Journée violente, une quinzaine de bagarres dans le quartier. Deux morts, qui ont aussitôt été accusés par la police de rupture du jeûne sur la foi du médecin légiste, pendant que Ali Benhadj organisait un rassemblement pour interdire de mourir le ventre plein. Mais bref, f'tour, chorba frick sans fric, puis un étrange plat à base de boulettes de viande carrées mélangées à des boulettes de viande rondes. De la topologie alimentaire. Du Hamoud bien sûr, pour noyer le tout dans un kilo de sucre liquide et trois zlabia (les longues, pas les rondes) pour clôturer la cérémonie. Trois cafés, cinq cigarettes dont une avec adjuvant puis sortie. Mon ami Ramdane a proposé d'aller voir un one man show d'un général à la retraite reconverti dans le spectacle. Nesrine s'est jointe à nous, toujours inconsolable, de même que Aïssa, un ami mozabite venu à Alger avoir un peu de fraîcheur et moins de violence. Il n'a pas amené son maillot comme quand il est allé à Annaba, l'année dernière, mais trouve que depuis quelque temps, Alger est plus sûre que le M'zab. Ce qui a étonné Ramdane qui, lui, trouve que la capitale est plus violente que n'importe quelle ville. Bref, le général à la retraite, habillé en vert mais pas militaire, était très rigolo. Etrange bien sûr, comme si Hdidwane, Allah Yerrahmo, était passé à l'état-major. Mais bref, le spectacle était bon, surtout quand le comique s'est moqué de l'alliance entre l'armée et la Présidence, qu'il a symbolisée par un gros ventre avec une casquette assis tout seul sur une chaise roulante. Le clou du spectacle, c'est quand il a expliqué avoir monté ce spectacle avec un dossier Ansej. On était pliés de rire, sauf Nesrine. On a veillé ensuite autour de thés et on n'a pas vu le temps passer. D'ailleurs, il n'est pas passé. Oui, Ramdane n'a pas pu s'empêcher de rappeler sa phrase favorite : le temps n'est pas le même quand on le regarde de derrière ou de devant.