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«Fait-il de la musique française ?»
La chronique de Maurice Tarik Maschino
Publié dans El Watan le 03 - 11 - 2014

Il en est des maladies d'une société comme des maladies d'une personne : certaines reviennent à date fixe, d'autres, permanentes, connaissent à certaines périodes de violents accès de fièvre. Ainsi en va-t-il en France de l'islamophobie : générale, constante et multiforme, elle devient particulièrement aiguë à chaque rentrée des classes.
Dans de nombreuses écoles primaires – pas dans toutes, car, selon le ministère de l'Education, c'est à chacune de décider – des mères, dont l'aide bénévole serait pourtant la bienvenue, ne peuvent accompagner et encadrer les enfants lors d'une sortie : elles portent le hidjab et risquent de les «traumatiser» (!). Dans les collèges et les lycées, des parents s'inquiètent de ce que mangent les élèves : «Et si, au lieu d'un bifteck bien de chez nous, c'était de la viande halal ?»
Toujours le même refus de toute différence, toujours la même exigence à l'égard de celui qui vient d'ailleurs ou, né en France, a une origine étrangère : que cela ne se voie pas ! Surtout s'il souhaite acquérir la nationalité française.
A quelles questions absurdes, pour ne pas dire à quelle folie inquisitoriale il est alors soumis, c'est ce que révèle l'excellent ouvrage d'un sociologue algérien, Abdellali Hajjat, maître de conférence à l'université Paris-Nanterre, Les Frontières de l'identité nationale(1). On y trouve des textes totalement aberrants sur les conditions que doit remplir tout candidat à la naturalisation et surtout, à sa lecture, on comprend mieux à quelle profondeur s'enracine en France le rejet pathologique de l'autre, toujours aussi total, aussi fou qu'il y a un siècle.
Telle, par exemple, cette circulaire qui, dans les années 1930, précise à quel examen un Indochinois est soumis : «S'habille-t-il à la française ? Est-il attaché à nos traditions ? A-t-il une politesse française ? Son habitation est-elle aménagée à la française (salon, bureau de travail, chambre à coucher, etc) ? Fréquente-t-il des spectacles à la française ? A-t-il d'autres habitudes françaises ? Lit-il régulièrement des journaux de langue française ? S'intéresse-t-il à la science française ? Pratique-t-il l'hygiène ? A-t-il recours à la médecine française en cas de maladie ? Fait-il de la musique française ?A-t-il des relations avec des Français ? Peut-il engager convenablement une conversation française ?» Autrement dit, s'il préfère l'homéopathie à la médecine moderne, joue du dizi ou du baramung(2) plutôt que du violon, préfère le manioc aux pommes frites et, ignorance sacrilège, fait des fautes d'orthographe dans la dictée qu'on lui impose, son compte est bon : inassimilable il est – et le reste.
D'autres circulaires précisent que tout candidat à la nationalité française doit éprouver des «sentiments français» (lesquels ?), d'autres, de 1952, estiment nécessaire le mariage avec une Française et la «fréquentation exclusive ou préférentielle de Français», une autre, de 1967, signale les raisons, toujours les mêmes, de refuser la naturalisation : chez lui, l'étranger ne parle pas français, il ne fréquente que des compatriotes, il va très souvent à la mosquée – et si c'était un islamiste ? – il passe ses vacances en Algérie ou au Sénégal plutôt qu'en Bretagne ou en Ardèche…
La vraie raison de cette méfiance n'est pas d'ordre religieux et elle n'est pas seulement politique : elle renvoie à une peur première et irrationnelle de l'autre, que bien des pays ont dépassée et que d'autres n'ont jamais eue.
Quand, dans certaines régions d'Afrique, rapportent les ethnologues, les habitants ont vu débarquer des Blancs, ils les ont pris pour des dieux, alors que les Blancs hésitaient : avaient-ils affaire à des hommes ou à des singes ? Les Africains ont vite révisé leur jugement, mais bien des Européens, et notamment des Français(3), n'ont pas encore compris, comme dit Montaigne, que «chaque homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition».
1/ La Découverte, Paris, 2012.
2/ Le dizi est une flûte horizontale, le baramung un tambour.
3/ «Retourne sur ton arbre !» ont lancé de jeunes voyous à Mme Christiane Taubira, ministre de la Justice.


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