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On ne compte plus l'argent, on le pèse !
Au pays de la Chkara...
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2014

C'est l'histoire d'une arnaque peu ordinaire  : suite à une transaction pour la vente d'un véhicule, le négociant, issu de la wilaya de Blida, découvre stupéfait, à son arrivée à la maison, qu'il avait reçu une pile de coupures de papier journal en lieu et place des 102 millions de centimes promis.
Comme il est d'usage dans ce type d'échanges, il avait reçu l'argent dans un sac en plastique. Les experts économiques nomment cette pratique la «thésaurisation», désignant ainsi la préférence pour la liquidité. La rue lui a donné un nom autrement plus efficace : «la chkara». En quelques années, le terme a été prononcé aussi bien dans les salons huppés, dans les réunions de partis politiques que dans la rue. Une généralisation qui fait craindre le pire tant la chkara est associée à l'argent sale, à la spéculation, à l'informel et à la corruption.
Dans certains milieux, nous dit-on, on ne compte plus l'argent, on le pèse. A la place Square Port Saïd, les jeunes cambistes qui font mine de compter leur argent n'ont guère l'air étonné de voir des sommes faramineuses placées dans des sacs en plastique.
Combien pèse un million ?
«C'est vers quatre heures du matin que les hommes commencent à débouler, ils viennent de différentes régions du pays, avec d'énormes sacs. Comme il est impossible de compter l'argent, ils le pèsent», nous dit un jeune en jean et casquette. Combien pèserait un million de dinars, interrogeons-nous. «Nous ne sommes que des revendeurs. Nous n'avons pas ce genre de détails», se justifie-t-on. Subrepticement, la culture de la chkara introduit un nouveau mode de fonctionnement dans la société algérienne. Nul n'a trouvé étrange le fait que des lauréats du baccalauréat et du BEM, honorés par des responsables de la wilaya de Sétif en juin dernier, reçoivent en récompense des sommes allant de 500 000 DA, à 300 000 DA et 200 000 DA dans… des sachets.
On ne s'étonne pas davantage lorsque des responsables de l'ex-parti unique accusent leurs rivaux politiques de se hisser aux plus hautes fonctions du parti grâce à l'appui financier de généreux mécènes. Et lorsque le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, répond aux accusations de corruption portées à son encontre, il affirme : «On m'a accusé d'avoir pris 3200 milliards, alors que si c'était le cas, il m'aurait fallu 37 semi-remorques pour les transporter.» L'homme a immédiatement pensé au poids que représenterait une telle somme.
«Nous avons besoin de toucher l'argent»
La généralisation de la thésaurisation illustre, d'après Mounir, 40 ans, travaillant dans une banque privée, le manque de confiance dans les institutions financières. Il fait remarquer que la préférence pour l'argent liquide s'est beaucoup développée au début des années 2000, qui ont aussi connu de nombreux scandales financiers. «Il y a eu des scandales dans les banques aussi bien publiques que privées : Khalifa bank, BCIA, BNA… Je suis sûr que les victimes de Khalifa auraient préféré garder leur argent chez eux plutôt que de le déposer à la banque», explique-t-il, en soulignant que c'est là une vieille pratique : «Nos grand-mères gardaient leur argent dans des oreillers». «L'utilisation de moyens de paiement modernes nécessitent une traçabilité et une datation des échanges monétaires que certains ne souhaitent pas voir se développer dans ce pays», croit-il savoir.
Cela tiendrait aussi au rapport des Algériens à l'argent. «Nous avons besoin de toucher l'argent, de le palper. Personnellement, je ne peux pas accepter un chèque, c'est trop risqué», nous dit un agent immobilier, expliquant que les opérateurs ayant l'habitude de manipuler de grosses sommes ont la hantise des chèques sans provision. Du reste, l'instauration du paiement par chèque pour les montants de plus de 500 000 DA a été reportée sine die, après deux tentatives infructueuses.
Des pénuries d'argent
Le fait est, par ailleurs, que le phénomène est lié directement au manque de liquidités dans les institutions financières. «Avant, il y avait des pénuries en tout genre, lance Saïd, la soixantaine. Il y avait des pénuries d'huile, de savon, de café ; aujourd'hui, nous avons des pénuries d'argent, d'ailleurs très fréquentes dans les postes lorsque la date de versement de nos retraites approche.» Le billet de «2000 DA» aura permis de mieux gérer les ruptures et d'alléger le sac de billets. Il représente, d'après les chiffres de la Banque d'Algérie, plus d'un quart du montant global des billets en circulation. Les billets de 1000 DA représentent plus des deux tiers (68,11%). Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, la production des billets «verts» de 2000 DA s'est accélérée en 2012 pour répondre à l'accroissement de la demande. Le problème reste posé  : des sommes colossales sont injectées dans l'informel et des milliers de transactions sont conclues hors des circuits bancaires. «L'argent n'est pas fait pour être caché, mais plutôt pour réguler la circulation monétaire», plaide M. Benkhalfa, délégué de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF). A en croire cette association, l'Algérie ne dispose que d'un point bancaire pour 25 000 habitants, alors que la norme internationale est d'un point pour 8000 habitants.
Est-ce que c'est «halal» ?
La thésaurisation a aussi ses détracteurs du côté des défenseurs de l'économie islamique. Le docteur Mesdour Farès, expert en économie islamique à l'université Saâd Dahleb de Blida, explique que l'Islam a interdit ce procédé car il bloque la masse financière, ralentit la vitesse des activités économiques et participerait, indirectement, à «l'augmentation du taux de la pauvreté».
Pour y remédier, il propose la zakat qui «inciterait l'argent thésaurisé à rentrer dans le cadre de l'investissement halal». «Il n'est pas dans l'intérêt de la société musulmane de garder son argent hors du champ d'activité économique», prêche-t-il. Un avis réfuté par l'un des cambistes de la rue Abane Ramdane à Alger. En kamis et barbe bien droite, il affirme que le commerce a toujours été encouragé par l'Islam. «Ce sont plutôt les banques qui, en maintenant l'usure (riba), mènent ce pays vers la faillite.» L'un dans l'autre, le résultat est le même : l'économie algérienne ne pourra pas tenir longtemps dans un sac noir.


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