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Eloge de l'artiste
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Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2013

Après-demain, samedi 23 novembre 2013, marquera le 35e anniversaire de la disparition de cheikh El Hadj M'hamed El Anka, le maître ; 35 ans déjà, dirons-nous. C'est en reprenant pied avec El Biar la semaine dernière, pour retirer notre extrait de naissance dit S12 et en passant devant le cercle de la JSEB (Jeunesse sportive d'El Biar) que nous avions eu une pensée pour ce grand monsieur et même plus que notre cœur s'est quelque peu serré, en nous rappelant des moments forts de sa vie que nous a contés son fils Sid Ali qui lui ressemble tant. Pour aujourd'hui, nous en retiendrons deux. Le premier remonte à la fin des années soixante lorsque El Hadj s'est présenté au service comptable de la RTA, un avis à la main pour encaisser son dernier et maigre cachet.
Le préposé au guichet qui accueillait El Anka, bien gentil et affable, consulta rapidement l'avis, le remit à l'artiste et un peu gêné lui demanda de monter au 8e étage, car le directeur doit le signer et il ajouta un peu plus sûr de lui : «Ne vous inquiétez pas ammi El Hadj, l'ascenseur fonctionne». Quelques minutes plus tard, El Anka réapparut, l'avis toujours à la main, et lorsque l'agent le consulta de nouveau, il ne releva sa tête qu'après un petit moment et tout rouge il bredouilla : «Ammi El Hadj, il faut retourner là-haut, car le directeur n'a pas mis son tampon». Le maître reprit le papier et tout calme et serein remercia le jeune homme en lui donnant du «Saha ya ouled», se dirigea tranquillement vers la sortie et depuis il ne remit plus les pieds ni en ces lieux ni en d'autres lieux officiels chargés de gérer la culture au lieu de la promouvoir. Le second moment remonte aux premières années 1970, lorsqu'El Anka gérait le cercle du club d'El Biar qui était en réalité un café.
Nous avons à plusieurs reprises aperçu le maître assis seul devant son établissement et à chaque fois il nous laissait l'impression d'un homme qui observe et médite. Il faut préciser qu'à l'époque et aujourd'hui encore, les grands artistes et les anciennes gloires du sport sont obligés de prendre en gérance des cafés, des restaurants ou des bars pour joindre les deux bouts, car, malheureusement, leurs métiers ne les nourrissent point et de plus ils ne perçoivent ni droits d'auteur ni retraite. Tous les passants qui empruntaient le trottoir de l'avenue Ali Khodja qui abritait le café d'El Anka le saluaient timidement d'un léger hochement de tête, et comme nous se posaient certainement des questions, que regarde El Anka ? A quoi pense-t-il ? Un beau matin bien ensoleillé d'un vendredi, alors que notre week-end venait de basculer en arrière de samedi-dimanche à jeudi-vendredi, et alors qu'El Anka était toujours assis à la même place, une voiture noire aux vitres teintées le tira de ses rêveries, car elle filait à grande vitesse. Cette voiture, une BMW, s'arrêta un peu plus loin. A l'intérieur avait pris place le président Boumediène et son chauffeur. Le président demanda à ce dernier, un Algérois aux cheveux courts et Rebanne, d'aller chercher le cheikh, car il voulait le saluer.
Obéissant et discipliné, le jeune homme marcha jusqu'au cercle, salua timidement l'artiste lui aussi d'un hochement de tête, pénétra dans le café, commanda un thé dont il prit seulement une gorgée, retourna vers la voiture pour dire à Boumediène : «Monsieur le président, El Anka ne peut pas venir jusqu'ici, car il ne peut pas marcher ayant une jambe malade». Boumediène lui demanda alors de faire marche arrière et à hauteur d'El Anka, il descendit du véhicule pour se présenter à lui, vêtu d'un costume de couleur vert clair proche du kaki et sans cravate. El Anka se leva pour l'accueillir et nos deux hommes se saluèrent longuement, et comme ils étaient de la même taille, leurs regards étaient au même niveau. Tous deux donnaient l'impression d'être bien à l'aise et qu'ils se connaissaient depuis fort longtemps, apportant ainsi son plein sens à l'expression bien de chez nous, «Ness taaref ness».
Ils bavardèrent de tout et de rien, et toujours debout, le Président demanda à l'artiste des nouvelles de sa santé, de sa famille, de son travail, de la musique et surtout de nos jeunes, de nos concitoyens, etc. Le cheikh lui apporta tranquillement et sincèrement quelques réponses, mais pour l'essentiel, c'est-à-dire les jeunes et les nôtres, il lui dit tout simplement : «Vous savez Président, je trouve nos jeunes de plus en plus tristes et taciturnes, ils communiquent de moins en moins et si vous voulez comprendre un peu plus, je vous conseille de prendre un cageot de limonade vide, de le retourner, de vous asseoir à mes côtés, pour voir et écouter.» Boumediène reçut cette réplique avec philosophie, esquissa un léger sourire et prit congé du maître en le saluant bien bas. Yacine Kateb, cet autre artiste, avait bien raison d'appeler Aït Ouarab Mohammed Idir Halo… Djebel.


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