La libération des deux journalistes français retenus en otage en Irak, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, semble imminente. La diplomatie semble porter ses fruits. A moins d'un revirement de dernière minute, l'Armée islamique en Irak va libérer nos deux confrères français. Tout le monde se mobilise pour la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, journalistes français enlevés le 20 août dernier avec leur chauffeur syrien sur la route entre Baghdad et Najaf. Même l'imam radical chiite Moqtada Sadr a fait lire un prêche en son nom où il demande aux ravisseurs de revenir à la raison car, selon lui, « la France ne participait pas à l'occupation de l'Irak, même si elle était un pays inamical à l'Islam et aux musulmans ». La France a mobilisé la diplomatie arabe et a mis tous ses moyens en œuvre pour libérer les deux journalistes. Et elle a trouvé un appui considérable de la communauté musulmane française, qui a multiplié les gestes pour participer à « l'effort républicain ». C'est la première leçon de cet enlèvement : si la loi sur le port des signes religieux à l'école a divisé la communauté musulmane, et une forme de divorce avec la République avait été amorcé par certaines associations intégristes, le rapt de l'Armée islamique a réussi au contraire à cimenter cette communauté autour des valeurs républicaines. Attente optimiste Les deux otages français sont « hors de danger et leur libération n'est plus qu'une question de temps », a affirmé cheïkh Abdel Salam Al-Kobeissi, dirigeant du Comité des oulémas musulmans, l'organisation la plus représentative des sunnites irakiens. La délégation de trois membres du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui s'était rendue à Baghdad jeudi, ne doute pas de l'imminence de la libération de Christian Chesnot, 37 ans, et Georges Malbrunot, 41 ans, ainsi que de leur chauffeur syrien, Mohamed Al Joundi. « Le vendredi est un jour très important pour les musulmans. C'est celui de la prière du vendredi et la communauté musulmane et la nation attendent cette libération », a déclaré Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF). L'enlèvement des deux otages français a suscité une spectaculaire campagne de solidarité en France et dans le monde arabe. Le mouvement de résistance palestinien, le Hamas, a joint sa voix à celle de Yasser Arafat pour exiger leur libération. Jamais le monde arabe ne s'est autant mobilisé. Et l'Armée islamique en Irak, qui a exigé l'abrogation par la France de la loi interdisant notamment le voile islamique dans les écoles publiques, se trouve dans une position inconfortable : libérer les otages ou se couper de toute aide extérieure, arabe ou occidentale. Aux propos optimistes de l'ambassadrice de Jordanie à Paris, Dina Kawa : « Nous sommes très optimistes sur le fait que la libération va intervenir dans les jours qui viennent, peut-être aujourd'hui », le Premier ministre français appelle les membres du gouvernement « à la plus grande prudence », notant que les informations restaient « incertaines ». Si l'optimisme est toujours de mise, la prudence est recommandée par les autorités françaises. Le nouveau président irakien Ghazi Al Yaouar, qui était attendu dimanche à Paris, a décidé de reporter sa visite. Jusqu'à la fin du dénouement de cette crise.
