Curieux de découvrir, pour la première fois au théâtre de Constantine, la troupe irakienne Touyour Dejla (les oiseaux du Tigre), le public, celui des grands jours, a assisté, lundi dernier, à la 3ème soirée du festival international du malouf. La découverte était de taille, autant que les belles surprises réservées aux Constantinois, surtout que le maestro Aâla Madjid, n'a rien laissé au hasard. Au moment fort de la soirée, une femme émerge de la troupe, habillée – comme toutes les autres femmes-, de la fameuse robe appelée El Hachemi, décorée d'un joli palmier au centre, symbole de l'Irak. Elle s'arrête devant le micro, salue le public, et dit, en arabe algérien: «Je m'appelle Benouataf Dalila, je suis originaire de cette ville, Constantine. Ma famille s'est installée au Maroc. C'est grâce à mon mari irakien que j'ai connu les grandes dames de ce groupe, avec lesquelles j'ai appris à chanter le maqam irakien qui me plaît beaucoup. C'est un plaisir d'être avec elles.» Applaudissements nourris d'une salle comble qui a suivi attentivement, sans débrancher, jusqu'à la fin. Il faut avouer que la prestation des 23 chanteuses de Touyour Dejla, accompagnées par six instrumentistes et dirigées par le maître Aâla Madjid, a été parfaite. Les chants d'amour sur les rives de la fameuse rivière de l'éternel Irak, traversant la capitale des Abbasside, et les poèmes inspirées du riche patrimoine de toutes les régions de ce pays à l'histoire millénaire, notamment ceux rendus célèbres grâce au grand Nazem Al Ghazali, ont été interprétés avec brio, le sourire aux lèvres et dans les yeux. On retiendra, entre autres, «Wine rayah», «Salem Ouyounek el helouine», «Ahabek la arid anssak», «Badi gademlek hadiya», et «Eddalel aliya». Une heure et demie de pur bonheur ! Pour l'histoire, la troupe Touyour Dejla a été fondée en 2008 en Suède par une Irakienne, Souad Aïdane. Avec sept autres femmes, elle décide de lancer cette initiative pour dénoncer la marginalisation et l'oppression subies par les femmes, mais aussi pour donner aussi une belle image de leur pays qui endure les pires moments de son histoire. Le groupe qui véhicule, à travers ses concerts, des messages d'amour et de paix, connaîtra une grande célébrité en Suède et partout dans le monde. Même si ces dernières ne sont pas forcément des chanteuses professionnelles, elles n'en ont pas moins réussi à charmer tous ceux qui les ont écoutées, et le grand mérite en revient au maestro Aâla Madjid qui a su donner toute sa dimension artistique à ce groupe.