L'affluence vers les bureaux de vote a été des plus timides aux quatre coins de la wilaya. Les bureaux de vote n'ont pas connu une affluence notable, jeudi, à l'occasion de l'élection présidentielle dans la wilaya de Tizi Ouzou. La population a, dans sa grande majorité, tourné le dos à cette échéance électorale. Ce scrutin est marqué, encore une fois, par un nouveau fort taux d'abstention qui a frôlé les 80%. D'ailleurs, à l'ouverture des centres de vote, à 8h, la ville était quasiment vide. Hormis quelques riverains qui faisaient leurs courses quotidiennes, il n'y avait pas beaucoup de gens qui circulaient au chef-lieu de wilaya. Nombreux sont les commerçants qui n'avaient pas ouvert leurs boutiques, à l'exception des boulangeries et des cafétérias. Les citoyens ne se sentaient pas concernés par le scrutin. Le rejet de la présidentielle s'est finalement concrétisé pratiquement dans la totalité des quartiers de la capitale du Djurdjura, alors que dans le reste du territoire de la wilaya, l'affluence vers les bureaux de vote a été des plus timides. Le premier taux de participation communiqué par les services de la wilaya faisait état, à 10h, de 2,66% avec 18 183 votants sur les 684 351 inscrits sur le fichier électoral. La commune d'Iferhounène, à 50 km au sud-est de Tizi Ouzou, avait enregistré, à la même heure, moins de 1% de participation. «Ici, la population a choisi carrément le rejet de cette élection qui n'augure rien pour le changement du système politique en place. Le citoyen veut dire non à la mascarade électorale que les décideurs veulent coûte que coûte organiser pour un simulacre de scrutin pour un candidat qui ne peut même pas marcher», a déclaré un citoyen de cette localité de la Haute-Kabylie, joint au téléphone, pour expliquer les raisons de cette forte abstention. Au milieu de la journée, alors que le taux de participation n'avait pas dépassé 10%, les centres de votre de la ville des Genêts sont pratiquement désertés par les habitants. Deux vieilles femmes, accompagnées par leurs filles, se dirigeaient vers un bureau de vote à l'école Ali Laïmèche où, à 16h, l'établissement n'avait pas encore enregistré 7% de participation. «Les électeurs ne se bousculent. On accueille à peine 10 personnes chaque heure», nous a fait savoir le chef du centre. Toujours dans la commune de Tizi Ouzou, à Ihesnaouène, des centaines d'électeurs ont boudé les urnes. Nous avons rencontré, lors de notre passage, des citoyens à la placette du village Aït Mansour en train de discuter mais pas au centre de vote où nous avons seulement trouvé, à 15h, les membres de l'encadrement de l'opération du scrutin à l'extérieur des bureaux, savourant le soleil printanier de cette journée. «Il n'y a que le directoire de campagne de Benflis et celui de Bouteflika qui ont envoyé leurs contrôleurs. Les représentants des autres candidats sont absents», nous a-t-on dit sur place. Effectivement, une importante défection des contrôleurs de Louisa Hanoune, de Abdelaziz Belaïd, de Ali Fawzi Rebaïne et de Moussa Touati a été enregistrée à travers les 67 communes de la wilaya. A 17h, l'administration annonce 14% de votants avant d'en faire état de 20,11% à la fin de l'opération du scrutin. Ce taux a suscité beaucoup d'interrogations chez nombre de personnes. «Comment peut-on avoir autant de votants en 2 heures alors que depuis la matinée les centres de vote étaient pratiquement vides ?» s'interroge un militant politique. «Il y a les éléments des corps constitués qui ont voté en masse, car si l'on se réfère au nombres de votants civils, le taux de participation ne dépassera les 10%. Il y a plusieurs casernes, des dizaines de structures de police et de gendarmerie à travers la wilaya. Donc, il faut s'attendre à ce taux de participation même si la population a boycotté l'élection», estime un autre. Par ailleurs, lors de notre tournée, à l'heure du dépouillement, nous avons remarqué que l'opération s'est terminée en un tour de main, ce qui explique une maigre participation. Celle-ci est enregistrée aussi dans le nord de la wilaya. Là, des incidents ont eu lieu dans un centre de vote, juste à l'ouverture du scrutin. Dans l'école primaire du village Azroubar, dans la commune de Mizrana, daïra de Tigzirt, des manifestants ont saccagé les urnes. Des émeutes ont éclaté après l'arrivée des éléments de la brigade antiémeute en renfort. Une heure plus tard, l'opération de vote a repris son cours, sans toutefois enregistrer une forte participation des électeurs, puisque le taux n'a pas dépassé les 5%. Même topo à Tigzirt où des citoyens nous ont fait état d'une faible affluence aux centres de vote. «Il y a plus de personnes qui déambulent sur la placette du port que celles qui votent ici», nous a précisé un habitant de la ville, décrivant une atmosphère qui ne ressemble aucunement à un jour de scrutin. Par ailleurs, pour ce qui est des résultats dans la wilaya de Tizi Ouzou, le président-candidat Abdelaziz Bouteflika vient en tête du classement avec 59,76% tandis que Ali Benflis a eu 27,25%, alors que la troisième place est revenue à Louisa Hanoune avec 6,28% des suffrages exprimés. Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati ont eu respectivement 2,23% et 0,68%. Notons enfin que l'échéance électorale de jeudi s'est déroulée presque dans l'indifférence dans la wilaya de Tizi Ouzou où la population a manifesté son rejet de l'élection bien avant ce rendez-vous avec les urnes mais aussi lors du déroulement de ce scrutin.
