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Karim Tabbou: «Le 17 avril est un scrutin qui défie la société»
Sports
Publié dans El Watan le 30 - 03 - 2014

«Jouer sur les inquiétudes et les traumatismes du passé est la pire des violences, ce qui est moralement inacceptable», lance Karim Tabbou, porte-parole de l'Union démocratique et sociale. Entretien.
-Le scrutin présidentiel du 17 avril s'annonce particulier à bien des égards. Dans quelles conditions politiques se tiendra-t-il ?
La reconduction des mêmes procédés électoraux, des mêmes manœuvres habituelles faites de chantage social et de menace, la convocation des mêmes structures allant jusqu'à maintenir les mêmes «compétiteurs» attestent du caractère stérile et infécond de ce scrutin. Dans les pays démocratiques, un scrutin présidentiel est un moment fort de mobilisation de toute la société et de renouvellement du débat politique. Chez nous, c'est tout le contraire : le scrutin est à contresens même de l'histoire ; c'est un scrutin qui défie la société.
Au nom de «indjazat erraïs», une caste d'affairistes, obsédée par son unique envie de rester tout près du trésor, s'affaire à s'imposer coûte que coûte, allant jusqu'à utiliser des procédés violents et sournois. Jouer sur les inquiétudes et les traumatismes du passé est la pire des violences, ce qui est moralement inacceptable.
Le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, a estimé que le taux d'électrification des villages et de pénétration de gaz naturel dans les foyers, la réalisation des routes et des hôpitaux est un facteur mobilisateur des électeurs pour ce scrutin ! Du déjà entendu à l'ère coloniale ! Le colonialisme considérait qu'en dehors du «ravitaillement», lequel était d'ailleurs conditionnel, les indigènes n'avaient droit ni à la culture ni à la liberté, encore moins à la participation politique. Et puis, ces réalisations sont-elles le fruit d'un génie quelconque ? Non ! Donnez-nous la comptabilité des rentrées du pétrole et les dépenses engagées depuis 1999, nous évaluerons nous-mêmes les réalisations. Je considère, pour ma part, que le scrutin du 17 avril est une opération de confiscation du temps. C'est une élection fermée, mais le débat reste ouvert.
-Quel commentaire faites-vous sur la candidature de Abdelaziz Bouteflika alors qu'il termine son troisième quinquennat dans la double difficulté physique et politique ?
La vraie difficulté est que le pays patauge dans le flou et n'arrive pas à dégager des perspectives d'espoir pour les citoyens. La candidature du chef de l'Etat est un acte manqué, une démonstration de faiblesse pathétique du système, qui n'arrive même pas à assurer sa propre succession et sa régénérescence. Le système est devenu stérile et n'a plus aucune force de création. Au lieu de reconnaître cette évidence et d'aller dans le sens de l'histoire en acceptant de créer les conditions d'un transfert pacifique de pouvoir vers la société, il se borne à vouloir ramener la société toute entière à lui, sinon la soumettre par la force et la triche. Les hommes du pouvoir ne veulent même pas comprendre qu'il est temps de tourner la page, d'aller vers une véritable transition politique, de se conformer aux principes de bonne gouvernance, au respect des normes démocratiques. Ils n'arrivent plus à sortir de cette fonction bestiale de consommation. Ils ont consommé les richesses, les valeurs, l'histoire et sont en train de se consommer eux-mêmes.
-La réélection de Bouteflika sera-t-elle un «gage de stabilité» pour le pays, comme tentent de le défendre ses partisans ?
De quelle stabilité parlent-ils ? Le pays vit au jour le jour, aucune perspective sérieuse n'est perceptible. Je ne pense pas qu'il existe un Algérien qui ne se soucie de la stabilité, de la sécurité et de l'unité du pays. L'amour de l'Algérie n'est le monopole de personne ; l'emblème national, l'hymne national et tous les symboles de l'Etat ne sont la propriété de personne : c'est un capital commun, fruit de hautes luttes et de grands sacrifices partagés par les Algériennes et les Algériens.
La première responsabilité incombe au régime algérien lui-même, qui devra cesser de méditer et de suivre l'exemple des régimes dans les pays de la région. Ce sont les pratiques d'El Gueddafi, de Moubarak, d'Ali Abdellah Salah, d'El Assad et de Ben Ali, faites de violence, de fraude et d'humiliations des citoyens qui ont provoqué toutes ces violences. Ce sont les attitudes despotiques et criminelles de ces dirigeants qui refusent de céder qui ont orchestré tous ces drames. Ce sont ces dirigeants qui ont cultivé la division, le clanisme, le régionalisme, l'injustice, la corruption et le désespoir. Les populations étaient dans une position de légitime défense.
La stabilité de notre pays ne peut être garantie que par la restitution au peuple algérien de son droit à l'autodétermination. Laisser le peuple s'autodéterminer, c'est lui restituer ce dont il a été spolié depuis 1962, le droit de choisir librement ses représentations politiques et sociales. La stabilité du pays ne peut se réaliser que dans la construction d'un Etat démocratique.
-En février dernier, une grande polémique sur le rôle des services secrets (DRS) s'est installée. Croyez-vous à l'existence de tensions dans le sérail ?
Il y a eu des accusations graves sur lesquelles la justice aurait dû se saisir, mais cela est une autre histoire. Les tensions au sein du sérail doivent exister, la gestion par la tension est une doctrine, une option adoptée depuis bien longtemps par le pouvoir, mais de là à imaginer que les tensions arrivent à franchir un seuil donné, j'en doute fort. Il y a une entente tacite entre toutes les factions. Le contrat qui les lie est la préservation et la pérennité du système. Chercher des vertus chez les uns au détriment des autres, c'est gaspiller son énergie et son temps.
Concernant le rôle des services secrets dans un régime démocratique, toutes les missions institutionnelles sont clairement définies, les institutions se soumettent à l'obligation de rendre des comptes et au contrôle démocratique ; même la mission de défense des intérêts stratégiques d'un pays doit se faire dans un cadre légal et obéir à des normes. Aucune institution ne devrait être au-dessus des contrôles.
-En face, l'opposition étale ses divisions sur la stratégie à adopter, alors qu'elle est d'accord sur l'objectif d'une transition démocratique. Est-ce à ce point devenu impossible ?
De mon point de vue, l'opposition doit s'atteler à redonner de la crédibilité à sa parole, sortir de ses enfermements et de son ghetto, se débarrasser de tous les faux clivages qui ont empêché sa construction pour espérer une reconquête des espaces perdus. C'est en accomplissant des actes francs de rupture avec le régime en place que l'opposition peut espérer du respect populaire.
Si l'on continue de tricher avec soi-même en acceptant les miettes que nous donne le pouvoir et en délaissant les espaces au sein de la population, le mot même «opposition» sera voué à l'échec, alors que le tri entre vrais et faux opposants devient indispensable. Aujourd'hui, l'opposition doit avoir le courage d'assumer ses échecs et ses erreurs pour espérer un réel renouveau politique. Tous les compromis sont possibles, pour peu que l'opposition fasse l'effort, consente des sacrifices et mette fin à un espoir illusionniste d'une réforme du système de l'intérieur. A partir de cet instant, plus rien n'est impossible.
Si l'opposition arrive à renouer avec la pratique politique saine et à renégocier un contrat solide, de confiance, avec les citoyens, l'évolution du pays vers la démocratie sera inéluctable. Les luttes intestines, fratricides et surtout inutiles ont miné et ruiné l'opposition, ce qui a d'ailleurs, sans nul doute, constitué la force du système à se maintenir en place fortement et aussi longtemps. Si les différents partis se proclamant de l'opposition arrivent à former des «courants d'opinion», chacun avec ses moyens et ses militants, ses spécificités et ses ancrages, il deviendra facile d'engager des initiatives de rassemblement. Nous devons tout simplement réapprendre à travailler avec nos différences, à les accepter et à les faire cohabiter. Un vrai compromis de l'opposition n'est pas celui qui dissout les différences mais celui qui les respecte.
-L'opposition à laquelle vous vous apparentez est plus que jamais interpellée sur la nécessité d'imposer une alternative démocratique à l'autoritarisme. Comment y parvenir ?
L'opposition doit reprendre l'initiative politique en définissant clairement ses priorités, sa stratégie et ses moyens d'action. Deux questions fondamentales se poseront à nous dans un avenir proche : allons-nous agir par des méthodes électorales pour anéantir le régime ou allons-nous chercher à mobiliser la société pour imposer une alternative ?Une évolution positive de l'intérieur du système est-elle possible ou faudra-t-il créer les conditions d'une pression populaire pour exiger le changement ?
De mon point de vue, l'opposition doit porter un discours d'espoir, rassembleur et inclusif des forces sociales. Elle ne doit céder ni à la corruption ni à la violence, éléments nutritifs du pouvoir en place.
L'opposition doit créer et solidifier ses rapports avec les mouvements émergents de contestation ; elle doit avoir le sens de l'écoute pour les chômeurs, les étudiants, les femmes… Elle doit montrer son attachement aux principes et aux valeurs de la justice sociale ; elle doit cesser de servir de décor et d'alibi.
-Avez-vous réussi à obtenir l'agrément de votre parti, l'UDS ?
Après avoir obtenu des services du ministère de l'Intérieur l'autorisation de tenir notre congrès constitutif, nous nous sommes attelés à sa préparation, conformément à la loi organique portant sur les partis politiques. Nous comptons donc tenir notre congrès constitutif vers la fin du second trimestre de l'année en cours. Certes, nous avons rencontré quelques blocages que nous sommes en train de surmonter petit à petit. Une chose est sûre : nous ne comptons pas renoncer à notre droit constitutionnel de fonder un parti et nous ne cèderons à aucune pression. Nous restons sereins, nous dénoncerons toutes ces tentatives visant à nous empêcher d'exercer la politique. Plus encore : nous ne céderons jamais !


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