L'art de tresser les fibres végétales, ou vannerie, est un métier qui renaît à Koléa, comme en atteste un artisan de cette ville, rencontré lors de la Semaine culturelle de la wilaya de Tipasa, qui se poursuit jusqu'à vendredi à Constantine. Mohamed Oukaci, qui tient un stand dédié à cet art, à la maison de la culture Mohamed Laïd Al Khalifa, est tout fier devant l'intérêt des Constantinois pour ses corbeilles à fleurs, ses paniers, ses abat-jour, ses rocking-chairs, ses fauteuils et ses tables de salon tissés avec dextérité et souci du détail. Les Oukaci sont vanniers de père en fils, assure le jeune Mohamed, avant d'ajouter que ce métier est pratiqué depuis des siècles à Koléa. La matière première, le rotin et l'osier, est essentiellement importée d'Espagne et de Chine, selon ce passionné qui précise que même si l'osier est disponible à Jijel ou à Béjaïa, il reste de qualité inférieure. Il ajoute que le prix relativement élevé des meubles en rotin s'explique par le coût d'une botte de canne de 50 kg payée rubis sur l'ongle entre 30 000 et 40 000 DA. Les meubles en rotin font également un «retour remarquable» à Koléa, indique M. Oukaci avant de souligner que dans des ateliers de cette ville, toutes sortes de meubles d'appartement et de jardin se fabriquent à partir de l'osier. Salons, bibliothèques, fauteuils, chaises et tables de véranda sont fabriqués sur commande, car la plupart des ateliers mettent un catalogue à la disposition du client qui peut également exiger une «touche spéciale», selon cet artisan. Les chambres à coucher en osier sont de loin, «les meubles les plus commandés chez les osiériculteurs vanniers de la ville de Koléa», a-t-il affirmé, pour préciser qu'il s'agit-là d'une «tendance observée ces deux dernières années». Le prix de la chambre à coucher en osier varie entre 250 000 et 300 000 DA, celui des salons pour véranda oscille entre 20 000 et 200 000 DA en fonction du travail commandé, tandis que le rocking-chair (qui revient aussi à la mode) est cédé à partir de 12 000 DA. Selon Belkacem Benchemma, responsable de la délégation de Tipasa qui s'est déplacée dans la Ville des Ponts, «plus de 200 artisans préservent et perpétuent à Koléa ce métier ancestral qui semble avoir encore de beaux jours devant lui», d'autant, ajoute ce responsable, que cette activité artisanale est «très sollicitée» dans les centres de formation professionnelle de la wilaya de Tipasa. C'est, estime-t-il, la meilleure assurance pour la pérennité de ce «beau métier» qui représente une «vraie activité traditionnelle» que l'on pratique, à Koléa, sous des airs de musique andalouse.