Au Musée central de l'armée, situé à Riadh El Feth, une aile au deuxième étage a été consacrée aux condamnés à mort exécutés dans les prisons de Serkadji (Alger), celle d'Oran et celle de La Casbah à Constantine. Un véritable travail de mémoire, en hommage à ces hommes qui se sont sacrifiés pour leur pays, en payant de leur vie sous la guillotine, sauf que l'un de ces hommes a été oublié. Il s'agit de Mohamed Belkheiria, premier condamné à mort exécuté à la prison de La Casbah de Constantine le 7 août 1956, soit moins de deux mois après l'exécution, le 19 juin à Serkadji, de Ahmed Zabana et Abdelkader Ferradj. Cet «oubli» ou «omission» sont pour le moins incompréhensibles, surtout que des archives de la presse française de l'époque, notamment La Dépêche de Constantine du 19 mai et du 8 août 1956, avaient relaté les faits, notamment l'arrestation de Mohamed Belkheiria, sa condamnation à mort et enfin son exécution dans l'enceinte du centre pénitentiaire de la prison militaire de La Casbah, alors qu'il n'avait que 23 ans. Né le 12 juillet 1933 au douar Sfahi, commune mixte de Séfia à Souk Ahras, Mohamed Belkheiria a été engagé dans les rangs de l'armée française pour servir en Indochine. Il fera partie du 15e Bataillon des tirailleurs algériens (BTA) en garnison au camp Fray, à Mansourah, à Constantine. Selon les informations relatées par La Dépêche de Constantine, Belkheiria, qualifié de déserteur, avait quitté son unité au début du mois de mars 1956 pour rejoindre un groupe de moudjahidine à Djebel Ouahch. Avec ce groupe, commandé par le chef Salah Boubnider, plus connu par son surnom «Saout El Arab», il a exécuté plusieurs sorties au cours desquelles il participera à de nombreux attentats contre des fermes coloniales. Le 26 avril 1956 à 19h, des attentats ont été commis dans la ville de Constantine par un commando du réseau FLN de Constantine, descendu du maquis de Djebel Ouahch. Belkheiria a participé à l'attentat commis au bar Chazot, situé derrière la Grande-Poste de la place de la Brèche, plus connu après l'indépendance par le café Bosphore, transformé actuellement en bazar. Il sera poursuivi et arrêté, alors que son complice réussit à prendre la fuite par la rue Bienfait (actuelle Abdelmalek Kitouni). Présenté devant le tribunal permanent des forces armées de la région de Constantine, il sera condamné à mort le 16 mai 1956.