Finalement, c'est en Algérie que sera mis sur pied le futur Grand Musée d'Afrique (GMA). L'Union africaine (UA) vient en effet de mandater notre pays pour construire et abriter cet édifice dédié à l'histoire des arts et des civilisations d'Afrique, fait ressortir une note de presse, vendredi 2 août, de la Commission de l'Union africaine (CUA). Né en 2005 lors du sommet de l'UA, le projet, dont les travaux devraient être lancés début 2014 pour un coût prévisionnel de 60 millions d'euros, à la charge de notre ministère de la Culture, est appelé à ouvrir ses portes deux années plus tard. Le cabinet d'architectes Readymade de Nadir Tazdaït et Pascale Langrand est à pied d'œuvre pour offrir au continent un espace culturel à la hauteur de son histoire et sa civilisation. Car le futur musée, qui sera érigé sur le site des Sablettes, le long de la voie reliant Alger-centre à l'aéroport et s'étendre sur plus de 15 000 m2, faisant face à la Méditerranée dans la baie d'Alger, est susceptible de mettre en valeur l'apport de l'Afrique à la civilisation universelle dans toute sa dimension. Mais la question que d'aucuns se posent parmi les spécialistes en la matière est : quelles sont ces œuvres qui vont y être exposées, les musées africains d'Europe s'étant emparé des plus belles œuvres, d'autres ornant les étagères des collectionneurs privés, le reste ayant tout simplement disparu dans le labyrinthique circuit de trafic d'objets d'art et biens culturels africains. A cette question, l'architecte d'origine algérienne, Nadir Tazdaït, apportera un début de réponse précisant, dans une déclaration faite à un média africain, que «le projet est plus large : les pays africains se sont engagés à fournir des œuvres au musée et comptent sur l'application de la règle édictée récemment par l'Unesco : tous les objets archéologiques trouvés en Afrique doivent rester en Afrique et sont interdits à la vente. Ces œuvres devraient en partie atterrir dans ce musée». A ses yeux, nouer des partenariats, que ce soit avec les musées de Berlin, Londres, New York ou Paris, qui comptent 30 000 pièces exposables, est une autre solution pouvant être envisagée. Aussi, le futur Grand Musée d'Afrique devrait également être orienté vers l'art vivant. Tel que prévu dans les plans d'architecture, seront en outre réalisés une salle de spectacles et de projection ainsi que des espaces ouverts à la musique et la danse africaines, précise le document de l'OUA. «Nous n'envisageons pas de construire un musée d'ethnologie africaine, mais plutôt un lieu où se mêleront histoire de l'art et créativité contemporaine», expliquera, en effet, l'agence de réalisation des grands projets culturels (ministère de la Culture), maître d'ouvrage. En somme, les initiateurs du projet du GMA dont le budget de la collection et du fonctionnement est en cours de négociation, ont prévu de mettre en avant cinq grandes périodes. Outre les grands bouleversements climatiques de 10 000 à 5 000 ans av. J.-C. et l'art pariétal — art réalisé sur les parois des grottes — en Algérie, au Mali, en Afrique du Sud et en Namibie, les civilisations de 3000 ans av. à 1000 ans ap. J.-C. avec les contributions des musées du Caire, de Khartoum et de Lagos, il sera également question des développements de 1000 à 1500 ans ap. J.-C. : l'ancienne cité du Grand Zimbabwe, l'extraction et le commerce de l'or, les premiers contacts arabo-africains et avec l'Asie, les grandes routes transsahariennes et l'épopée des Tellem et des Touareg, le rayonnement de Tombouctou où est installée la première université du monde, des traites orientales et occidentales et les récits d'installation de 1500 à 1890 et enfin les artistes modernes et contemporains face à l'Histoire de 1900 à aujourd'hui, détaille la note de presse de la CUA.