L'acteur ne décolère pas contre son réalisateur et son public. Accusé d'islamophobie sur les réseaux sociaux, Samy Naceri laisse éclater son ras-le-bol. A sa manière, avec fracas. Paris. De notre correspondant Le film sort en salle le 11 septembre, une date non choisie au hasard, pour marquer les esprits. Voyage sans retour, la France a aussi ses djihadistes, un titre à rallonge censé attirer le chaland dans les salles obscures, fait parler de lui dans la presse et au tribunal. Le réalisateur du film dans lequel joue Samy Naceri a été débouté jeudi dernier de son action en justice engagée contre l'acteur afin que celui-ci cesse de critiquer le film. Or, depuis la diffusion de la bande-annonce, Samy Naceri est accusé dans les réseaux sociaux de contribuer à un film islamophobe. Dans un tweet rageur, celui-ci exprime son agacement : «Bonsoir ! Tout le monde me fait chier avec la sortie du film Voyage sans retour en me traitant d'islamophobe !» Et de s'expliquer longuement au site Panamza : «Dans la bande-annonce, il met ma tête et il montre que des trucs islamophobes. Donc moi je suis en train de rattraper le coup. Tous les gens qui disent que je suis un islamophobe, que ceci, que cela, on est bien obligé de se justifier auprès d'eux. Ça fait huit ans que le film est fini, il est monté, je n'ai vu que des extraits : “Samy Naceri, Samy Naceri, Samy Naceri, Samy Naceri....” pour berner les fans. J'ai eu trois jours de tournage.» Le film évoque le processus de radicalisation islamiste et son scénario a été écrit il y a dix ans, selon la production. Un jeune caïd de la banlieue toulousaine doit fuir après avoir arnaqué des trafiquants. Il se cache alors à l'étranger dans une association humanitaire, qui se révèle être un réseau de recrutement pour les camps djihadistes. Autre acteur, imprévu celui-là, Karim Achoui fait une entrée remarquable dans le dossier : il préparerait un référé pour faire interdire le film. «Ce film, par son objet, la manière dont il est traité, mais également de par la date de sortie choisie, le 11 septembre 2013 – date “anniversaire” des attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center à New York – propose, en ces temps où, s'en prendre à l'islam et ses fidèles se banalise, à souffler sur les braises de l'islamophobie ambiante, sinon sur les poussières et décombres du World Trade Center», s'indigne l'avocat Karim Achoui, président de la Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM). «Le titre a changé mais le scénario n'a pas bougé», a assuré François Gérard. Il reconnaît que la date de sortie n'est pas neutre commercialement. «Quand tu as le choix entre le 7 et le 11 septembre, tu prends le 11. C'est le jeu de la com' ça.» Une com' dont il se serait bien passée.