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Nouveau découpage administratif : Le développement local otage d'enjeux politiciens
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Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2015

La semaine dernière, à partir de Ouargla où il effectuait une visite à l'occasion du la célébration du double anniversaire du 24 Février 1971, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a rebondi sur le prochain découpage administratif, annonçant que cette mesure sera appliquée de manière progressive et selon «les moyens dont dispose le gouvernement».En réponse au mouvement populaire déclenché à In Salah contre l'exploitation du gaz de schiste, le gouvernement cherche à précipiter ce processus en commençant par le Sud.
Cette région ouvrira donc le bal du redécoupage administratif avec l'élévation de 11 daïras au rang de wilayas déléguées (avec des prérogatives plus larges que celles du Grand-Alger), avant de l'élargir aux Hauts-Plateaux et au Nord.
Ainsi, au nom du critère de l'éloignement géographique du chef-lieu de wilaya, Touggourt, In Salah, Djanet et El Ménéa seront les premières localités à être concernées par ce changement administratif.
Un dossier qui fait débat depuis des années et qui était l'un des principaux axes de la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle d'avril 2014. Inscrit également au programme 2015-2019 sur la base des concertations nationales et locales entreprises depuis quelques années (assises régionales et nationales autour de la définition d'un meilleur développement local). Une réflexion avait été, pour rappel, également engagée dans ce sens après les élections législatives de 2012.
Mais le dossier a-t-il été finalement bien mûri pour l'annoncer en grande pompe ? Ce découpage devait en effet être étudié, planifié et préparé sur des bases solides, notamment sur le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) consacré par loi 10-02 du 2 juin 2010 pour une période de 20 ans pour assurer le développement des territoires au-delà des approches sectorielle. Aujourd'hui, tout porte à croire que la question a été réglée de manière hâtive.
«Dans l'urgence», comme nous le dira une source proche du dossier, sans vouloir trop s'étaler sur ce sujet. Nos tentatives d'en savoir un peu plus auprès de la direction de communication du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ont été vaines. Aucune réponse sur la démarche à suivre, ni sur les contours de la vision, si vision il y a.
Absence de vision
Les experts ne manquent pas de le souligner. «Il fallait faire ça dans le cadre d'une vision planifiée et multisectorielle pour avoir l'impact voulu sur tous les plans et non dans l'urgence. Il fallait aussi intégrer la loi-cadre qu'est le SNAT», fera remarquer à ce sujet un économiste ayant travaillé sur les questions territoriales du développement. Un avis partagé par Jugurtha Bellache, enseignant à l'université de Béjaïa. «Le développement local ne se réduit pas à un simple (re)découpage administratif qui est en plus impertinent en ce sens que les espaces délimités administrativement ne correspondent pas toujours à des territoires pertinents susceptibles de porter et de favoriser un processus de développement local.
Une politique de développement local, pour être cohérente et efficace, doit procéder d'une vision globale qui intègre tous les aspects du développement territorial (politico-institutionnel, économique, social et culturel). Elle implique de ce fait non seulement une réorganisation territoriale qui prend en compte les potentialités et les spécificités des territoires à développer, mais aussi et surtout une réelle décentralisation politique et économique et l'impérative réforme de la fiscalité locale pour assurer des ressources pérennes pour les collectivités territoriales». Or, ce n'est pas le cas.
Ces manquements expliquent le recours à ce réaménagement administratif de manière urgente. La peur de voir les tensions sociales se généraliser au Sud a poussé les pouvoirs publics à précipiter un tel changement sans préparer au préalable les moyens nécessaires à sa mise en œuvre efficacement.
Une préparation dont l'importance a été pourtant soulevée à maintes reprises. En juin 2011, l'ancien ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, disait : «Le découpage administratif n'est pas à l'ordre du jour. C'est une question à laquelle il faut réfléchir. Elle nécessite de grandes études et constitue une affaire trop importante pour être réalisée en l'espace de quelques semaines ou quelques mois.» Ces grandes études ont-elles été faites en moins de cinq ans, sachant que les urgences à prendre en charge se sont accumulées tout au long de cette période ? Une autre fois, les calculs politiciens l'ont emporté sur la nécessité de prendre en charge de manière efficiente les volets administratif et socio-économique.«Une réponse partielle à un problème global»
«L'annonce en grande pompe de ce redécoupage administratif, dans ce contexte de crise budgétaire et d'agitation politique et citoyenne, peut être également interprétée comme une volonté du pouvoir politique de calmer la révolte des populations du Sud contre le gaz de schiste et de façon générale comme une manœuvre dilatoire visant à faire diversion sur les vrais enjeux et défis qui appellent des réformes profondes et structurelles», expliquera encore l'enseignant en économie.
Et ce, d'autant que le problème du développement local se pose avec acuité sur l'ensemble du territoire. Mais ce découpage s'avère être aujourd'hui, de l'avis de notre expert, «une réponse partielle et purement administrative à un problème global». Les déficits en termes de services publics et de développement économique sont soulignés un peu partout à travers le pays à des degrés différents. Ce qui pèse sur le côté social.
En effet les inégalités entre les territoires, les zones urbaines et les zones rurales, entre le Sud et le Nord sont criantes. Ce qui n'est pas sans en effet sur les inégalités en termes de développement humain. Les écarts sont importants entre ces régions, que ce soit en termes d'emploi, d'éducation ou de prise en charge sanitaire.
Les différents rapports publics dans ce cadre le montrent clairement. «Les inégalités entre les espaces de programmation territoriale font parfois apparaître des poches de pauvreté profonde», est-il noté dans le rapport du Conseil national économique et social (CNES) sur le développement humain en 2011. Un rapport qui conforte les analyses et les orientations du Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT).
Les limites de la planification territoriale
D'où peut-être cette volonté d'effacer ces dysfonctionnements. Pour M. Bellache, ce redécoupage administratif semble «répondre à une logique de correction et d'atténuation des disparités régionales en matière de développement économique et social et de rattrapage du retard en matière de services publics et de développement observé dans de nombreuses localités retenues dans ce nouveau redécoupage.»
De même qu'il cache des enjeux sécuritaires, selon notre interlocuteur. Et pour cause, la situation à nos frontières et le contexte international marqué par des conflits ont rendu impératif ce redécoupage. Comment ? «A travers le renforcement de la présence de l'Etat» et le rapprochement de l'administration des citoyens. Mais, faudrait-il mettre le paquet dans ce cadre.
Car, au-delà de l'aspect financier et de la faisabilité du projet dans la conjoncture actuelle, le problème c'est comment gérer après ? En d'autres termes, la question de la gouvernance reste posée. C'est là que réside la complexité du dossier. Une étude de l'Institut de la Méditerranée élaborée en 2010 fait ressortir d'ailleurs les limites de la planification territoriale en Algérie. «Les différents Schémas d'aménagement du territoire, Schémas de développement urbain ou rural et autres Schémas directeurs se sont, pour la plupart, révélés peu efficaces», note ladite étude.
Pourquoi ? Longs à élaborer et lourds à mettre en œuvre, selon la même source, ces plans ont été rapidement dépassés par les dynamiques qui étaient à l'œuvre sur les territoires, et en particulier le développement rapide du secteur informel et de l'habitat non réglementaire. Ils se sont également révélés trop rigides pour pouvoir s'adapter aux spécificités des différents territoires et de leurs dynamiques de développement. Ajoutons à cela la défaillance de l'appareil institutionnel et juridique nécessaire à leur mise en œuvre. Attendons pour voir si ces défaillances seront levées.


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