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Manseur Saïd, le résistant de Tifrit
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Publié dans El Watan le 24 - 02 - 2013

1830-1930, un siècle de colonisation. Cette année est fêtée en grande pompe par les colons. Toute l'Algérie est en effervescence.
Aussi, comment se douter que deux années plus tard, l'Algérie allait donner naissance à un enfant qui deviendra le pire ennemi de ces fêtards ? A Alger, rue de la Marine, le 8 février 1932, Saïd Manseur voit le jour dans une famille modeste. «Libérer le pays» sera son cheval de bataille durant toute sa jeunesse et ce, jusqu'à l'indépendance en 1962, à ses 30 ans. A peine a-t-il vu le jour, que la rue est son terrain de jeux. Il n'y a pas de place à l'école pour le petit indigène qu'il est, comme pour tous les petits Algériens d'ailleurs. A neuf ans, alors que les petits Européens jouent aux billes, à cache-cache, aux gendarmes et aux voleurs, Saïd «s'amuse» à travailler au port. A neuf ans, il gagne sa vie, plutôt celle de sa famille et, comme une fourmi, il dépose au creux de la main, qui l'a nourri et bercé, le pécule rudement gagné.
A 13 ans, Saïd s'intéresse au sport de combat, comme tous les jeunes de son âge. Il pratique la boxe, un sport bien prisé par les jeunes Algériens. Les «événements» du 8 Mai 1945 éclatent comme une poudrière.
Et d'un seul cri, le peuple opprimé réclame sa liberté. Saïd y prend part, ayant déjà pris conscience de cette injustice qui sévit sur ses terres. C'est un petit homme du haut de ses 13 ans, et cette manifestation, c'est avant tout la sienne. 1945 le voit se transformer en homme, lorsque son sang arrose cette terre tellement chérie : deux balles ont transpercé sa jambe.
Il lui faut continuer de vivre, mais il n'a pas fait d'études. A 14 ans, il se doit de survivre avec son physique de sportif. C'est ainsi qu'il devient scaphandrier car ayant plusieurs bouches à nourrir. Il s'en sort bien pour un illettré. Seize ans, un âge trop avancé pour faire de la boxe, alors que le pays a besoin de tous ses hommes pour se faire entendre, se libérer.
Saïd s'engage corps et âme pour la cause nationale : combattre l'occupant par les armes. Il est dénoncé par les cagoulés et arrêté dans un barrage à Port Saïd, un endroit qui porte aussi, ironie du sort, son nom. Emmené au centre de tri de Beni Messous, il est torturé et suspendu à un arbre par les pieds, la tête en bas. Pour accroître son supplice, on lui écarte les jambes.
Il restera, dans cette position, plusieurs jours d'affilée, mais c'était sans compter sur cette fougue de jeune avide de liberté, du droit de vivre en toute liberté.
Relâché après quelques mois, Saïd reprend le combat pour la cause qu'il a épousée le jour de sa naissance. Avait-il entendu ce jour-là la tristesse de sa mère, alors que les colons jouissaient de la belle Algérie ? Cette fois, il est agent de liaison et, est chargé de récupérer des armes. Après plusieurs missions bien accomplies, accompagné d'un camarade de combat, il doit traverser un barrage. Les militaires lui intiment l'ordre de s'arrêter.
Les armes sont cachées dans le châssis de sa voiture, et il n'a pas d'autre choix que de forcer le barrage. Il est pris en chasse. Une course-poursuite s'annonce fatale pour les deux jeunes Algériens. Pour sauver la vie à son camarade, il le pousse et le jette hors de son véhicule. Son ami s'en sort indemne, mais Saïd est malheureusement blessé. Cette blessure indélébile, c'est le prix de sa liberté, puisqu'il la traînera pour toujours, lui causant une invalidité à vie. Saïd tombe entre les mains de ses pires ennemis. Il est arrêté et torturé.
La prison est encore un rempart à franchir pour atteindre cette liberté tant espérée. Il y subit les pires sévices.
Les tortures sont de plus en plus atroces. Meurtri dans sa chair, Saïd ne laisse pas son rêve se briser. Même si, parfois, le doute le ronge lorsque les êtres qui torturent n'ont plus rien d'humain. Les décharges électriques s'emparent de son corps, l'atteignant au plus profond de ses blessures. Emprisonné, Saïd «s'évade» en apprenant à lire et à écrire.
De cette geôle, il sort blessé dans sa chair et dans son âme, mais toujours aussi fier. 1962 voit se réaliser le rêve de millions d'Algériens. C'est au tour des «indigènes» de fêter dans la liesse, cette Algérie libre.
Cette indépendance tant attendue a un arrière- goût amer pour Saïd, car beaucoup de ses amis ne sont plus là, ayant sacrifié leur jeunesse pour l'amour de la patrie. Les années passent. Il travaille dur pour élever ses huit enfants, sans se ménager, malgré son invalidité.
Les amis et les compagnons d'armes de Saïd partent les uns après les autres, et ce chagrin le ronge, l'use lentement… Il perd goût à la vie. Le 8 février 2012, pour ses 80 ans, Saïd Manseur est triste. Il pense tout haut : «Je suis fatigué, je veux partir…». Il faut dire que Dieu était à l'écoute, car, trois jours plus tard, il est parti.Aujourd'hui, Saïd Manseur repose sur une colline de son village adoré, Tifrit Naït El Hadj, à quelques kilomètres d'Azzefoun. Le 11 février 2012, tous les villageois ont œuvré pour dégager les routes bloquées par la neige, afin qu'il repose au cimetière de Taramacht. C'était son dernier souhait.
Voilà déjà une année qui passe sans lui, sans sa présence, sans son fameux rire à gorge déployée qui s'entendait à des kilomètres, sans ses fameuses phrases si particulières chargées de bon sens. Ses enfants sont fiers de lui, de son parcours. Saïd Manseur a accompli son devoir envers sa patrie. Le premier anniversaire de sa disparition coïncide avec le cinquantième anniversaire de l'indépendance, une indépendance douloureusement arrachée.
Aimer mon père
Aimer tes cheveux blancs que les ans ont décolorés
Aimer ton visage que la souffrance de la vie a modelé
Aimer tes ridules que le temps a creusées
Aimer ton cœur, noyé dans la candeur
Aimer ton rire et tes qualités
Encore plus tes défauts, car ils font ta singularité
Aimer ton invalidité que ta bravoure a générée
On t'aime, depuis que la vie coule dans nos veines,
Jusqu'à ce qu'elle s'éteigne, ce sera toujours idem.


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