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«C'est ici le combat du jour et de la nuit»
La chronique de Maurice Tarik Maschino
Publié dans El Watan le 03 - 10 - 2013

Seules les périodes révolutionnaires ou de graves troubles sociaux inspirent-ils les écrivains ? Où sont les Voltaire, les Soljenitsine, les Kateb Yacine et les Frantz Fanon, les Sartre et les Foucauld ? Les cherche-t-on, on n'aperçoit que des petits, tout occupés à griffonner un texte insipide, intriguant pour obtenir un prix ou une médaille, une place dans un jury, médisant les uns des autres et jouant des coudes pour figurer à la une des médias.
Par chance, d'autres, des siècles passés, nous parlent encore si fort que leur voix a porté. Ecoutez celui-ci : «La démocratie, c'est la grande patrie… La fin des nations, c'est l'unité, comme la fin des racines, c'est l'arbre, comme la fin des fleuves, c'est la mer… Peuples ! Il n'y a qu'un peuple. Vive la République universelle !»
Un révolutionnaire, cet auteur ? Sans doute. Mais qui l'est devenu, et dont les yeux se sont peu à peu ouverts sur les infamies de la société où il vivait. Au début, il avait tout, comme on dit, pour devenir un notable : rêvant, à 16 ans, de «devenir Chateaubriand ou rien», poète et dramaturge à succès, il aurait pu devenir une potiche du Second Empire ou de la République. Il devint Victor Hugo. Et, par son courage, son engagement personnel dans le combat contre la dictature des riches et pour l'égalité des citoyens, l'un des intellectuels les plus authentiques, les plus vrais de son temps.
Sa vie est un roman — ceux qu'elle intéresse liront avec le plus grand profit Victor Hugo, d'Alain Decaux — un roman et d'abord un combat.
Elu député de Paris lors des émeutes ouvrières de 1848, puis, après l'accession à la présidence de la République de Louis-Napoléon Bonaparte, membre de l'Assemblée législative, il consacre ses premières interventions à la dénonciation du travail des enfants et de la misère sociale. Une misère qu'il a lui-même constatée : «Il y a dans les faubourgs de Paris des maisons, des cloaques, où des familles entières vivent pêle-mêle, n'ayant pour vêtements que des monceaux de chiffons infects en fermentation, espèce de fumier des villes où des créatures humaines s'enfouissent pour échapper au froid de l'hiver». Ce qu'il découvre à Lille l'horrifie : «Un jour, je descendais dans les caves de Lille./ Je vis ce morne enfer/ Des fantômes sont là sous terre dans des chambres/ Blêmes, courbés, ployés ; le rachis tord leurs membres/ Dans son poignet de fer/… L'aveugle en tâtonnant donne à boire au phtisique…» (Les Châtiments).
Traité d'«hurluberlu» par ses collègues, puis détesté et accusé de pactiser avec «les fauteurs de désordre», il continue à dénoncer les tares d'une société qui le révulse. Et prend position, l'un des premiers, contre la peine de mort. Deux courts romans, Le dernier jour d'un condamné, Claude Gueux disent le dégoût qu'elle lui inspire, et L'événement, le journal que Charles, l'un de ses fils, a créé, décrit l'horreur qu'il éprouva lors de l'exécution d'un braconnier. Inculpé d'avoir manqué au respect de la loi, traduit en cour d'assises et défendu par son père, il est condamné à six mois de prison ferme.
Le poète, lui aussi, intervient chaque fois qu'il le peut. Prévenu un jour qu'un homme va être fusillé, il ceint son écharpe de député et court à l'endroit qu'on lui a dit. Adossé à un mur, les yeux bandés, un jeune homme attend d'être exécuté. Il a tiré sur des «gardes nationaux» — des citoyens chargés du maintien de l'ordre — explique-t-on au poète. «Et vous voulez le tuer comme ça, sans jugement ? Vous ne le fusillerez pas !», ordonne Victor Hugo, qui libère sur le champ le malheureux.
Combats tous azimuts : le député réclame le droit d'asile pour les proscrits étrangers, proteste contre la saisie de journaux, dénonce la loi Falloux, qui établit un monopole de l'instruction publique en faveur du clergé et, précurseur de la IIIe République, il milite pour une totale séparation de l'Eglise et de l'Etat. En 1851, il condamne avec éclat le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, qui supprime la République et promeut le Second Empire. Poursuivi pour son pamphlet contre «Napoléon le Petit», il est contraint à l'exil.
Belgique, Jersey, Guernesey : pendant plus de vingt ans, Victor Hugo vivra hors de France et publiera quelques-unes de ses œuvres les plus importantes : Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856), La Légende des siècles (1859), Les Misérables (1862). De retour à Paris en 1871, accueilli en héros, il poursuivra jusqu'à sa mort, en 1885, son œuvre littéraire comme ses interventions politiques et murmurera, juste avant de rendre l'âme, son dernier alexandrin, qui résume toute sa vie : «C'est ici le combat du jour et de la nuit».
Face à la plupart des écrivains d'aujourd'hui, avant tout soucieux de leur carrière, volontiers courtisans et indifférents à la misère des peuples, Victor Hugo est plus que jamais d'actualité.
A mille lieues des castes et des clans, indifférent aux honneurs, à l'écoute des souffrances du monde, il s'est voulu universel, et l'est toujours.


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