Au moment où les wilayas du Sud comptent encore les victimes de la canicule de l'été 2014 qui se poursuivra jusqu'en octobre de toute évidence, le ministère de l'Education nationale a fixé la date de la rentrée scolaire 2014-2015 au 7 septembre prochain dans toutes les régions du pays, y compris celles du grand Sud où des températures exceptionnellement élevées ont été enregistrées durant la saison estivale. Le ministère rejette toute proposition. Ce sera donc ni zoning, ni aménagement des horaires, ni moyens de climatisation, ni fontaines fraîches. Union nationale scolaire Encore un ni. Les rapports antérieurs et encore moins les doléances des directeurs de l'éducation des 13 wilayas du Sud qui sont supposés avoir levé les préoccupations d'ordre climatiques, sanitaires et pédagogiques de la famille de l'éducation de ces régions n'ont, semble-t-il, aucunement plaidé pour une mesure de clémence sollicitée depuis plusieurs années d'autant plus que les étés sont de plus en plus chauds et longs au Sahara. D'aucuns parlent d'ores et déjà d'un ministère aphone prônant la solution politique, l'alignement aveugle sur un calendrier national où les insuffisances du secteur de l'éducation, les particularités locales et les disparités régionales n'ont pas leur place. Le cas du maintien des sessions d'examens de fin d'année dans la wilaya de Ghardaïa malgré la situation sécuritaire qui y prévaut depuis le mois de novembre dernier en est la meilleure illustration. Le constat est qu'à l'instar de l'année dernière durant laquelle le mercure n'a commencé à baisser qu'à la mi-octobre, parents et enseignants appréhendent un début d'année éprouvant. Des manifestations ont eu lieu, la semaine dernière, à In Salah et Adrar pour réclamer des mesures spécifiques au sud durant la période de canicule. Mais pour cela, il faut des responsables qui connaissent ce qu'est un +50 °C à l'ombre mais aussi sa signification au sol et à l'extérieur pour imaginer ce que sera le parcours entre le domicile de l'élève et la classe. Tel sera notamment le cas des élèves du palier primaire, les plus nombreux évidemment et ceux dont les établissements scolaires sont les moins bien préparés à un retour des classes sous 50 °C. La majorité des écoles primaires ne sont dotées ni de climatiseurs ni de fontaines fraîches. Celles qui comptent quelques ventilateurs muraux n'ont pas de cours ombragées et manquent de verdure ou de couloirs couverts. Crime pédagogique A supposer que les arguments du ministère quant à la non-acceptation d'un quelconque zoning soient recevables, que cela relève de l'unité nationale et jusque dans les écoles du fin fond du désert, quelles sont donc les alternatives proposées aux élèves des zones chaudes ? Les horaires demeurent inchangeables, 8h-11h15 le matin et 13h-14h30 pour l'après-midi. Ce qui relève du suicide pour les petits de 6 à 10 ans munis de cartables, de gourdes, de chapeaux… Avec les risques encourus durant cette période de la journée dans des rues désertes. Quelle pédagogie et quelle compréhension quand on suffoque à l'intérieur de murs de béton inadaptés à ce climat ? Quelle timing pour les parents qui devront se charger d'accompagner leurs enfants à de telles heures ne serait-ce que pour sécuriser ce parcours ? Rien ne semble justifier cette rentrée uniforme obligatoire pour les régions au climat caniculaire, cela relève du crime pédagogique.
