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Mohamed Saïb Musette. Chercheur au CREAD
« La demande de main-d'œuvre infantile est assez forte »
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2006

Mohamed Saïb Musette est maître de recherche au sein du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) à Alger. Il a participé aux travaux de recherche conduits par une équipe du CREAD, entre 2001 et 2004, dans le cadre de la réalisation d'un projet portant sur le travail des enfants en Algérie. Dans cet entretien, il nous révèle les contours de ce phénomène en Algérie.
Quelle est l'ampleur du travail des enfants en Algérie ?
Nous n'avons pas encore une mesure réelle de l'ampleur du travail des enfants (âgés de moins de 18 ans) qui travaillent en Algérie. Les estimations actuelles (Unicef, INT) sont partielles et très approximatives. Deux faits observables, dans la réalité, témoignent que le spectre de ce phénomène a pris de l'ampleur : d'abord, il est de plus en plus « visible » en Algérie (dans l'urbain comme dans le rural), puis il existe une certaine légitimation sociale, voire familiale, à la mise au travail des enfants, notamment ceux exclus du système d'éducation-formation. Nos études sur les activités informelles, qui connaissent une progression rapide actuellement, attestent une présence, de plus en plus forte, des enfants de moins de 18 ans !
Le ministre du Travail, Tayeb Louh, a affirmé qu'il n'y a pas en Algérie les pires formes du travail des enfants. Quelles sont justement les formes de ce phénomène qui existent dans notre pays ?
Le ministère du Travail a une vision légaliste et sectorielle du phénomène, ce qui exclut de son champ de vision les pires formes, telles que définies par l'OIT. On peut admettre que l'emploi des enfants sous les formes d'esclavage, de la prostitution ou des activités illicites, sont des formes extrêmes qui ne sont pas observées en Algérie. Mais la dernière forme - celle qui expose l'enfant aux risques multiples pouvant nuire à sa santé, à sa sécurité et à sa moralité est présente en Algérie. En dehors de cette forme extrême, il existe des formes « acceptables » et autorisées en Algérie, telle que l'apprentissage dans l'urbain et les travaux d'aide familiale dans le monde rural. Puis l'ensemble des travaux auxquels les enfants s'adonnent, avec l'autorisation des parents, durant les vacances scolaires. Puis, les services publicitaires, artistiques, cinématographiques qui utilisent largement le travail des enfants, l'image des enfants à des fins économiques. Ces prestations, socialement légitimées, gagnent en ampleur et méritent une grande vigilance, car ces formes de prestations peuvent facilement basculer dans les pires formes.
Qu'est-ce qui pousse un enfant à travailler en Algérie ?
Les causes du travail des enfants en Algérie sont multiples et complexes. Au moins quatre éléments peuvent être sériés. Premièrement, l'exclusion ou l'auto-exclusion scolaire. Les enfants qui « sont orientés vers la vie active », selon le jargon scolaire, est un effet de structure du travail des enfants. De même, la dévalorisation actuelle des diplômes par le chômage des jeunes fait que la réussite sociale ne passe plus par l'école, mais par l'entrée précoce dans le travail, dans « le bizness ». Trop vieux pour l'école, trop jeune pour le travail, les seules issues restent l'informel où tout est possible. La paupérisation ambiante des larges couches sociales en Algérie, (y compris les couches moyennes), licenciement, chômage, baisse du pouvoir d'achat, modification des modèles de consommation, apparitions des nouveaux besoins sont autant de facteurs qui incitent les parents à encourager la mise au travail des enfants. Puis il existe des « poches de misère » en Algérie dans lesquelles les valeurs n'existent que pour la survie de la famille où femmes et enfants vivent encore de leur force physique ou aucun élément de modernité, y compris l'école, n'existe que de manière virtuelle - je pense là aux populations des montagnes, des douars enclavées et des zones éparses dans le Sahara. Enfin, comme je l'ai évoqué, précédemment, les formes actuelles de l'apprentissage légal et informel et du travail dans les fabriques artisanales, les commerces et les exploitations agricoles familiales, sont des logiques économiques qui appellent et organisent le travail des enfants sans salaire et sans sécurité sociale. Dans ces segments, il existe une forte demande de travail des enfants pour des horaires précises (après les heures de classe) et des saisons de fortes activités (vacances scolaires, saison de récolte, période de Ramadhan...).
Quelles sont les conséquences sur l'enfant ?
Il est reconnu actuellement que le travail des enfants, notamment dans ses pires formes, doit être éradiqué, tant les effets constituent autant de menaces sur la santé (physique et mentale), sur la sécurité et sur la moralité des enfants. Les effets des formes actuelles, socialement légitimes bien qu'illégales en Algérie, comportent beaucoup de risques sur l'épanouissement normal de l'enfant. De jeunes garçons, travaillant sous les voitures dans les ateliers mécaniques ou soulevant des appareils lourds, manipulant des substances nocives, sans protection, peuvent facilement devenir handicapés. Des petites filles, qui des journées entières, exercent dans des ateliers de textile ou des enfants qui vendent des produits divers aux abords des routes de campagnes et des autoroutes sont exposés à tous les types de risque.
Que prévoit la réglementation pour lutter contre le travail des enfants ? Qu'est-ce qui est fait pour faire disparaître ce phénomène ?
Le code du travail algérien dispose d'un ensemble de textes permettant la lutte contre le travail infantile. L'accès au travail est fixé à 16 ans en Algérie sous certaines conditions. Mais ce n'est qu'à 18 ans révolus que la personne peut être employée dans n'importe quel type d'activité, de travail de jour comme de nuit ! Des mécanismes de contrôle existent aussi à travers l'Inspection du travail.
L'Algérie a ratifié la Convention internationale sur la lutte contre les pires formes du travail des enfants...
L'Algérie a ratifié la Convention internationale contre les pires formes du travail des enfants, mais elle n'a pas encore adapté sa législation nationale, sous l'argument que les pires formes n'existent pas en Algérie ! Le phénomène du travail des enfants ne saurait disparaître dans aucune société. Sa disparition est une utopie. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour la nouvelle Convention de l'OIT qui ne vise que les « pires formes ». Il existerait ainsi selon cette logique des « bonnes formes » qui peuvent et qui doivent être régulées selon les normes sociales du travail. La régulation des bonnes formes est ainsi une nécessité afin de ne pas les voir basculer dans les pires formes.
La dégradation du pouvoir d'achat et la pauvreté justifient-elles, à elles seules, le travail des enfants ?
Ces causes ont toujours été évoquées dans toutes les sociétés d'ailleurs, comme les racines du travail des enfants chez les populations ou les couches sociales défavorisées ou dominées. Il y a aussi les déperditions, l'analphabétisme, la dévalorisation des diplômes qui justifient une entrée précoce sur le marché du travail. Aujourd'hui, la demande de main-d'œuvre infantile est assez forte. A cette demande correspond une offre de travail - donc c'est un segment du marché du travail qui s'organise à la limite de la légalité. Ce segment fait partie intégrante du processus d'informalisation de l'économie algérienne.


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