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Des réformes pédagogiques sans qualité escomptée
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Publié dans El Watan le 26 - 10 - 2013

De quoi on ne peut pas parler, sur quoi on doit se taire». Wittgenstein.
Selon le pédagogue Sillamy (1967), l'éducation est l'art de développer les qualités morales, intellectuelles et physiques que l'enfant possède à l'état potentiel. Le quart de la population recensée est scolarisé. C'est un effort grand et appréciable pour l'alphabétisation des couches sociales, mais la qualité pédagogique escomptée n'a pas suivi. Nous sommes pour un enseignement de qualité pour tous tel que prôné par l'Unesco. Elle est une agence dépendant de l'ONU qui a pour mission d'aider à assurer une éducation de qualité à tous, de garantir la possibilité d'étudier tout au long de sa vie, de promouvoir le «patrimoine mondial», la diversité culturelle, le dialogue interculturel, la liberté d'expression et la liberté de la presse…
Pourquoi déclare-t-on qu'à l'école «publique» une classe de 40 élèves n'est pas en surcharge pédagogique, alors qu'à l'école «privée» algérienne les classes ne dépassent pas la vingtaine d'élèves ? Comment peut-on croire que le cartable de l'élève sera allégé sans alléger les programmes et sans indiquer les modalités pour réussir de telles prouesses ? Pourquoi l'éducation n'est pas une priorité dans notre pays ? Même durant les deux guerres mondiales, des nations développées comme la Grande-Bretagne ont fait des des pieds et des mains pour que les écoles ne ferment pas leurs portes aux élèves. Pourquoi la débâcle au bac de juin 2013 a été expliquée et justifiée par seulement le directeur de l'office du bac ? La communication crée ce que nous appelons la réalité.
La réalité est ce qui est, et la communication est une simple manière de l'exprimer ou de l'expliquer. Il existe plusieurs réalités ou des versions de la réalité. Ces versions sont toutes des effets de la communication, non le reflet de vérités objectives et éternelles. Le contenu d'une communication est relativement peu important en face de l'empressement du destinataire à y croire, qu'elle convienne à son système de croyance ou du fait du contexte dans lequel elle se présente(1). Dans l'Education nationale et l'Enseignement supérieur et selon une devise, la situation est désespérée mais pas critique. Politique éducative «myope» ou politique d'«année en année». Faire des réformes, c'est bien et c'est mieux que de ne rien faire. Depuis une vingtaine d'années, tout a été essayé par le ministère de l'Education.
Nos enfants sont devenus des «cobayes» pédagogiques. Toutes les pédagogies ont été utilisées telle la pédagogie active, de l'effort, de groupe, directive, expérimentale, explicite, institutionnelle, intuitive, non directive, nouvelle, traditionnelle et même la pédagogie socialiste qui sert parfois de référence pratique en ce qui concerne, d'une part, l'association de l'enseignement technologique théorique et pratique à l'enseignement général (à l'exemple de l'éducation polytechnique soviétique), d'autre part la motivation par prise de conscience de l'effort de masse. Ces pédagogies sont vite abandonnées sous l'effet des pressions et sans aucune explication.
Les responsables de ce ministère ont essayé toutes les «sauces» : école fondamentale, approche par compétence… Il y a quelques années, j'ai lu dans un livre de «deuxième année» du primaire le premier exemple de l'addition, l'opération élémentaire était 200 000 + 300 000 ou quelque chose de ce genre. Remarquez, de nos jours, des bambins jouent avec ces sommes qui nous semblaient à nous un «trésor». J'ai aussi lu dans un livre de «cinquième année» du primaire, dans un des exercices de calcul, qu'on demandait à l'élève d'écrire un nombre dans «une base». C'est ahurissant comme programme.
De mon temps, l'écriture d'un nombre dans une base était un cours de classe «terminale» des lycées ! Les spécialistes de la commission pédagogique dite «commission de Benzaghou», du nom du recteur de l'USTHB, ont été sollicités mais pas écoutés. Leurs travaux n'ont pas été diffusés et n'ont pas été exécutés par le ministère de l'Education. Chaque année ce ministère brille par une découverte, en réduisant le premier cycle à cinq années et en le rétablissant à six années, le second cycle à trois années, puis à quatre années, en changeant chaque année des programmes et en imprimant des millions de livres qu'il faut jeter l'année suivante. L'approche par compétence, la nouvelle pédagogie importée à l'éducation, a fait de l'enseignant la «machine à examiner».
Alléger le cartable sans alléger le programme
Chaque semaine, il doit faire un devoir, chaque mois un examen, etc. Ne peut-on pas faire confiance aux pédagogues algériens pour élaborer un «programme des études», où à la fin d'un cursus tout élève saura lire, écrire, parler, compter et
calculer ? L'enseignement est descendu à cet état d'abaissement déplorable qui menace de plonger toute la population dans l'ignorance et le fanatisme. Les enseignants malheureux étaient autrefois entourés de considération et vivaient dans l'aisance. Ils sont tous dans une «misère relative» comparativement à d'autres franges de la société. Les études du primaire, du moyen, du secondaire et du supérieur ont été négligées. Alléger le cartable sans alléger le programme : c'est possible ! Les responsables de l'éducation ont proposé d'installer dans chaque école ou collège des «casiers» où les élèves peuvent laisser en «dépôt» leurs affaires excédentaires.
A «l'âge numérique», comment pense-t-on toujours au «bois» et au «fer» ? Pour alléger le cartable, chaque élève d'un cursus donné doit être doté d'une «tablette» appelée aussi «androïde» et de pouvoir télécharger ses livres de cours et de travaux pratiques. L'élève n'aura qu'à lire son livre directement de sa tablette conviviale, lisible, visible et à jour. Une firme algérienne de haute technologie aura un avenir radieux même pour la population locale où elle est implantée. Cette population aura le vrai «plein emploi» technologique. Quant aux dizaines de cahiers à écrire, il suffit de doter chaque élève d'un seul «cahier numérique»(2, 3). Il est en papier classique, mais de microscopiques points y sont imprimés. Ils jouent le rôle d'un GPS sur lequel s'appuie un stylo bardé d'électronique pour se repérer dans la page.
Le moindre déplacement de la pointe du stylo est ainsi enregistré, puis transmis à un ordinateur. Tout ce qui est écrit à l'encre sur le papier est restitué avec précision à l'écran. Un cahier a priori ordinaire : couverture et dos cartonné, papier velouté. L'observation laisse apparaître une trame très fine. 700 000 points de 0,1 mm de diamètre par feuille dont la disposition constitue un code unique. Mutisme de la tutelle à la veille de la commémoration de la «Journée mondiale des enseignants», journée du 5 octobre, les enseignants de l'Education nationale sont contraints à la grève. Pourquoi ne règle-t-on pas définitivement les questions en suspens depuis des années ? Si les enseignants accordent de l'importance à la grève, c'est qu'elle illustre la nécessité d'agir sans tergiverser lorsqu'il n'y a plus d'autre choix pour rester maître de son destin. Dans les pays développés et civilisés, les syndicalistes sont appelés «partenaires socio-éducatifs». Ils ne doivent donner aucun répit aux responsables. Est-ce que les «syndicats représentatifs» du secteur de l'éducation ont été associés aux débats fructueux sur «leur sort» ? On discute et on élabore des statuts avec des représentants de l'UGTA.
Un enseignant est un éducateur, il n'est pas un travailleur ! L'éducation est définie par le développement d'aptitudes intellectuelles et du sens moral. En dehors du domicile parental, c'est à l'école moderne que revient pour l'essentiel la responsabilité de prendre soin des enfants qui lui sont confiés. Augmenter la taille des classes, accroître la charge de travail des enseignants, recruter des personnes non ou peu formées ou sur la base de contrats qui ne leur offrent pas la sécurité de l'emploi tels les contractuels, risquent de dévaloriser encore davantage la profession d'éducateur, et laisse les enseignants démunis face aux réalités de la classe ou les démotive. Découvrir ses mains et ses bras. L'Algérie est le seul pays au monde où tout le «monde» veut devenir universitaire sur du «papier».
Les métiers «manuels» font travailler autant l'esprit que les mains, contrairement au travail dit «intellectuel» où les mains se bornent à tenir un stylo où à tourner des pages. A la fin de la journée de travail, on se sent aussi fatigué dans les bras que dans la tête. Les jeunes algériens sans niveau élevé des études préfèrent le métier «d'agent de sécurité» anciennement appelé «gardien». Les autres jeunes veulent tous avoir des mains «d'intellectuels», toujours propres, jamais égratignées. Mains d'invalides plutôt qui sont incapables de fixer un robinet d'eau, une prise électrique, faire un pain chaud, tailler un rosier, poser une porte. Les métiers où on apprend ces fonctions sont la plomberie, l'électricité, le bâtiment, la boulangerie, le jardinage, la menuiserie. A quoi bon tant de longues études où on n'a rien retenu sans débouchés et sans avenir ?
De nos jours, la maxime populaire s'applique bien : deux mains qui travaillent mieux qu'un cerveau qui pense. Insuffler une conscience pédagogique. L'universitaire, le physicien et pédagogue Rachid Brahmi(4) plaide pour une «nouvelle école». Il est temps qu'une conscience pédagogique naisse en Algérie. Devant l'immobilisme, l'inertie des esprits et la nonchalance des universitaires, j'espère que d'autres contributions, surtout des centres pédagogiques, viendront enrichir ce débat. Elles viendront «vulgariser» les travaux scientifiques sur la pédagogie, s'il y en a quelques-uns, dans des quotidiens nationaux accessibles au commun des lecteurs. La «sociologie» et la «pédagogie» sont bien cantonnées à l'Université d'Oran, n'est-ce pas ? Pourquoi les équipes des laboratoires de recherche, pour ce qui touche la pédagogie ou autres, ne sont pas intervenues par des écrits dans la presse pour apaiser les consciences et ne pas tourmenter les cœurs lors notamment de cette fâcheuse expérience dans cette matière au bac 2013 ? La fraude au bac, et particulièrement en philosophie devrait constituer un thème sérieux de recherche.
Conclusion
Toute notre vie on doit se sentir concerné par les problèmes de notre société dans laquelle on vit. La pédagogie a une grande place au sein des établissements scolaires et universitaires. Prendre une position pédagogique pratique est une chose, analyser scientifiquement des structures pédagogiques en est une autre. Selon Weber(5), l'homme civilisé, placé dans le mouvement d'une civilisation qui s'enrichit continuellement de pensées, de savoirs et de problèmes, peut se sentir «las» de la vie et non pas «comblé» par elle. On ne peut démontrer scientifiquement à personne en quoi consiste son devoir de professeur d'université. Le démagogue n'a pas sa place dans une chaire universitaire.
Références :
1.Paul Watzlawick. La réalité de la réalité. Confusion, désinformation, communication. Traduit de l'anglais par Edgard Roskis. Editions du Seuil, 1984, p.7.
2. Jacques Harbonn. Le point sur Le cahier numérique. Science & Vie en pratique. n° 1056, septembre 2005, p.138.
3. Ali Derbala. Le «cahier numérique». Le Quotidien d'Oran, Actualité Autrement Vue, jeudi 3 octobre 2013, p.14. http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5188579
4. Rachid Brahmi. «Pour une autre école, Monsieur le ministre». http://www.lematindz.net/news/12480-pour-une-autre-ecole-monsieur-le-ministre.html
5. Max Weber. Le savant et le politique suivi
de : essai sur la neutralité axiologique. Enag/Editions 1991.


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