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À la recherche d'une politique muséale nationale
En finir avec les cimetières de la mémoire
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2006

Existe-t-il en ce début de XXIe siècle des villes sans musées ? Pour des pays considérés comme de vrais puissances culturelles, la question ne se pose même pas. Chez nous, les plus grandes villes du pays continuent à vivre avec « un minimum » de musées, alors que d'autres en sont tristement privées.
Est-il normal que des régions dont l'histoire séculaire ne fait aucun doute, où des centres urbains et ruraux aussi prestigieux et pittoresques que Tizi Ouzou, Tlemcen ou Ghardaïa restent sans musées ? Il est inacceptable que les pouvoirs publics en Algérie s'obstinent depuis des décennies déjà à tourner le dos à ce type d'institutions, en croyant peut-être qu'il est suffisant de ce contenter des maigres infrastructures muséales héritées de la période coloniale, et qui constituent le « minimum » évoqué ici. Parler de musée, c'est aussi savoir peser ses mots. Il ne s'agit pas d'inclure sous ce vocable ces espaces d'exposition improvisés ici et là, et que l'on continue encore à leur accoler à tort le nom de « Musée ». Le musée, faut-il le rappeler, est avant tout un projet culturel et scientifique, réfléchi et conçu par une équipe pluridisciplinaire formée de conservateurs, d'architectes, de muséographes et de scénographes, pour ne citer que ceux-là. Mais au-delà des musées, ce dont nous sommes réellement dépourvus, c'est d'une véritable politique muséale sérieusement menée pour être à même d'établir une réconciliation avec un public qui demeure indifférent à ce qui lui est présenté jusqu'à maintenant. Une politique à même aussi de situer le musée à sa juste place en tant que facteur de développement culturel et touristique. Loin d'être négativement critique, ou de faire dans la lamentation et le pessimisme, comme cela se fait souvent lorsqu'il s'agit d'évoquer notre patrimoine culturel national - il est en effet aisé de s'apercevoir que le patrimoine historique n'est en général relaté sur les colonnes de la presse nationale que pour signaler les multiples atteintes, violations ou autres dégradations volontaires et involontaires, en passant par des affaires de trafic illicite et de pillage qui font de temps à autres la Une des journaux - en tant que professionnelle dans le secteur du patrimoine culturel, il y a lieu d'évoquer à travers cette modeste contribution un certain nombre de points relatifs notamment au domaine des musées et du patrimoine qui y est soit présenté sous forme d'expositions permanentes ou temporaires ou alors entreposé dans des réserves. Nul n'ignore l'état actuel de nos institutions muséales qui ne brillent, malheureusement, que par leur absence presque totale de la scène culturelle et sociale du pays. Un constat manifestement aux antipodes de ce que peut représenter le musée de nos jours. Cette institution qui offre une occasion unique aux citoyens ainsi qu'aux touristes de découvrir et d'explorer les différentes facettes de notre histoire à travers des œuvres originales. Il est vrai que l'Etat s'est énormément investi pour réformer les musées, sur les plans administratif et financier en leur assurant grâce à une réglementation qui leur est appliquée depuis 1985 (1), une gestion plus autonome tout en ayant bien entendu le ministère de la Culture comme tutelle. Il s'agit des musées nationaux qui abritent une bonne partie de notre patrimoine culturel mobilier archéologique, ethnographique et artistique. Mais il importe de souligner à ce sujet que le musée est une institution qui revêt un caractère un peu particulier notamment lorsque nous devons comparer celle-ci à d'autres institutions tels que l'école, l'université ou les centres de recherche.
Prise en charge insuffisante
Il est donc tout à fait logique et raisonnable que la réforme que l'Etat doit opérer sur cet important segment de la culture matérielle de la nation soit, elle aussi, adaptée à ce caractère particulier. Les principales caractéristiques des musées, nous les trouvons résumées dans la définition que le conseil international des musées (ICOM), auquel adhère l'Algérie, donne à l'institution muséale. En effet, dans le statut de cette ONG, adopté lors de sa 16e assemblée générale à La Haye le 5 septembre 1989, nous pouvons lire à son article 2 que « le musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouvert au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l'homme et de son environnement, acquiert ceux-la, les conserve, les communique et notamment les expose à des fins d'études, d'éducation et de délectation ». Il est par conséquent évident que l'action purement administrative et financière à laquelle se limite l'intervention et la prise en charge assurée par les pouvoirs publiques aux musées s'avère, aujourd'hui, nettement insuffisante. Elle doit par ailleurs être impérativement suivie et complétée par une véritable modernisation du secteur. Un premier pas avait été franchi dans ce sens avec la signature en 1991 (2) du statut particulier relatif à la gestion et l'organisation du personnel scientifique et technique des musées. Statut jugé préjudiciable sur certains points et qui fait actuellement l'objet d'une révision, que les professionnels du secteur ont tant attendue. Le statut actuel était conçu pour eux mais sans eux, ce qui justifie l'insatisfaction des travailleurs. Le futur statut, quant à lui, aura au moins le mérite d'avoir eu comme partie prenante à son élaboration, ou plutôt à sa révision, les professionnels du patrimoine et c'est là - avouons le - une avancée considérable sur le long chemin que nous devons tous emprunter dans l'espoir de développer la profession muséale en Algérie, à condition évidemment que les proposition de ceux-ci soient prises en compte par les décideurs au département de la culture, lors de l'adoption finale du nouveau texte. Pour ce qui est de la modernisation du secteur des musées en Algérie, il faut dire en toute objectivité qu'elle demeure, à ce jour, partielle et superficielle en matière de gestion des ressources humaines. Elle est pratiquement nulle en ce qui concerne les infrastructures modernes et la politique susceptible de les faire fonctionner et évoluer durablement. Expliquons-nous : Le statut particulier de 1991 a certes permis aux conservateurs des musées nationaux de s'entourer de jeunes collaborateurs ayant une formation universitaire. Mais si nous essayons de voir les choses un peu plus en profondeur, nous constaterons que le texte en question dépasse de loin la réalité et qu'il n'est pas conforme à celle-ci. On en convient parfaitement, les textes sont indispensables, mais un texte qui ne correspond pas à la réalité du terrain, reste à la limite du théorique. Un jeune universitaire fraîchement armé d'une licence en archéologie, en histoire ou en sociologie, qui vient atterrir dans un musée, souvent pour la première fois ! pour ensuite devenir ce que le statut particulier appelle « Attaché de conservation et de valorisation », sera confronté à des tâches et des missions diverses : établissement d'un inventaire, enregistrement des objets, conservation préventive des collections en exposition et, en réserve, ajouté à cela l'organisation des visites et bien d'autres choses. Le pauvre « attaché » se retrouve donc face à un univers, pour lequel il n'a jamais été préparé. Il y a, en fait, une étape incontournable qui doit précéder le recrutement et l'intégration professionnelle, ou du moins l'accompagner, il s'agit de la formation à caractère professionnelle qui viendrait compléter et perfectionner la formation académique déjà acquise, importante certes,mais pas forcément efficace pour la vie active.
Apprentissage sur le tas
Les choses continuent malheureusement de fonctionner ainsi, la raison est toute simple, l'Algérie reste à ce jour l'un des rares pays où il n'y a aucun établissement spécialisé dans la formation liée au métier du patrimoine et des musées. L'inexistence durement ressenti de telles institutions - présentes dans les discours, absentes sur le terrain - laisse tout de même le champ libre à un autre type de formation insuffisante et boiteuse voire dangereuse, que l'on appelle communément la formation sur le tas, c'est à dire sur le lieu même du travail, sans aucune assistance (différencions toutefois formation sur le tas et stage pratique en milieu professionnel encadré par des formateurs qualifiés). Ce genre d'apprentissage, c'est-à-dire celui qu'on effectue sur le tas, a maintenant montré ses limites et ne pourra en aucun cas se substituer à une formation proprement dite, suivie soit dans un établissement spécialisé ou dans le cadre d'un stage en milieu professionnel. Cette préoccupation ne date pas d'aujourd'hui, en fait deux années seulement après l'Indépendance, en juillet 1964, un important rapport de 77 pages intitulé Etude d'ensemble sur les Musées algériens, réforme et modernisation avait été réalisé par un consultant de l'Unesco, suite à une mission de 38 jours dans les musées algériens, sur demande des autorités compétentes de l'époque. Ce document, au contenu si précieux, est paradoxalement très peu exploité malgré la grande pertinence de ces propositions. Il était justement question, dans le dernier chapitre consacré aux propositions de réformes, de formation du personnel. L'auteur insistait sur ce point en affirmant que « la formation professionnelle est le problème le plus important à envisager dans nos conclusions, car les musées ne valent que par le personnel qui les gère. Sans spécialiste compétent, intelligent, actif et dévoué, les meilleures propositions de réforme et de modernisation pour les musées restent dans le domaine des idées théoriques est lettre morte. » (3) Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Les politiques et les méthodes de gestion ont de tout temps existé, mais elles n'ont eu, pour effet, que le rejet et le mécontentement de ceux qui les ont subit ! A tel point que certains se révoltent en disant : « Mais bon sang ! Nous ne sommes pas des cobayes que les sacrés laborantins du ministère de la Culture cultivent pour y tester toutes sortes de formules de gestion dont l'alchimie ne prend malheureusement jamais ! » Le résultat étant toujours décevant, tant pour eux que pour les malheureux sujets que nous sommes, le temps d'une expérience manquée, qui risque de ruiner une carrière professionnelle entière, en attendant l'arrivée d'une nouvelle génération de cobayes ! Ce que les travailleurs du secteur du patrimoine culturel revendiquent par contre, et avec beaucoup d'insistance mêlée de la passion qui les anime pour leur noble métier, c'est que l'Etat ait par le biais de ses instances concernées, la volonté d'une sérieuse prise en charge du monde des musées en Algérie à travers une véritable politique qui soit systématiquement accompagnée de ses moyens humains, matériels et organisationnels. Sans cela, nos musées demeureront, à jamais, des endroits qui ressembleraient plus à des cimetières bien gardés, où reposerait notre glorieuse mémoire. Œuvrons donc, tous ensemble, pour que nos musées soient à la hauteur de la noblesse de leur missions et pour qu'ils retrouvent leur statut de vrais temples vivants du patrimoine, dont les vitrines seront les écrins transparents de la mémoire, qui éclaireront impeccablement le passé pour mieux entrevoir l'avenir.
Notes de renvoi :
1) Décret n° 85-277 du 12 novembre 1985, portant statut type des musées nationaux .
2) Décret exécutif n° 91-340 du 28 Septembre 1991, portant statut particulier des travailleurs de la culture.
3) Etude d'ensemble sur les Musées algériens, réforme et modernisation, par le docteur Selim Abdul hak, consultant auprès de l'Unesco, Unesco, Juillet 1964.


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