La chaleur caniculaire de ces derniers mois a provoqué une forte demande sur les climatiseurs. La contrefaçon fait des ravages. Après les pièces de rechange, les parfums, les jouets, c'est au tour des climatiseurs d'être touchés par ce phénomène. Les prix abordables de ces appareils attirent des clients qui ne sont pas très regardants sur la qualité des produits vendus, à des prix variant entre 10 000 et 30 000 DA et plus, suivant la capacité qui oscille entre 7000 et 36 000 BTU. Les fortes chaleurs de ces derniers mois ont provoqué le rush des consommateurs vers les quartiers spécialisés dans la vente des produits électroménagers : El Hamiz, ‘‘Dubaï'' à El Djorf (Bab Ezzouar), Réghaïa, Rouiba... sont devenus des points d'attache d'une clientèle de plus en plus nombreuse, en dépit de la spéculation remarquée ces dernières semaines. Des accidents, dont l'origine provient des climatiseurs contrefaits, sont signalés : des asphyxies en raison des gaz toxiques contenus dans ces équipements ou carrément des courts-circuits. Les services de la Protection civile expliquent l'incendie de la rue Larbi Ben M'hidi, la dernière semaine du mois de Ramadhan, par un court-circuit qui a provoqué un départ de feu détruisant les planchers de trois appartements. Mêmes causes dans des cités populaires comme Mokhtar Zerhouni (Les Bananiers) ou même à El Achour, Douéra et Draria, où les climatiseurs sont en passe de dépasser en nombre les antennes paraboliques qui marquent le paysage urbain de la capitale. Pour sa part, Sonelgaz explique les coupures d'électricité récurrentes par la surconsommation due à l'utilisation de climatiseurs énergivores. Intervenant lors du Forum de Liberté, Noureddine Bouterfa, PDG du groupe, a affirmé que l'utilisation des climatiseurs a engendré une hausse de l'ordre de 20%. «Huit climatiseurs sur dix fonctionnent de manière frauduleuse (…). Les climatiseurs consomment 1000 mégawatts, l'équivalent d'une fois et demie la consommation d'Alger», a relevé M. Bouterfa, suivi dans cet argumentaire par les responsables des différentes directions de distribution, dont la SDA, sa filiale algéroise. Des marques mondiales ou même nationales, spécialisées dans le segment, ont confirmé également la dangerosité de ces appareils écoulés sans que les services des Douanes algériennes, de la DCP ou des services de sécurité se décident à réagir avec célérité. Des actions sporadiques sont toutefois signalées par les services de sécurité ou les douanes, aux avant-postes de la lutte contre la contrefaçon. Des marques se sont aussi impliquées dans des campagnes dont le résultat n'est guère évident en raison de la complexité du phénomène et des lenteurs bureaucratiques des services de lutte contre la fraude. Le tribunal de Rouiba s'est emparé, d'après des sources judiciaires, d'une affaire d'importation de 10 000 climatiseurs contrefaits stockés dans une vingtaine de conteneurs. L'on annonce également la saisie par les services de la police judiciaire de plus de 20 000 climatiseurs, en une semaine seulement. Sans l'implication des citoyens, d'autres incidents seront malheureusement enregistrés à cause de l'utilisation de ces climatiseurs contrefaits.