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Crash d'Air Algérie : leur sacrifice force l'admiration des italiens
Des héros bien de chez nous
Publié dans El Watan le 19 - 08 - 2006

Les pilotes italiens ne connaissaient pas le commandant de bord et son assistant de l'Hercule C 130, l'avion-cargo d'Air Algérie (de type Lockheed L-382) qui assurait le vol AH 2208 Alger-Frankfurt (Allemagne), dimanche dernier, et qui s'est écrasé à 18h15 GMT (19h15 heure algérienne) sur la banlieue de Piacenza, au sud de Milan.
Mais le récit de l'accident rapporté par la presse locale leur a fait éprouver une sourde tristesse. Ils se sont sentis tellement proches de leurs deux héroïques confrères, qui parlaient une autre langue, certes, étaient d'une autre culture et d'une autre religion. Pour une fois, les préjugés et les clichés leur ont semblé si dérisoires. Parce que, spontanément, ils se sont sentis si solidaires de leurs compagnons de navigation, piégés par une stupide et cruelle panne technique. Ils ont essayé d'imaginer leur état d'âme, leurs sensations durant ces dix terribles et interminables minutes qui se sont écoulées entre leur prise de conscience de la gravité de l'avarie de l'un des quatre moteurs et le moment fatidique du crash. A quoi ont-ils pensé lorsqu'ils ont réalisé qu'ils ne sortiront pas vivants de ce maudit bolide si puissant et si fragile à la fois, et que leurs instructeurs de vol, du temps de la formation, leur conseillaient de traiter comme un molosse, « avec gentillesse et il sera docile comme un toutou »… A chaque fois, Mohamed et Mohamed avaient espéré, sans doute, sous leur bonne étoile, dans la conscience professionnelle du technicien de Verital à qui on avait demandé de faire un autre miracle, en inspectant en un temps record et qui viole les règles élémentaires de la sécurité aéronautique et entre deux rotations très rapprochées les réacteurs et les autres pièces maîtresses de la carlingue. Les deux pilotes avaient, cependant, une foi inébranlable, et puis comme leurs autres collègues d'Air Algérie qui se trouvent souvent aux commandes d'un vieil appareil rafistolé et dont la durée de vie est poussée à l'extrême, ils ont défié les lois de la sécurité aérienne, pensant avec un sourire en coin aux bonnes prières de la hadja qui les ont maintes fois tirés d'affaire et transformé le prélude d'un accident effleuré en une anecdote incroyable à raconter aux copains lors des night-stop. Mais ce soir-là, après 45 minutes d'un vol sans souci majeur, on imagine le commandant de bord, qui a senti venir quelque chose de lugubre, se tourmenter en pleine solitude. Il n'a pas voulu alarmer tout de suite son copilote. Le commandant a dû vite se résoudre à le mettre au courant de leur situation et ensemble, probablement, ils ont contacté la tour de contrôle de Milan, demandant d'abord à dévier leur route vers Piacenza, pour mettre à l'abri l'appareil du mauvais temps qui secouait violemment la région. Constatant ensuite que l'un des réacteurs perdait rapidement de la puissance, ils ont demandé à procéder à un atterrissage forcé. Mais ils n'eurent jamais le temps d'effectuer cette manœuvre d'urgence qui leur aurait sauvé la vie. Tout juste, le temps fut permis au pilote aux commandes de décider de ne pas s'éjecter lui et son compagnon d'infortune, mais de diriger l'avion vers le seul espace non habité, coincé entre l'autoroute et l'un des quartiers les plus peuplés de la périphérie de Piacenza, effleurant dans cet ultime vol les toits de certains immeubles. Les Italiens se rappellent encore avec colère, seize ans après, comment le pilote d'un avion militaire, un Aermacchi MB 326, avait, le 6 décembre de 1990, abandonné le cockpit de son avion en s'éjectant, laissant l'appareil avarié sans commande aller s'écraser sur une école dans les environs de Bologne (Nord), faisant 12 victimes parmi les élèves et 74 blessés graves. Les deux Mohamed, eux, n'ont pas hésité. Ils avaient juste quelques secondes pour décider de sauver leur vie et celle, peut-être, du technicien de navigation, Mustapha Kaddid, ou d'épargner celle de dizaines d'habitants paisibles qui étaient loin de se douter qu'au-dessus de leur tête quelqu'un, un musulman, décidait de sacrifier sa vie pour épargner la leur. Par ces temps où les Occidentaux croient voir en chaque musulman un kamikaze près à piloter un avion de la mort pour emporter dans son délire des vies innocentes, le geste des trois membres de l'équipage du cargo C130 devrait faire réfléchir tous ces bons penseurs occidentaux, si prompts à nous donner des leçons de morale. Dans son crash, le Hercule C130 s'est littéralement pulvérisé et les secouristes ont mis du temps à reconstituer les corps des deux pilotes. Celui du technicien Mustapha Kaddid n'a été retrouvé qu'après de longues recherches effectuées dans un rayon de quelques dizaines de mètres du lieu de l'accident, dans les environs de la petite localité de Besurica. Les enquêteurs savent que les deux pilotes, l'ancien, 59 ans, Mohamed Tayeb Bederina, et le jeune commandant, 43 ans, Mohamed Abdou, ont eu environ sept minutes entre le moment où ils ont lancé leur signal de détresse à la tour de contrôle de Milan et celui durant lequel il se sont écrasés. Des témoins oculaires ont vu l'appareil effectuer un revirement de 360 degrés, avant de piquer fortement du nez, raser les toits de plusieurs immeubles pour aller s'écraser dans un champ qui se trouve à 150 mètres de la zone habitée. Le pilote a eu également la présence d'esprit de vider le réservoir de son carburant avant de s'écraser pour éviter à l'appareil d'exploser au moment du crash. L'examen de la boîte noire (qui sont deux en réalité et de couleur orange) permettra de reconstituer la phase finale du vol, données qui serviront, avec la conversation dans le cockpit, également enregistrée, à simuler une répétition complète des manœuvres effectuées avant le crash. Seuls ces éléments peuvent orienter vers la nature exacte des causes qui ont produit la perte de puissance de l'un des moteurs alors que le C130 se trouvait à 11 000 m d'altitude. Mais la version donnée par les membres de la délégation algérienne dépêchée à Piacenza par la direction de l'aviation du ministère des Transports et qui évoque la thèse du dommage causé par la foudre à l'un des moteurs de l'avion-cargo dans le ciel du nord de l'Italie pris d'un violent orage, en ce dimanche 13 août, reste à confirmer. Car un autre élément vraiment troublant pourrait diriger l'enquête des experts de l'Agence italienne pour la sécurité des vols (Ansv) sur une autre piste. En effet, une partie du fuselage arrière de l'appareil, le gouvernail directionnel, a été retrouvée en meilleur état que les autres pièces de l'engin et à des centaines de mètres du lieu du drame, ce qui fait croire à une perte structurelle du stabilisateur vertical survenue avant le crash et qui aurait peut-être provoqué la perte de contrôle du C130. Les pilotes savent qu'une carlingue qui perd son gouvernail de direction devient impossible à diriger et ne laisse aucune chance de survie aux pilotes. Il faut toutefois attendre plusieurs jours, nécessaires au décryptage de la boîte noire, pour faire la lumière sur ce drame qui a endeuillé le personnel d'Air Algérie et fait dire au maire de Piacenza, Roberto Reggi, que « seules la compétence et la promptitude de réflexe du pilote » ont évité un désastre certain à sa ville.

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