Le président du Comité olympique algérien revient sur les différentes étapes de la participation algérienne à Athènes. Refusant d'alimenter la polémique, Berraf préfère situer les responsabilités. Vous avez annoncé le pronostic de cinq médailles, il n'en fut rien. Décevant, n'est-ce pas ? C'étaient des objectifs fixés en fonction des prévisions et pronostics avancés par les fédérations sportives. Ces prévisions ont été établies sur une base de données objectives dans un climat de concertation serein et responsable. La délégation comptait dans ses rangs de grands champions, à l'image de Guerni, Sief, Benida, Hammad, Ilès, Rahouli, Souakri, Haddad, Boukenza, Soltani, Bouziane, pour ne citer que ces noms. C'étaient des médaillés potentiels. J'espère que les personnes qui ont été si souvent alertées par nos soins sur la situation du mouvement sportif national ont compris aujourd'hui qu'il ne s'agissait pas de vaines paroles ou d'avis tendancieux. Ce qui me peine le plus aujourd'hui, c'est que l'on a jamais pris la peine d'écouter nos cris de détresse. Le moment n'est pas de jeter la pierre à ceux qui se sont dépensés sans compter. Il faut les rassurer d'abord. Le fait d'avoir raté l'objectif assigné pour ces JO d'Athènes a fait très mal... Je suis également déçu. Néanmoins, il faut éviter de justifier l'échec. Mais d'un autre côté, il faut souligner que pour la première fois dans l'histoire mondiale de la natation, un nageur arabe, de surcroît algérien, a participé aux finales du 50 m et du 100 m en nage libre. Pour ce qui est de l'athlétisme, l'Algérie était présente à cinq finales. En judo, Souakri et Haddad ont été éliminés par des athlètes qui ont décroché la médaille d'or. Bouziane a battu le champion de France et vice-champion d'Europe en titre, alors qu'il s'est incliné devant le champion d'Europe en titre sur un écart d'un point. Certains observateurs ont estimé que c'est une véritable débâcle quand on arrive à ce stade de la compétition... En tant que responsable du COA, je pense que la prise en charge psychologique et physique a fait grandement défaut. Nos athlètes sont entrés en compétition pour sauver l'honneur. Il faut reconnaître que le manque d'installations sportives pour les entraînements et l'inadéquation de la préparation auront été en grande partie à l'origine des résultats obtenus aux JO d'Athènes. Une enveloppe financière de 279 milliards de centimes a été allouée. Qu'en est-il au juste ? Un comité interministériel a été tenu le 29 décembre 2003 afin de définir les voies et moyens qui permettront à nos meilleurs athlètes de se préparer et de participer aux JO d'Athènes dans de bonnes conditions pour justement représenter dignement le pays. Néanmoins, je dois vous révéler que les fédérations sportives n'ont perçu que 15 milliards de centimes depuis la décision du comité interministériel. C'est le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) qui se charge de la répartition de ces sommes d'argent. En dépit de l'intérêt du Premier ministre pour l'élite sportive, il faut reconnaître que les bureaucrates et les tracasseries administratives, comme d'habitude, agissent à contre-courant de la volonté des hautes autorités politiques, d'une part, pour entraver le mouvement sportif national, d'autre part. Je dois vous préciser que le COA n'a jamais été aux commandes des leviers financiers. Ce n'est qu'une autorité morale élue par les représentants du mouvement sportif national. Le ministre a déclaré qu'il s'attendait aux résultats obtenus au JO d'Athènes, tout en reconnaissant le bon comportement des athlètes algériens. Or le COA et les fédérations sportives avaient pronostiqué des podiums ? Le ministre de la Jeunesse et des Sports dispose de ses canaux d'évaluation. Mais je dois vous préciser que nous avons attiré son attention sur cette éventualité compte tenu de nos propres estimations. Mais permettez-moi de revenir à votre question précédente pour vous confirmer que les fédérations sportives ont perçu 15 milliards de centimes sur un total de 60 milliards octroyés par le comité interministériel. En ce qui concerne cette somme de 279 milliards allouée aux fédérations sportives pour se préparer aux JO d'Athènes, je souhaite que les personnes responsables de ces déclarations donnent plus de détails. Il s'agit de deniers publics, chacun de nous a le droit de connaître la destination de ces sommes d'argent. Pourquoi le COA a-t-il refusé de servir de tiroir-caisse pour prendre en charge les athlètes ? Je dois être clair à ce sujet, le COA a effectivement refusé de gérer les bourses des athlètes de haut niveau au cas où il ne disposerait pas des prérogatives d'évaluation du travail, de la désignation des centres de préparation agréés, du suivi médical et du choix des éléments de son encadrement. Il faut travailler sur la base d'un contrôle rigoureux. Un athlète algérien a rencontré un athlète israélien. Beaucoup de gens ont réagi. Vous venez de casser un tabou... L'Algérie a adhéré à la charte olympique en 1963, et s'attache depuis à veiller à être en conformité avec les textes. Cette compétition sportive n'a pas de connotation politique. L'Algérie n'est pas responsable du tirage au sort aux JO. Sa participation n'est soumise à aucune contrainte ou condition. L'Algérie sportive demeure solidaire du peuple palestinien, tout en dénonçant le sionisme et les répressions exercées contre le peuple frère palestinien. L'Algérie sportive n'est pas raciste ou antisémiste. L'Algérie a fait participer un pongiste qui évolue en France et est classé au 400e rang. Comment est-on arrivé à le faire participer aux JO ? Tout simplement parce que l'Algérie s'est classée derrière l'Egypte dans le championnat d'Afrique. Après le désistement des Egyptiens, une défection de dernière minute, la fédération et le staff technique ont jugé utile de faire participer ce jeune pour lui faire bénéficier justement de cette expérience. Clairement, peut-on savoir le montant exact qui a été alloué à nos sportifs pour se préparer à ces JO d'Athènes ? La participation algérienne à ces JO d'Athènes 2004 n'a coûté à l'Etat que la somme de 12 millions de dinars. Pour l'année 2004, 32 milliards de centimes ont été alloués aux 45 associations pour leur fonctionnement et la préparation des athlètes aux JO et aux jeux panarabes. Nous avons pu récolter en produits divers et prestations au titre de sponsoring l'équivalent de 25 millions de dinars. La somme allouée par les pouvoirs publics pour la préparation des athlètes aux fédérations sportives ne souffre d'aucune urgence de la part du COA. A la veille des jeux panarabes, comment se présente la situation ? J'espère que tout rentrera dans l'ordre. Il y a un comité d'organisation qui s'attelle à garantir le succès pour ces jeux. Le public pourra assister aux compétitions pour se rendre compte de l'évolution du sport dans le monde arabe et la place de l'Algérie dans cette compétition régionale.
