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«La protection des enfants contre les handicaps passe par la vaccination» Dr Ismaïl Ali Pacha. Pédiatre, président de l'Association des pédiatres libéraux
-Quel est le meilleur moyen de prévenir ces handicaps ? Les infections invasives causées par le pneumocoque demeurent la première cause de mortalité à travers le monde, mais aussi dans notre pays puisqu'on a recensé près de 1000 décès chez les enfants de moins de 5 ans pour l'année 2010. Elles sont aussi à l'origine d'une morbidité importante, notamment les méningites et les otites qui peuvent laisser des séquelles invalidantes chez les jeunes enfants. Pour moi, la prévention par le biais de la vaccination reste le moyen le plus efficace pour réduire ces handicaps, pour preuve, dans tous les pays où le vaccin antipneumococcique a été introduit dans le programme de vaccination, les infections attribuables aux sérotypes contenus dans ces vaccins ont chuté de façon considérable. En outre, pour notre pays, si on fait un parallèle avec l'infection à hemophilus, on a constaté qu'après l'introduction du vaccin Hib en 2008, l'incidence des méningites a bien diminué et que le pneumocoque demeure le principal germe en cause dans les méningites du nourrisson. -Quelles sont les souches qui causent la majorité des infections pneumococciques en Algérie ? Le pneumocoque est une bactérie d'une très grande diversité. Il existe une centaine de stéréotypes du pneumocoque, dont l'importance est variable en médecine humaine. Une dizaine de souches sont particulièrement virulentes et réparties de manière homogène à travers le monde. Dans notre pays, une étude récente du Pr N. Ramdani, publiée en 2012, a mis en évidence la présence des stéréotypes 14, 1, 19F, 6A, mais aussi le 19A et le 7F, tous deux responsables plus particulièrement des méningites. Mais ce qui est le plus alarmant dans cette étude c'est le fort taux de résistance de ce germe aux antibiotiques. -Quels sont les facteurs de risque qui favorisent la pneumonie chez l'enfant ? Avant tout l'âge ; la population la plus vulnérable demeure le nourrisson. C'est pour cela que la vaccination doit se faire dès la première année de la vie. Au-delà de deux ans, les enfants à risque sont plus susceptibles d'être infectés par le pneumocoque avec un pronostic plus sévère, notamment ceux atteints de maladies chroniques cardio-respiratoires, ceux atteints de drépanocytose ou splénectomisés, les enfants immunodéprimés et ceux atteints d'hémopathies malignes. -Qu'en est-il de la vaccination contre l'infection pneumococcique en Algérie ? Là, c'est l'incompréhension la plus totale, on ne comprend pas pourquoi la vaccination tarde à voir le jour dans notre pays. La communauté médicale la revendique depuis plus de deux ans, elle a démontré l'utilité du vaccin, les pédiatres ont plaidé sa cause auprès du ministre de la Santé lors de la session parlementaire consacrée à la vaccination en février 2012 et ont aussi préconisé la révision du calendrier vaccinal pour optimiser ce volet important de la prévention. Malheureusement, à ce jour, la vaccination n'a pas été introduite dans le Programme élargi de vaccination (PEV), un retard dommageable pour nos enfants.
