

D'après le dictionnaire des sciences économiques, le concept d'économie domestique tente de rendre compte du système économique centré sur la famille, caractéristique des sociétés traditionnelles à forte autoproduction et autoconsommation qu'on peut appeler économie vivrière.
L'économie domestique s'oppose d'un point de vue moral à l'économie monétaire car d'un autre point de vue anthropologique ce type d'économie est lié aux structures socio-parentales à la base de la création en Algérie des EURL et SARL au lieu des autres catégories d'entreprises comme la SPA. Dans ce sens, la place de l'économie domestique s'insère difficilement dans le modèle capitaliste et donc son rapport à l'économie marchande demeure non maîtrisé et peu maîtrisable.
C'est pour ces raisons que notre économie développe fortement l'économie souterraine dite informelle dans la périphérie familiale ou des relations du voisinage immédiat où l'échange des services marchands et non marchands s'opère loin des structures de régulation et très loin des marchés officiels (notamment des capitaux).
La raison historique en est que l'économie algérienne depuis 1967 a été construite sur le modèle soviétique dit de planification centralisée qui a produit, comme partout ailleurs où ce modèle a été suivi, une économie de pénuries et une autre économie que l'on peut qualifier de conventions.
L'économie de pénuries a eu pour résultat de proposer des équilibres à prix fixe aux dépens de la productivité et de la performance du rapport qualité-prix dans la sphère industrielle publique et même privée. Ainsi, contrairement aux énoncés du modèle soviétique, ce n'est pas la planification centralisée ni les contraintes qui pèsent sur les entreprises qui régissent les relations économiques, mais bien le système de gestion des pénuries.
Celui-ci se caractérisait par de longues files d'attente et le marché noir au niveau des consommateurs. Au niveau du système productif, il se caractérisait aussi par le gaspillage des facteurs de production et par l'économie souterraine.
Nous notons que le passage à l'économie de marché depuis 1988 n'a pas réglé ces pesanteurs de l'économie algérienne en raison des conséquences de l'économie de pénuries qui a produit un autre type d'économie appelé économie des conventions.
L'économie des conventions explique que la rationalité des agents et le fonctionnement du marché, du moins sa régulation, s'expliquent plus par des normes (droit des contrats) et règles de comportement (organisation du travail), dites implicites et explicites propres à une société donnée, que par le marché tel que l'explique la théorie de la régulation par le marché ou les relations économiques sont régies par des normes et règles théoriques standards.
Ainsi, les règles et procédures sont produites par la société (relations individus- individus) et non par l'Etat grand régulateur institutionnel dont les investissements en la matière sont de pure forme. Sous cet angle, il est facile de comprendre le comportement en Algérie du marché informel de change pour saisir la variation des cours déconnectée du marché officiel (à cause d'une demande réelle de monnaie forte non satisfaite par le marché officiel). La question est pourquoi laisser les choses en l'état qui masquent la véritable loi de l'offre et de la demande? Comme dans l'ensemble des autres activités.
L'économie de marché à laquelle on s'essaie depuis 1988 n'a pas à son tour produit les équilibres qui en étaient attendus en raison principalement de son application théorique loin des conséquences produites sur la société algérienne par l'économie de pénuries sous-jacente à l'économie des conventions implicites et explicites des agents du marché (Etat, ménages, entreprises). Les seules lois du marché n'ont pas produit les équilibres généraux : ni la concurrence, ni la régulation ni l'offre et la demande n'expliquent par exemple la spéculation à la base des prix exorbitants des produits et services qu'offre le marché
En plus d'être une économie domestique, notre économie est une économie de spéculation passive (argent facile) parce qu'elle évolue dans ce que l'on peut appeler un marché imparfait (monopole, oligopole, tiers-secteur, informel, marché noir né de la désorganisation des circuits de distribution, absence ou complaisance des autorités de veille…).
Ces dysfonctionnements sont en vérité à la base de la crise sociale ou la violence des contestations et la répression qui s'en suit. Les réponses des pouvoirs publics ne collent pas au diagnostic réel et effectif (logement, chômage …). Le traitement du chômage entre dans la catégorie des réponses incohérentes de gestion du phénomène.
Sur un autre registre, l'inefficacité du dialogue social trouve sa raison ici parce que les pouvoirs publics ne comprennent pas les motivations des contestataires sociaux. Ces contestations naissent du marché réel (location à prix exorbitant d'un atelier ou d'un logement au bas mot à 25.000 DA) et son rapport au salaire moyen contesté qui couvre à peine ce prix réel du marché (SMIG à 18 000 DA). Dépenses de santé réelles non remboursées par le système officiel de couverture de la CNAS (honoraires des médecins). Les honoraires des autres professions libérales ne sont pas à oublier (un avocat réclame pas moins de 30 000 DA pour défendre un justiciable dans une simple affaire).
Bien d'autres exemples peuvent être cités, y compris dans la sphère marchande où des agents de la distribution de gros paient un prix réel départ usine en espèces qui n'apparaît pas sur la facture (différentiel entre prix déclaré et prix payé). Des entreprises qui ne paient pas réellement leurs cotisations sociales sur la base des vrais effectifs employés. Des chiffres d'affaires et bénéfices dissimulés. Des importateurs de chambres à coucher depuis la Chine, pour ne prendre que cet exemple, payées à 150 $ l'unité les revendent en Algérie à 240.000 DA soit 3428 $. Que perçoit le Trésor public en termes de revenu fiscal quand il fait semblant d'ignorer ces réalités tragiques !
Au total, un sérieux travail d'évaluation des affaires socioéconomiques devrait être mené par l'ensemble des départements ministériels, chacun en ce qui le concerne, si l'on veut réellement tendre vers l'Etat de droit.
Dans le cas de l'Algérie, il doit tendre à éliminer l'ensemble des incohérences de gestion qui ont des surcoûts supportés par son budget national et le budget des citoyens (sur leur revenu). Que ces incohérences soient attachées aux systèmes de gestion publique (fiscal, douanier, commercial, social…) ou aux comportements des agents industriels et commerciaux, l'Etat doit prendre conscience qu'un retour vers l'orthodoxie est la seule planche de salut pour dompter les équilibres généraux de l'économie nationale notamment l'expansion de la dépense publique de fonctionnement et la facture de l'importation (+40 milliards de $ à fin 2011). Il ne suffit pas de le réclamer dans des discours et programmes d'actions pour que la lumière soit ! Parce que notre économie reste une économie à domestiquer… .
Ce constat étant fait, que faisons-nous pour le changer ?
Dans l'histoire successive de notre nation, le commerce intérieur et surtout extérieur a toujours été florissant jusqu'au départ des colons en 1962. Depuis la restauration, les Algériens ont été confrontés à des choix politiques industriels et commerciaux qui, pour le moins qu'on puisse dire, leur ont fait perdre le sens du commerce tant au plan interne qu'externe, sinon pourquoi l'industrialisation ?
La construction de l'Etat restauré sur la mauvaise copie de l'Etat colonial n'a pas favorisé une symbiose sociale. Celui-ci a frôlé la faillite générale en 1988 (crise de la dette) pour ne pas dire une destruction totale sous les coups de boutoir du terrorisme armé et du mal vivre jusqu'en 1997.
Depuis lors, et à la faveur d'un retour au calme relatif et une stabilisation politique toute relative, elle aussi, car les menaces n'ont pas disparu pour autant, les Algériens restent à la recherche d'un modèle économique qu'ils ont crû avoir perçu dans la combinaison de l'économie sociale de marché ou encore l'économie mixte pour mettre de côté les préjugés idéologiques.
C'est donc au règlement pacifique des voies et moyens d'accès au pouvoir, à tous les niveaux, que l'Algérie pourra refaire démarrer son train économique bloqué au modèle de 1967 avec ses autorisations de programmes pluriannuelles et ses crédits de paiement annuels (premier plan triennal).
Sans l'alternance pacifique aux leviers de commande, aucun d'entre nous ne pourra vérifier si l'illégitimité au (du) pouvoir est la véritable cause de la panne nationale caractérisée par la fuite des cerveaux, la harga, la hogra et la démobilisation quand ceux qui (nous) gouvernent sont accablés par la corruption, phénomène ayant englouti des empires entiers.
Aujourd'hui, nous y sommes loin de l'économie domestique, même nos paysans consomment du pain acheté chez le boulanger qui le produit avec du blé et des technologies importées !
Notre modèle d'autoproduction et autoconsommation du pétrole et gaz nous fait ressembler à l'économie domestique : dites-vous bien que le thé consommé dans votre salon équivaut à une consommation de pétrole, car le thé est acheté avec l'argent du pétrole ; étendre l'exemple à satiété pour comprendre ce qu'a bien voulu dire le président Bouteflika : «Nous mangeons du pétrole et respirons du gaz».


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