Dimanche dernier, le directeur général de la filiale CNAN-Nord du groupe CNAN, M. Djoudi, a été informé par téléphone de son limogeage par sa hiérarchie, sans aucune explication. Le responsable, a-t-on appris auprès des travailleurs, ne s'attendait pas à une telle sanction, eu égard «au bilan positif» de sa gestion depuis moins d'une année. Pour nos sources, la décision n'est en réalité qu'«un règlement de comptes». Le directeur général avait été nommé à ce poste durant le deuxième semestre de 2011, alors que l'entreprise était en situation de cessation de paiement, et plusieurs de ses navires étaient soit saisis à l'étranger, soit dans des chantiers de réparation. Le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) dont le contenu a été publié par El Watan, dans son édition de mercredi dernier, avait, rappelons-le, mis en exergue le caractère catastrophique de la gestion héritée par le tout nouveau directeur général. A ce titre, ce dernier avait demandé un audit approfondi aux membres du conseil d'administration. En attendant la réponse de la tutelle, le directeur général met en place un plan d'austérité, qui consiste à mettre un terme aux affrètements onéreux de navires, au paiement (en devises) de factures surestimées, etc. En clair, le premier responsable a limité de manière drastique les dépenses de cette filiale et réduit considérablement son déficit. Il a réussi à obtenir une facilité de caisse d'un montant de 700 millions de dinars, qui vont permettre à la filiale de redresser la situation et de commencer à être plus rentable que déficitaire. La réaction du groupe et de la tutelle ne s'est pas fait attendre. D'abord par le changement, sans aucun préavis et sans la présence du directeur général, de quatre membres du conseil d'administration. Les deux journées de protestation des travailleurs n'ont servi à rien. Mieux, dimanche dernier, c'est le directeur général qui est sommé de quitter son poste. Les raisons, nous révèlent les travailleurs, seraient liées à la publication par El Watan du contenu du rapport de l'IGF. «Le directeur général a été accusé par sa hiérarchie d'avoir remis le document aux journaliste», déclare un syndicaliste. Les conditions de ce limogeage ressemblent étrangement à celles dans lesquelles Mme Younsi, ex-présidente-directrice générale de CNAN Group, avait été «remerciée», et ce, après avoir réussi une action en justice, en Grande-Bretagne, contre un de ses partenaires, le groupe Pharaon, qui voulait accaparer la flotte d'IBC, une des filiales du groupe. Pour tous les travailleurs, Mme Younsi, juriste de formation, a été démise de son poste parce qu'elle refusait d'obéir aux injonctions de sa hiérarchie. Les mêmes raisons qui ont poussé celle-ci à démettre M. Djoudi de son poste de directeur général de CNAN-Nord. Affaire à suivre…
