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la place Tahrir prépare l'après-référendum
Alors que la «constitution Morsi» est passée
Publié dans El Watan le 25 - 12 - 2012

Le verdict du référendum sur la nouvelle Constitution en Egypte, qui s'est prononcé par 64% de «oui» selon des résultats officieux, ne semble guère avoir affecté plus que de raison les irréductibles de la révolution du 25 janvier campés à Maydan Attahrir.
Le Caire
De notre envoyé spécial
Depuis un peu plus d'un mois, cette fraction importante de l'opposition au président Morsi occupe la mythique place, cœur battant du Caire et symbole emblématique du soulèvement qui a fait tomber le régime de Hosni Moubarak. Ils sont installés nuit et jour dans des tentes et n'entendent pas décamper de sitôt, surtout pas après le quitus que vient de donner ce scrutin au président Mohamed Morsi, et qui lui confère par là même des pouvoirs exorbitants. Une cinquantaine de tentes (48 exactement, selon l'un des coordinateurs du camp) se cramponnent à «leur» place, malgré le froid de canard qui règne en ce moment au Caire.
Les tentes représentent chacune un parti, une association ou des groupes de contestataires indépendants, tous ayant en commun une farouche détermination à entretenir la flamme de la révolution du 25 janvier. On y trouve de tout : des Nassériens, des libéraux, des militants de gauche, des «facebookistes» heureux de retrouver les joies du terrain, ou encore des activistes de «Kifaya» et autre Mouvement du 6 avril. Une forêt de slogans chamarrés couvre la place, à l'ombre de l'imposant bâtiment de la Ligue arabe. Dans le lot, ce mot d'ordre qui revient partout comme une ritournelle, faisant écho au slogan-clé de la révolution du 25 janvier : «Irhal !», «Dégage !», lâché cette fois-ci à l'adresse de Morsi.
« Irhal ya fachil ! » appuie un autre, quand un graffiti soutient : «Yasqot El Ikhwan ! «(A bas les Frères musulmans). Même si le « Maydan » s'est relativement calmé, il connaît en vérité une animation ininterrompue, entre débats passionnés, petits concerts improvisés ou encore quelques affrontements sporadiques entre les jeunes du camp et la police ou les pro-Morsi quand ils viennent les titiller. Car pour Safaa, Hassan, Wael, Magdy et autres « vigiles » de la Révolution, ce n'est surtout pas le moment de lever le camp. Il y va de la survie même de leur mouvement, et c'est peu dire que c'est tout le destin de l'Egypte post-référendaire qui se joue ici.
«Tous les référendums se terminent par un oui»
Dans quel état d'esprit sont-ils, eux qui ont ardemment mené campagne pour le «non» ? Et, surtout : que faire maintenant que Morsi a passé «sa» Constitution ? Premier fait à retenir : ce résultat ne surprend personne. Vu le déroulement du scrutin, nul ici n'est dupe pour croire à un miracle qui aurait pu surgir des urnes. Aussi préfèrent-ils faire contre mauvaise fortune bon cœur et se remettre au travail en vue de remobiliser la société autour d'un vrai projet démocratique. Wael El Kadi, cadre au sein du parti Doustour d'El Baradei et membre de la coalition des comités de défense de la Révolution se veut lucide : «Il n'y a jamais eu de référendum dont le résultat a été ‘non'.
Donc, nous, quand nous avons fait campagne pour le ‘non' nous savions pertinemment qu'à la fin, c'est le «oui» qui allait l'emporter», dit-il, avant de poursuivre : «Il y a eu des méthodes qui ont été utilisées (par le pouvoir) qui devaient fatalement conduire à ce résultat. Il y a eu un conditionnement dans ce sens. Moi je suis un enfant du «saeed» (la campagne égyptienne). Je suis issu de la mouhafadha d'El Minia. Quand je suis allé voter, j'ai constaté que la plupart des gens ne savaient même pas pourquoi ils allaient voter ‘oui'. Ils me demandaient pourquoi tu votes ‘non' et je leur expliquais les articles de la Constitution qui ne me convenaient pas.
Mais eux, ils me disaient simplement : on vote pour la charia islamique.» Wael pointe notamment les prérogatives «pharaoniques» du président en disant : «Je n'appellerai pas ça les ‘prérogatives' mais les ‘dictatoratives' du nouveau président. Il s'est arrogé des pouvoirs supérieurs à ceux de Moubarak lui-même. Par exemple, l'article 173 qui l'autorise à nommer le procureur général. L'article 176 stipule que les 10 membres de la Cour constitutionnelle sont désignés par le Président. L'article 199 dit que c'est lui le chef suprême de la police…»
A quoi s'attend-il maintenant que le «oui» est passé ? «Les gens vont s'agiter, les manifs vont reprendre de plus belle mais après, le peuple en aura marre et tout le monde va rentrer chez lui. Le pouvoir va essayer de nous avoir à l'usure mais, en ce qui nous concerne, le travail ne fait que commencer. Nous nous donnons rendez-vous le 25 janvier pour relancer la Révolution. Nous sommes en train d'œuvrer dans ce sens. Mais ça sera une révolution pacifique. Nous avons fait tomber le régime de Moubarak pacifiquement et nous avons parfaitement la possibilité de faire tomber celui-ci sans violence aussi. D'ailleurs, ces tentes vont rester ici jusqu'à la chute de la dictature, qu'elle ait un visage ikhwaniste ou un autre.»
Urne magique
Izzat Saad est secrétaire général du parti Hizb Ethawra (le parti de la Révolution) pour la région du Caire, un parti né dans la foulée du soulèvement du 25 janvier 2011, et qui a, lui aussi, sa bannière à la place Tahrir. Izzat est également membre d'une commission indépendante pour la surveillance du référendum. A ce titre, il a eu à relever de nombreuses irrégularités, témoigne-t-il, et parle de «tazouir fahiche» (fraude flagrante). «J'ai été observateur dans le gouvernorat de Qayloubiya et je peux vous dire qu'on a usé et abusé de la fraude, notamment dans les centres de vote pour femmes. Nous avons noté que des militantes ‘Ikhwan' allaient dans les maisons faire du porte-à-porte auprès des femmes en faveur du ‘oui', et nous avons relevé que nombre de citoyennes se voyaient remettre leurs cartes d'électrice devant les bureaux de vote, ce qui est proprement illégal. Comment peut-on disposer comme ça des cartes de vote des gens ?
Nous avons des enregistrements vidéo sur les dépassements qui ont été commis. Nous avons présenté nos observations à la Commission électorale qui a nié ces dépassements. Ils ont utilisé ‘l'urne magique' qui transforme le ‘non' en ‘oui'.» Dans un communiqué, le Front du salut national dit avoir recensé, de son côté, pas moins de 300 irrégularités lors de cette deuxième phase. Pour Izzat Saad, ce scénario était prévisible : «Tout était mal parti depuis le début. Il aurait fallu avant tout dissoudre l'Assemblée constituante et revoir sa composition sur des bases consensuelles. Le projet de Constitution a été élaboré d'une façon unilatérale. Nous savions donc que le « oui » allait passer.»
Pour l'après-référendum, Izzat Saad préconise lui aussi de remobiliser les Egyptiens autour d'une nouvelle alternative en martelant : «La révolution a été détournée depuis le départ. Ce qui se passe maintenant n'a rien d'une démocratie. C'est pire que le régime précédent. Ce pouvoir n'a aucune légitimité. Le slogan de la révolution a toujours été ‘Iche, houria, adala igtimaîya' (pain, liberté, justice sociale). Or, il n'y a pas eu 1% de cela qui ait été réalisé. Ils ont anéanti le caractère citoyen de l'Etat. Nous avons affaire à un Etat ‘takfiriste'.» Pour autant, Izzat Saad ne baisse pas les bras, loin s'en faut : «La révolution va continuer jusqu'à l'instauration d'une vraie démocratie en Egypte. Nous le devons à nos martyrs », tonne-t-il.
Khaled Abou Zeid est coordinateur du parti des Egyptiens Libres à la place Tahrir. C'est le parti de Naguib Sawiris, une formation qui se revendique du courant libéral. Khaled Abou Zeid n'est pas non plus choqué par le résultat. Néanmoins, il redoute le pire. «C'est normal que le ‘oui' passe, il y a eu des tripatouillages flagrants. Ce pays va tout droit à la guerre civile. Ça va être comme chez vous, en Algérie», prévient-il. Magdy El Mourchidi, un autre activiste de la place Tahrir qui se présente comme un indépendant, fait lui aussi référence à «l'expérience algérienne» mais dans un autre sens : «Cela fait combien de temps que vous avez fait votre révolution démocratique, 20 ans ? Et ce n'est pas gagné. Nous, nous en sommes à peine à notre deuxième année. Il faut savoir être patient», tempère-t-il.


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