On les savait ennemis mais ils ont longtemps évité la guerre ouverte, préférant l'attaque à fleuret moucheté. Mais voilà que Ouyahia a choisi de cibler directement Bouguerra Soltani, n'épargnant pas, au passage, Belkhadem. Le chef du gouvernement (qui a également la casquette de patron du RND) ne supporte pas que ces partis, et singulièrement le MSP, pensent aux législatives de 2007. C'est à ses yeux un « double jeu », car liées par la discipline de l'Alliance présidentielle, ces formations du pouvoir doivent n'avoir pour seule préoccupation que la mise en œuvre du programme du chef de l'Etat. Le secrétaire général du FLN se voit reprocher par Ouyahia son acharnement pour une révision constitutionnelle, jugeant qu'elle n'est pas une « priorité » de l'heure. Cette charge du leader du RND contre ses pairs de l'Alliance sonne l'arrêt de mort définitif de cette structure, après avoir été maintenue sous perfusion durant toutes ces années. C'est la fin de l'unanimisme de façade affiché à chaque réunion. Et paradoxalement, le chef du gouvernement « ouvre la course » aux législatives du printemps prochain. Les formations vont retrouver leur liberté et entrer dans la compétition avec leur propre programme. Reste à savoir, jusqu'où iront-elles par rapport au programme de Bouteflika, qu'elles ont jusque-là pleinement défendu ? Le RND, à ce stade, s'en tient à la fidélité inconditionnelle au chef de l'Etat, Ouyahia précisant qu'il ne se présenterait pas contre lui aux présidentielles de 2009. Ce n'est pas le cas de Bouguerra Soltani, qui a affiché l'ambition de succéder un jour à Bouteflika et de faire du MSP, des 2012, le premier parti d'Algérie. Il défie sur ce terrain le FLN, un parti « centriste » qui se positionne entre le RND et le MSP : fidélité au président de la République, mais pas inconditionnalité. Le FLN a encore besoin de Bouteflika pour se consolider dans le champ politique et les institutions élues, mais il cherche à voler de ses propres ailes. Le projet de révision constitutionnelle qu'il a mis en chantier vise à lui conférer les moyens de son ambition. Sentant le danger, Ouyahia s'opposera à toutes les tentatives de réforme de la Loi fondamentale laquelle, en outre, lui confère bien des avantages. Il en a les moyens de par sa fonction de chef du gouvernement. Mais il n'a aucune prise sur la surenchère partisane du MSP et du FLN qui est appelée à monter en puissance au fur et à mesure que l'on se rapproche des législatives de 2007. Le seul qui peut s'y opposer est le président de la République. Mais pour l'heure, celui-ci est en position d'observateur des luttes d'influences, évitant de trancher en faveur de l'un ou l'autre parti ou chef de formation. Il a besoin d'eux, ne serait-ce que pour mener à bien la réconciliation nationale, qui fait l'unanimité au sein du RND, du FLN et du MSP, quoique pour des objectifs différents.