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Ils avaient 20 ans dans les Aurès
Le Chahid Khelaïfia Rebaï. Chef de la zone 4 de la Wilaya I (Aurès-Nememchas)
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2015

Ils sont entrés dans la guerre comme on entre en religion, avec foi et détermination, sans dérobade ni reculade. Ils avaient vingt ans dans les Aurès, et que le cinéaste militant engagé René Vautier a su immortaliser avec sa caméra dans le feu de l'action.
Qui cherche à oublier ce souvenir ? dit-on. Nous nous inclinons devant la mémoire de Vautier qui vient de nous quitter et de tous ceux qui, au péril de leur vie, ont combattu farouchement l'oppresseur. Certains ont survécu, d'autres y ont laissé leur vie, non sans inscrire leur nom dans le registre de l'histoire. Khelaïfia Rebaï fait partie de cette dernière catégorie. Nous vous présentons un pan de son héroïque parcours.
«Je n'ai jamais vu un tireur d'élite comme ce fellagha», s'adressa le sergent-chef Machevot au receveur de la poste de Canrobert (Oum El Bouaghi), Jean Furia, en pointant du doigt le corps sans vie de Khelaïfia Rebaï, dit Si Rebaï, chef de la zone 4 de la Wilaya I, Aurès-Nememchas, qui venait de tomber au champ d'honneur à Lefdjoudj en ce jour de l'été 1960. Ce même corps sera exposé une seconde fois à la caserne du boulevard du sud de la ville d'Aïn Beida, où une foule nombreuse était venue rendre un dernier hommage à ce valeureux chef dont l'histoire avec la Révolution a commencé dès le début de l'insurrection armée. La zone 4 qui englobait Aïn M'lila (secteur 1), Oum El Bouaghi (secteur 2), Aïn Beida (secteur 3) et Meskiana (secteur 4), découpage effectué à l'issue du Congrès de la Soummam, a connu plusieurs chefs, tous aussi valeureux les uns que les autres, et Si Rebaï en faisait partie. Bien avant 1954, il fréquentait la médersa de Cheikh Lakhdar Boukeffa, à Aïn Beida, une plaque tournante du militantisme national. Recherché, il trouve refuge dans sa tribu implantée à l'est de la ville, au douar R'guiba, relevant à l'époque de la circonscription d'Aïn Beida. Il se fait de plus en plus discret jusqu'au mois de décembre 1954.
«Par une nuit neigeuse et glaciale, il m'a demandé de préparer à manger. Deux hommes, Chérifi Med Salah et Mébarki Larbi, dit Larbi Eddaouria, sont arrivés et ont longuement discuté autour du couscous que j'ai préparé. Mon époux a ensuite enfilé sa kachabia et tous les trois sont sortis. Je n'ai revu mon mari que plusieurs mois plus tard», raconte sa femme, qui, ultérieurement, l'a rejoint au maquis. Ce jour est resté gravé dans sa mémoire car avant de quitter sa demeure en direction du maquis, Ammi Rebaï a dit à sa sœur Khoukha :«Prie le bon Dieu pour que je ne revienne jamais». Son vœu sera exaucé six années plus tard dans une rude bataille qu'il a ménée seul contre tout un contingent de soldats français pour desserrer l'étau sur ses compagnons, tous sortis indemnes de l'encerclement. A cette époque de l'année 1954, toute la région était sous les ordres de Chaâbane Laghrour, frère de Abbas, adjoint de Mostefa
Benboulaïd. Le maquis n'était alors qu'à ses premiers balbutiements et les moudjahidine ne se comptaient que sur les doigts d'une main.
Un militant sincère
Le parcours de Ammi Rebaï dans la Révolution venait de commencer. Ses débuts, il les effectue dans la région de Aâmama, Zorg, Guern H'mar, R'guiba et dans les alentours de la ville d'Aïn Beida où Delfi Brahim, maquisard de la première heure, dirigeait les opérations. Si Rebaï a participé à plusieurs batailles, les premières du genre, dont celle de Guern H'mar où l'armée française y a subi des pertes considérables. Celle de R'guiba est restée gravée dans la mémoire collective quand celui-ci, enfourchant une jument blanche, a semé la terreur dans les rangs de l'ennemi. Son courage et sa bravoure ont naturellement contribué à son ascension dans la hiérarchie de l'ALN. Chef de groupe, il se distingue également par sa magnanimité envers les démunis. Ses compagnons d'armes reconnaissent en lui cette vertu : «Il vole tellement au secours des démunis qu'il a oublié ses propres enfants», témoigne Lamine Beghou, son confident et son homme de confiance de 1958 jusqu'à la date fatidique où cet officier de l'ALN trouve la mort.
Elevé au rang de sous-lieutenant à l'issue du Congrès de la Soummam, il mène plusieurs autres opérations dans le secteur 3 (Aïn Beida) allant parfois jusqu'à tendre des embuscades dans le secteur 4 (Meskiana). Farès Hanafi, Med Tayeb, Bouaziz, Chérifi Med Salah, Larbi Eddaouria sont des combattants ayant accompagné Si Rebaï dans les premières années du combat libérateur. Blessé dans une farouche bataille, il est transféré en Tunisie pour des soins, et malgré les sollicitations, il oppose un refus catégorique d'y rester. Il regagne le pays dès son rétablissement. «Ils ont eu beau essayé de le convaincre d'exfiltrer toute sa famille, il refusa l'offre», raconte encore sa femme en affichant une fierté débordante, notamment quand elle évoque cet épisode. A son retour au pays, au mois de Ramadhan de l'année 1958, Med Fantazi, dit Hoggas, chef du secteur 2 (Oum El Bouaghi), Lakhdar Bouchoucha,
Bekakra Bouzid, Kalli Ammar, Si Khelil, Zidane, Mimisse et Si Maâmar, tombent tous dans la bataille de Taghribt, à quelques encablures de la ferme des Beghou, la plaque tournante de la Révolution dans cette région.

Dans l'enfer des djebels
Une autre histoire commence pour Si Rebaï. Convoqué à Kimmel, le PC des Aurès-Nememchas, il est promu au rang de chef de ce secteur qui, au mois de juin 1957, a connu l'une des plus grandes batailles à Arrar, au sud d'Oum El Bouaghi où une centaine de combattants, victimes d'une dénonciation, est décimée par l'armée française. Toute la localité s'en souvient aujourd'hui et relate l'un des épisodes les plus douloureux quand un bébé du nom de Ferrah, toujours en vie, tétait le sein de sa mère alors que le corps de cette dernière gisait sans vie. Abdelhamid Beghou, Lahcène Djermane, Laouissi, Mohamed Bouglez, Causalota, Boursas H'menna, dit El-Kahira, Bekakra, Lahcène Cidre, Saïd Bennoun, dit Saïd 86, Hadi Mahmoud, dit Mahmoud Kebaïli, Harkati, Boubguira, dit Kablouti, Amar Filali, dit Amar téléphone et bien d'autres maquisards formaient le groupe de Si Rebaï dont l'autorité s'étend de Tamlouka, aujourd'hui relevant de la circonscription de Guelma, jusqu'à Aïn Zitoune, située à la limite de la frontière de Batna. Là aussi, Si Rebaï se distingue par son penchant à en découdre avec l'ennemi et à le harceler sans cesse.
Il installe son PC dans la ferme familiale Beghou, située dans une cuvette où, en cas d'alerte, il est facile de se replier dans les gorges de Chebka. Alors qu'il mène la vie dure à l'ennemi, sa femme et ses enfants sont activement recherchés. Ils ont trouvé refuge à Aïn Beïda, où Mahmoud Remache, habitant le quartier la Zaouïa, a pris le risque de les abriter chez lui où ils y sont restés pendant plusieurs mois. Si Rebaï avait bien naturellement un œil sur la guerre et l'autre sur les membres de sa famille traqués par la police française. «Mon mari a fini par trancher sur la question. Il a enjoint l'ordre de le rejoindre au maquis. Et c'est Boubaker Beghou, un moussebel, qui s'est occupé de la difficile mission de nous y accompagner», raconte la femme de Si Rebaï, aujourd'hui nonagénaire.
Un sacrifice pour rien ?
Deux de ses enfants sont nés au maquis, et souvent elle est envoyée à Aïn Beida où la Zaouia de Cheikh Lakhdar Boukeffa servait de boîte postale. Elle fait la navette entre le maquis et cette ville et, plusieurs fois, elle échappe miraculeusement aux rafles de la police française. Ses deux frères, Tidjani Belkacem et Louardi, tombent au champ d'honneur autant que Khelaïfia Salah et Khelaïfia Medkour, deux neveux de Si Rebaï, montés très jeunes au maquis. C'est dire le lourd tribut payé par cette famille dans le combat pour le recouvrement de l'indépendance. Le chef du secteur 2 de la zone 4 s'acquitte convenablement de sa mission et donne du fil à retordre à l'ennemi.
Il mène d'une main de maître la bataille de Oued Charef pour venger ses compagnons morts dans un pilonnage de l'aviation française. En cette période, Mostefa Merarda, dit Bennoui, assurait le poste de chef intérimaire des Aurès-Nememchas. Lakhdar Labidi, plus connu sous le nom de Hadj Lakhdar, convoqué en Tunisie, Mostefa Merarda l'a remplacé au pied levé jusqu'à la nomination de Ali Souaï à la fin de l'année 1959. La guerre tire à sa fin et l'aura de Si Rebaï grandit de plus en plus. Dans le nouvel organigramme dressé par Ali Souaï, il est nommé chef de la zone 4. Convoqué à Kimmel pour recevoir cette distinction, et à mi-parcours, à Lefdjoudj, à quelques kilomètres de Chemorra, il est encerclé avec son groupe. Contraint de faire diversion pour tromper l'ennemi et desserrer l'étau, Si Rebaï s'accroche avec l'ennemi, alors que ses compagnons battent en retraite.
L'accrochage dure toute l'après-midi et le crépitement des armes s'entend à plusieurs kilomètres à la ronde. Il tient, résiste et permet aux autres combattants de sauver leur peau. Des renforts de l'armée françaises sont dépêchés de Canrobert, Aïn Beïda et Khenchela et, de guerre lasse, l'armée française a dû employer les moyens lourds pour en venir à bout. Le tir d'un half-track a mis fin aux crépitements des armes. Si Rebaï vient de tomber au champ d'honneur, alors que tous ses compagnons sont sortis indemnes de l'encerclement. «Ce n'est que plusieurs mois plus tard que les Beghou, qui ont tenu l'information secrète, ont fini par me mettre au courant», dit sa femme. A la fin de la guerre, la famille de Si Rebaï se retrouve sans toit, errant dans la ville d'Aïn Beida où elle était contrainte de louer une maisonnette chez la famille Chérifi.
Si Rebaï avait eu un sentiment prémonitoire lorsqu'il avait dit un jour à Lamine Beghou : «quand je mourrai, ma femme et mes enfants vont souffrir. Ceux qui me connaissent diront alors que je suis parti les mains propres et la conscience tranquille. J'ai servi mon pays, combattu loyalement sans jamais faillir à ma mission et c'est tout ce que je tire comme satisfaction.»Lamine Beghou raconte Si Rebaï les larmes aux yeux mais, se ressaisit pour lâcher :«Il n'a fait que son devoir, mais son courage restera à jamais gravé dans ma mémoire.»


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