Si les familles de la wilaya de Batna s'attachent à respecter les nombreuses traditions propres aux Aurès, elles accordent une importance particulière à ennasfia qui célèbre, au soir du 14e jour de jeûne, l'avènement de la seconde moitié du mois sacré de Ramadhan. Piété, solidarité, recueillement et beaucoup de convivialité entourent cet événement qui crée un climat de fête dans les demeures chaouies. C'est ainsi que dans la ville de Batna, dès la matinée du 14e jour du mois sacré, d'exquises senteurs se dégagent de tous les coins d'une cité déjà plongée dans une belle ferveur spirituelle. Une ferveur populaire également puisqu'elle se fait aussi sentir dans les foyers et dans les différents marchés qui «grouillent» de clients se ruant sur les produits et les épices nécessaires à la ménagère qui met un point d'honneur à dresser, à cette occasion, une table ramadhanesque bien particulière. Sur le registre culinaire, précisément, la nuit de la mi-Ramadhan est l'occasion pour les femmes de démontrer leurs talents de cuisinières et de gâter leurs familles avec des mets traditionnels et des plats savoureux dont la célèbre chekhchoukha (connue sous le nom de tridet ettadjine dans d'autres régions du pays). Lors d'ennasfia, la chekhchoukha trônera en maîtresse sur la meïda du f'tour, reléguant au second plan (mais très provisoirement, le temps d'un seul repas) l'indétrônable chorba frik, omniprésente durant le mois sacré.