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«L'Etat maintient l'illusion d'une rente infinie»
Zoubir Benhamouhe. économiste
Publié dans El Watan le 14 - 04 - 2014

Dans cet entretien, Le docteur en économie Zoubir Benhamouche analyse le lien entre les politiques populistes et le maintien du système en soulignant l'illusion que constitue «la pérennité» de la rente.
-L'administration sortante semble s'accommoder du fait que l'argent de l'ANSEJ ait été détourné de sa vocation. Comment expliquer qu'un dispositif destiné à créer de l'emploi soit devenu un outil électoral ?
Le lien entre démocratisation et performances économique est très complexe, et il est loin d'être totalement compris pas les économistes. Parfois, la démocratisation des institutions s'avère plus efficace après des réformes économiques (Chili, Espagne), parfois il a fallu démocratiser les institutions avant de pouvoir faire des réformes économiques et créer de la croissance (île Maurice). Certains pays en transition comme la Pologne ont tout fait en même temps, avec succès. L'un des facteurs en défaveur, à court terme, de la démocratisation pour mener des réformes est le fait que les gouvernements peuvent être bloqués dans leur volonté de mener des réformes par le souci de contenter leur électorat, ce qui les mènent à des politiques populistes, surtout lorsque les inégalités sociales sont très fortes. En Algérie nous avons l'un de ces désavantages pour mener des réformes douloureuses sans les avantages de la démocratie. Autrement dit, l'Algérie, classée dans les régimes autoritaires par les scientifiques, est obligée de mener des politiques «populistes» alors que la nature du régime aurait dû lui permettre de mener des réformes profondes en se souciant moins des impacts sociaux de court terme. D'ailleurs, l'Etat aurait pu gérer ces impacts et compenser les inégalités induites grâce à la manne pétrolière.
S'agissant de l'ANSEJ, elle n'a pas été créée à la veille des élections. C'est un dispositif issu certainement d'une bonne intention, mais qui aurait du être revu pour le rendre plus efficace. Malheureusement, il semble qu'après janvier 2011, il s'est transformé davantage en agence de redistribution de la rente qu'en agence aidant à la création d'entreprises par les plus jeunes. Effacer les dettes des mauvais payeurs et accepter que les sommes empruntées soient détournées à d'autres fins que la création d'entreprise est un très mauvais signal donné par l'Etat, et ne va pas du tout dans le sens d'une meilleure efficacité de l'ANSEJ. Mais cette politique est à mettre dans la catégorie des politiques populistes à des fins non pas électorales, puisque nous ne sommes pas dans une démocratie, mais à des fins de pérennité du régime politique.
-La dépense de l'argent public semble ne répondre à aucune logique économique pour peu que les objectifs électoraux soient atteints. Quel sera le coût à payer?
Encore une fois la politique de dépenses effrénées sans souci d'efficacité, et donc sans instruments d'évaluation ne date pas de cette période électorale. Elle est caractéristique du fait que le régime politique, faute de vouloir mener des réformes, se livre à des politiques «populistes» pour acheter la paix sociale et ne pas provoquer la gronde de la rue. Maintenant, en période électorale, il est donc naturel qu'on annonce une poursuite de cette politique en promettant de dépenser des milliards encore. Sauf que, là aussi, les scientifiques ont montré qu'en général les gouvernements, surtout dans des régimes non – démocratiques, ne peuvent pas être crédibles dans leurs annonces, car rien ne peut garantir qu'ils tiendront leurs promesses.
Dans notre cas, on pourrait penser que la peur d'une explosion sociale pourrait assurer un mécanisme «crédible» par lequel l'Etat s'engagerait à dépenser encore et toujours plus. Cependant les finances de l'Etat vont battre de l'aile, il a mené une politique insoutenable à terme, il ne pourra pas continuer à acheter la paix sociale (très précaire) en dépensant comme il l'a fait. Il ne faut pas parler de coût de cette élection, le coût c'est celui qui proviendra du fait de ne pas amorcer un changement de trajectoire auquel appelle par exemple l'initiative NABNI.
Ainsi, oui, si cette élection ne débouche pas sur un changement de voie, un changement de la gouvernance publique, une transformation de notre modèle de développement, alors oui elles auront un coût titanesque pour notre pays. Il faut en finir avec ces institutions inefficientes qui ne répondent pas aux problèmes de fond de notre pays, ni aux attentes de la population. Le danger est ainsi celui de la continuité, de perpétuer un Etat qui veut s'acheter une légitimité par un usage inconsidérée d'une rente fragile. Un Etat qui maintient l'illusion que nous pouvons compter indéfiniment sur la rente, alors que c'est totalement faux. L'Iceberg dont parle NABNI pour qualifier les dangers qui nous guettent, n'est plus dans 10 ans mais dans une poignée d'années tout au plus.
-Jusque là l'Etat a usé de la rente pour maintenir la paix sociale et gagner les faveurs des sceptiques. Qu'est ce qui limitera sa marge de manœuvre?
Je pense qu'aujourd'hui les sceptiques le sont encore plus. L'Etat a failli, c'est une évidence, les chiffres le montrent, ainsi que les tensions sociales qui secouent notre pays depuis des mois. Si l'on met en balance le taux de croissance moyen de l'économie entre 2001 et 2011 (à peine supérieur à 2%) et les dépenses publiques, on ne peut qu'être frappé par l'inefficacité de la dépense publique.
L'Etat n'aura plus les moyens financiers de sa politique, voilà ce qui va lui poser problème. Il y a aussi une société qui comprend mieux la dérive du pays, et qui va renforcer sa pression sur l'Etat, non pas pour qu'il redistribue plus, mais qu'il cesse d'hypothéquer l'avenir du pays. Il n'y a qu'un seul moyen pour éviter le scénario du pire à notre pays : rétablir la légitimité et l'autorité (au sens démocratique du terme) des Institutions, les rendre redevables devant le citoyen, transparentes, et lier par la Constitution les mains de l'Etat en termes de capacité à utiliser la rente pour se financer. C'est nécessaire pour «forcer» les gouvernants à mener des réformes et sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures.
C'est également nécessaire pour rétablir la crédibilité de l'Etat, et restaurer a minima le lien de confiance entre le citoyen et les Institutions.
Ceci est capital car l'Etat est extrêmement faible aujourd'hui, prisonnier d'intérêts privés, et donc incapable de mener des réformes pour deux raisons : d'abord les réformes risqueraient d'affaiblir les intérêts particuliers et de s'opposer aux multiples poches de rentes qui se sont créées partout, dans les institutions et dans la société et qui donc s'opposeront aux réformes. Ensuite, sans légitimité, l'Etat ne pourra pas disposer de la crédibilité et de l'autorité nécessaires pour mener des réformes douloureuses, profondes. Il risque d'être coincé dans une politique de redistribution de la rente.
Or ces réformes sont vitales si l'on veut amorcer rapidement la diversification économique et faire face à la réduction de nos capacités d'exportations d'hydrocarbures, qui représentent rappelons le près de 70% du financement de l'Etat. En conclusion, nous avons perdu un temps précieux pour mener des réformes, et gâcher beaucoup de ressources qui auraient pu être utilisées pour nous doter de capacités de création de richesse et lisser dans le temps le coût social des réformes. Le pays est aujourd'hui dans une «trappe sociale», dans une impasse, et le «choc politique» qu'il faut impulser pour nous sortir de cette crise doit être à la hauteur des dangers qui nous guettent.


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