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MOTS-MENTS INSTANTANES AVEC ANOUAR BENMALEK
Ecrivain-citoyen sur l'échelle de l'histoire
Publié dans El Watan le 31 - 08 - 2004

L'amour loup, L'enfant du peuple ancien, Les amants démunis ou bien Ce jour viendra. Les romans de Anouar Benmalek en ont ému plus d'un lecteur. Parti d'Algérie au moment où les gens partaient, il revient. Pour lui, chaque confrontation avec les questions d'un journaliste est une manière de remettre de l'ordre dans les idées et de les éprouver.
Le caractère faussement arbitraire du choix et de l'organisation de ces joutes ne doit pas faire oublier que ce ne sont là que des mots. Instantanés. Partir. Partir a été, pour moi, le moment le plus terrible de ma vie et en même temps celui qui m'a éveillé à une certaine idée de l'écriture. J'écrivais en Algérie mais je ne savais pas que c'était aussi important pour moi. Exil. L'exil est parfois, souvent, toujours, douloureux, mais est nécessaire pour secouer les préjugés qu'on avait, qu'on a, et qu'on traîne toujours avec nous. A tout écrivain doit être imposée une période d'exil. En exil, l'écriture vous fait une espèce d'une batterie de rechange. Retour. C'est un retour tout à fait naturel. Je suis venu il y a deux ans et je suis revenu cet été. Mais ça reste insuffisant. Dès qu'on s'absente un peu, les choses changent tellement vite. Emotionnellement assez dur. Des choses importantes se passent... Rater des épisodes. Le fait de rater ce que vous appeler des épisodes est frustrant. Mais pour quelqu'un qui écrit, le sentiment de cette étrangeté est important. Je crois que, de temps en temps, il faut s'abstraire en allant ailleurs. Le problème qui reste ici est celui du concret. Partir à l'étranger c'est découvrir qu'écrire est aussi un métier. A côté du fait d'écrire, il y a l'éditeur qui est un vrai éditeur... Ce que j'aimerais qu'il y ait en Algérie, c'est l'arrière-fond culturel et professionnel qui permet d'écrire. Ça vient petit à petit. C'est encore quelque chose qui est à attendre. A long terme. Evénements et vie d'écrivain. Les grands moments de ma vie en tant qu'individu c'est le hasard qui en a voulu. Jamais je n'aurais pensé, par exemple, que j'irai vivre à l'étranger. Au fond, je n'ai pas été maître de ma vie. Le fait de vouloir écrire était pour moi une sorte de revanche contre ces évènements qui m'ont fait quitter mon pays, qui ont fait que des gens autour de moi et que j'aimais beaucoup ont été tués. J'ai écrit pour dire que je gardais un peu de liberté. On a tous en Algérie été ballottés par les évènements. J'ai essayé d'être libre, y suis-je parvenu ? C'est mon effort perpétuel, j'avais une parole qui avait coûté beaucoup à d'autres. La seule chose que je pouvais faire contre ce raz-de-marée d'événements était d'écrire ce que je pensais sincèrement, profondément. Ce n'est pas beaucoup. Mais savoir qu'on a essayé d'être libre ça vous console un peu. Difficulté d'écrire. Ecrire est difficile parce que les gens ne supportent pas que vous soyez libre. Je ne parle même pas du pouvoir mais des gens, honnêtes, qui ne veulent pas que vous abordiez certains sujets. La pression sociale est infiniment plus importante que celle du pouvoir. Parce que ce qui intéresse ce dernier est en fin de compte de garder le pouvoir. Mais les gens sont les premiers censeurs. Allez parler de religion... Cette liberté est difficile d'acquérir mais si on en a un bout, il faut en faire usage. Censure. Ça tient aussi à notre histoire. Nous n'avons pas dans notre région l'habitude de la contradiction. Nous vivons dans le mythe, qui est très agréable, que nous sommes tous frères. Alors, il y a des choses qu'on ne dit pas parce que ça blesse. Atteindre le stade du citoyen qui donne son avis sans que cela met en danger la République est difficile. Le premier censeur est nous-mêmes. C'est pour cela que je disais tout à l'heure que l'exil était nécessaire à l'écrivain car il sort de ce carcan. On découvre une société dure, parce que la société occidentale est dure, parce qu'elle n'a pas ce qui fait si chaud au cœur en Algérie qui est la fraternité. Atteindre l'âge adulte, c'est découvrir que, avant d'être frères, nous sommes d'abords citoyens et que la fraternité telle que nous la pensons est souvent de la servitude. Je suis frère de celui qui est dans le pouvoir ou dans l'opposition. Comme il fait un peu partie « de la famille », il y a des choses qu'on ne dit pas. « Aïb », (honte) c'est un mot fort. L'écrivain en Algérie s'autocensure d'une manière féroce. Beaucoup plus féroce que si c'était le pouvoir. Accepter la contradiction, nous le découvrons petit à petit. Le problème est que l'Algérie y accuse une lourde facture. C'était peut-être inévitable. L'écrivain doit être à la fois modeste et digne de tout ce prix payé. Anouar Benmalek peu lu en Algérie. C'est une douloureuse frustration que d'être peu lu en Algérie. J'écris en fonction de ce que j'ai vécu et ce que j'ai vécu est essentiellement algérien. Vous avez l'impression d'être muet. Il faut malgré tout écrire. Se dire que s'il y a quelques gens qui vous lisent, c'est toujours ça de gagné. Mais en même temps, je n'écris pas pour le public algérien, je n'écris pas non plus pour le public français, j'écris ce que je pense être important pour moi. Je ne suis pas un écrivain algérien. Je suis écrivain et algérien. Je revendique et mon enracinement en Algérie ainsi que mon droit à l'universalité. Le terme écrivain algérien a une espèce de connotation ethnique... Le Livre. Le livre est un droit. Il n'est pas normal qu'on puisse acheter des bananes avec le soutien de l'Etat et que l'Etat ne subventionne pas les livres. Si le pétrole doit servir à quelque chose ce serait à introduire la pluralité des idées. La vie ne doit pas se limiter à gagner beaucoup d'argent pour construire. L'Algérie mérite mieux que ça. C'est un crime. Si on ne veut pas subventionner le livre, ça peut être un choix politique, il y a les bibliothèques. On doit avoir des bibliothèques de prêt partout. L'Algérie est riche et a les moyens, même si elle veut donner l'impression d'être pauvre. Si le ministère de la Culture doit avoir une seule chose à faire c'est de multiplier les bibliothèques de prêt. Avant mon départ, seuls les centres culturels français et heureusement qu'ils le font faisaient du prêt de livre. Ce n'est pas normal. Les enfants ont le droit d'avoir des livres sans être obligés de mettre un argent extraordinaire pour.

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